Partant de la philo qu’il faut toujours essayer de rebondir et ne pas accepter de se faire Castexer sans rien dire, notre semaine à Chamonix ayant été annulée comme bien d’autres en raison des restrictions liées au Covid, nous avons décidé de finalement se faire cette semaine quand même, mais à la maison, dans les Pyrénées !! Ni une ni deux, on loue un gîte à Luz-Saint-Sauveur, carrefour idéal pour aller vendanger dans toutes les vallées avoisinantes.
Minute culturelle : Luz est donc en plein pays Toy, petite région au beau milieu des Pyrénées, le terme toï, qui signifie « petit » en gascon, était un sobriquet autrefois utilisé par les gens du piémont pour désigner les habitants des hautes vallées pyrénéennes. Et un petit dicton qui m’a bien fait marrer : « Un Toy noun cragn qué Diou, et péricle e erà lid » qui se traduit par "Un toy ne craint que Dieu, le tonnerre et l'avalanche". On est bien.
Comme le destin (ou la chance, à vous de juger) était avec nous, alors qu’il avait fait sec depuis quelques temps, la semaine d’avant notre départ fût froide et avec quelques livraisons neigeuses, et notamment une conséquente le vendredi, avec pas loin de 50cm par endroits, le miracle, Jean-Michel Dieu de la Neige avec nous.
En ce dimanche, la météo est compliquée, c’est assez bâché, et avec du vent ! Je commence la journée en montant à un rythme de sénateur avec mes amis en raquettes… ça brasse un peu trop pour eux, alors je finis par m’échapper, et parviens au col de la Bonida. Le vent est horrible, et je dois marcher sur la crête pour rejoindre l’entrée d’un des couloirs. C’est la guerre, je m’enfonce jusqu’aux cuisses, mais après une belle bataille, je parviens en haut du couloir, la visibilité n’est pas formidable, mais ça ira. Par contre ça souffle, le dépeautage en mode Mike Horn est sympathique !
La descente du couloir ne fût pas la meilleure expérience de ski de l’hiver : en raison du vent, la neige est plaquée, c’est une espèce de carton de 10cm d’épaisseur rendant toute tentative de virage veine, le tout posé sur de la neige bien dure… et tout ça dans du 40° à peu près. Dé-gueu-lasse, impossible à skier, j’ai beau faire un effort, pas facile d’enchainer les virages !
Pas grave, je décide alors d’aller voir une autre exposition qui devrait être plus favorable du coup : en Nord côté Caoubère (en face, en fait !!). A mi-montée, je fais une pause ravito, et ayant le temps, décide de déchausser… erreur de ma part, je tape un peu fort sur ma fix avec l’autre chaussure, et je pète la petite poignée qui permet de verrouiller ladite fix !! La boulette !! Après un bricolage à la MacGyver aidé de mon piolet, je parviens à pouvoir rechausser… mais la journée est terminée pour moi, arrêt au stand, direction le shop pour réparation.
Un peu refroidi par ce 1er jour compliqué, je repars sur de nouvelles bases, avec une fix réparée (merci le shop Oxygène Montagne de Luz) et surtout, je fais appel aux locaux pour trouver le bon plan : nous voilà donc partis, avec Laurent et Stan, sur une route forestière, bien enneigée et défoncée. Ça passe limite, mais au moins, il n’y aura pas foule. Au vu de ce qu’on a devant nous, le choix des locaux semble le bon :
Après les 1ers zig et zag où ça touche un peu en dessous, on se retrouve vite dans de la poudre légère et froide, et presque sans trace. Il fallait le trouver ce coin, bravo les gars. On monte jusqu’au col de Marraut (2529m), où la vue est aussi belle que le vent est froid, malgré le ciel bleu immaculé.
La descente dans cette neige parfaite est jouissive, impossible de ne pas bien skier dans ces conditions, ça tourne tout seul à Mac12… le revers de la médaille, c’est qu’on se retrouve vite en bas !! Après une pause agapes, retour à la voiture, et pendant que les autres vont se boire un café, je regarde ma montre, il est 15h, j’ai encore du gaz, je décide d’aller voir mes amis raquettistes du côté de la station de Gavarnie, à 30 minutes de caisse.
Arrivé sur place, les amis en question en ont déjà fini et se préparent à rentrer, mais je ne me laisse pas abattre, quitte à être là, je vais quand même faire un tour en cette fin d’après-midi. Je remonte les pistes de la station et me retrouve vite tout en haut, au pic des Tentes (2322m)… au final, je me serai quand même enquillé 1600 de D+ ce jour là !!
Histoire de préserver la machine et ayant déjà en tête l’objectif du lendemain, je décide d’essayer de me la jouer un peu plus cool, je vais aller explorer un couloir bien sympa qu’on m’avait conseillé, et que j’ai pu entrevoir 2 jours plus tôt quand j’étais en face :
Je pars donc tard et remonte en plein soleil la face S-E sous le TS du Caoubère jusqu’à atteindre la crête. La fin de la montée se fera en crampons, avec le fameux couloir en contre-bas à gauche. Je profite d’une plateforme pour faire m'amuser un peu :
Je droppe ensuite dans la couloir exposé plein Nord, et la neige y est encore assez bonne, par contre c’est ultra tracé, on est plus dans la trafolle (voir photo ci-dessus), mais comme la neige est correct, ça descend super bien… et encore une fois, bien qu’ayant plus que pris mon temps, je me retrouve en bas beaucoup trop tôt ! Bah du coup, je repeaute, et m’en vais examiner le cirque au-dessus de moi. Comme on est déjà en milieu d’après-midi, il n’y a plus personne et je visite tranquillement les lieux, je distingue même un petit passage assez esthétique sans aucune trace, et décide d’aller y laisser ma signature. Je me fais un peu ch.. pour monter à côté dans les rochers histoire de ne pas pourrir le petit couloir, mais au moins, ça rend bien sur la photo !
C’est le mercredi, et comme en écho à l’article sur le créneau d’Endron , ce sera une sortie alpi, et engagée parce que j’ai eu beau chercher un peu partout, pas beaucoup d’info sur comment faire ce sommet, surtout en hivernal. Le plan, c’est de remonter depuis le parking de la station des Espécières (Gavarnie-Gèdre) jusqu’au pied du glacier, passer le ressaut glacé en piolet-traction, continuer jusqu’au fond du glacier, monter le 2nd ressaut puis suivre en écharpe la pale au-dessus des barres jusqu’au col des Gabiétous (2935cm) puis suivre la crête à droite jusqu’au sommet, simple !!
Après une grosse heure et demi de peaux, je suis au pied de la 1ère difficulté. Une fois les crabes enfilés, c’est parti dans le raide, ça passe bien, il n’y a qu’au niveau du verrou qu’il y a de la glace vive, mais c’est court. Une fois le glacier traversé, je comprends qu’il me faudra laisser les skis là, le 2ième ressaut ne passera pas à la descente, le reste sera donc du pur alpi. C’est reparti pour les pioches, la traversée au-dessus des barres est vraiment impressionnante, on marche en travers dans un bon 45°, avec des énormes barres en dessous, flippant !
Arrivé au col, je pense avoir gagné la guerre, mais c’est mal connaître la montagne qui réserve parfois quelques surprises : avant de pouvoir remonter facilement sous le sommet, il me faudra d’abord passer une crête qui semble à cet instant infranchissable. C’est du mixte, avec de la neige, de la glace, du rocher, et surtout un sacré gaz de chaque côté. J’ai avec moi 30m de corde et quelques broches, j’essaie de voir comment je pourrais sécuriser le truc, mais je ne vois pas trop comment, alors tant pis, j’y vais en mode escalade free solo. Il y a quelques pas en III je pense, mais ultra expo, des passages à califourchon sur la crête de neige, c’est chaud mais ça finit par passer.
Une fois arrivé en haut, énorme satisfaction, et séance photo, la vue sur le Taillon voisin est sublime, ainsi que sur les canyons ibériques au Sud (la fameuse crête ainsi que le sommet lui-même sont sur la frontière franco-espagnol).
La redescente jusqu’au glacier ne fut pas de tout repos, déjà, il fallait refaire la crête dans l’autre sens, puis après, reprendre l’écharpe au-dessus des barres, mais en descendant cette fois, pas facile, et extrêmement stressant. Heureusement, j’avais 2 super piolets traction, ça aide. Une fois les skis atteints, je glisse sur la glacier jusqu’au 1er ressaut qui passe aussi en ski (en évitant de faire une prise de carres sur la glace bleue !!). Ensuite, c’est retour à la voiture, et énorme kiff.
Avec le soleil et surtout les chaleurs des derniers jours, la neige est sérieusement remontée, et il n’y a plus finalement que dans le frigo de Gavarnie qu’il reste encore de quoi se faire plaisir. Je décide donc d’amener l’ami Bruno qui nous avait rejoint la veille au soir faire un tour sur les sommets au-dessus de la station des Espécières. C’est du Sud, on skiera donc en neige transformée.
Démarrage du parking de la station, et après la partie plate, je décide de ne pas passer par la voie normale, mais par les crêtes, on met donc un coup de volant à droite pour monter en dessous du Pic de Ligades. Le manque de neige nous oblige à un peu de jardinage au début, mais la montée ensuite jusqu’à la crête se fait très bien, et toujours avec un paysage unique en face :
Le parcours sur les crêtes est agréable et facile, ça skie sans problème. Juste au final, on profite d’un petit raidillon pour sortir les crabes, pas vraiment nécessaire mais ça rassure ! Arrivés au Saint-André, on mitraille un peu avant de redescendre par la voie normale, en Sud, en neige transformée assez agréable.
Après avoir avalé nos ‘dwichs à côté du lac de Luhos (bien gelé), il est temps de repeauter pour aller se faire le Pic entre les Ports, que tout le monde a envie d’appeler « la Pyramide » tant la forme de sa face Est y ressemble :
Le sommet est assez rapidement atteint, on profite une fois en haut de la vue exceptionnelle sur tous les sommets environnants et notamment le Gabiétou visité la veille, qui paraît bien difficile d’accès vu d’ici.
A noter, parce que ce n’est quand même pas si courant, qu’au retour, ma caisse passe avec une facilité déconcertante la barre des 444 444 kms !!!
Difficile de venir dans la région sans faire de pèlerinage à Lourdes à la Brèche de Roland, formidable trouée naturelle, large de 40 mètres et profonde de 70 mètres environ, située à 2807m, au fond et au-dessus du cirque de Gavarnie. En ce dernier jour, on retourne donc se garer à la station des Espécières, à force, je suis presque étonné de ne pas avoir une place de parking à mon nom !!! Peter et Bruno m’accompagnent pour cette dernière balade, les prévisions météos ne sont pas optimistes (contrairement au reste de la semaine), ceci explique peut-être pourquoi il n’y a absolument personne en cette matinée sur le site.
La balade commence par la remontée jusqu’au col des Tentes (accessible en voiture l’été) puis la traversée jusqu’au Port de Boucharo ; c’est du dévers, c’est un peu long, mais la neige a décaillé, et ça passe assez bien. S’en suit une autre très longue traversée, en dessous du Taillon, sans quasi gagner d’altitude jusqu’à rejoindre le déversoir du glacier du Taillon, puis un petit raidillon pour atteindre le col des Sarradets, et en prendre plein les yeux :
La dernière partie de la montée est assez rapide, on passe au-dessus du refuge des Sarradets qui après 4 ans de chantier et des travaux perturbés par une avalanche en 2019, ne devrait rouvrir qu’à l’été 2021, (et ça, c’est sans le Covid). On parvient enfin à la brèche, et le vent y est terrible, comme souvent et on comprend pourquoi, le vent s’engouffre naturellement dans cet espace libre. Nous sommes seuls, ce qui constitue en soi un exploit tant ce site est sur-fréquenté, été comme hiver, autant par les français que par les hispaniques.
Désolé pour la longueur de l’article, pour ceux qui sont arrivés jusque-là, mais j’avais assez de matière pour faire un article par jour !!! Alors pas facile de résumer tout ça. Ce qu’on peut dire, c’est que le village de Luz est vraiment un super endroit qui permet d’aller visiter plein de vallées différentes, avec toutes les expos possibles, et toutes les altitudes. Je me suis éclaté en variant à chaque fois les lieux, mes amis raquettistes ont pu aussi profiter partout de super randos, au total, je finis la semaine à quasi 8000 de D+, et un moral au top !
Vive la rando en pays Toy !!
6 Commentaires
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Et un copyright pour le se faire Castexer
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????????????
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