Pour Noël, j'ai tenté d'enrayer le réchauffement.

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Pour Noël, j'ai tenté d'enrayer le réchauffement.

"Un ovni de littérature skientifique" Les inckor. "littérature?" L'hibernation. "Skientifique?" Robert Lepetit. "Un Ovni?" Didier Mature.
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Thoams
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Avant propos

Skipassiens, Skipassiennes...

Il est coutume de dire que ceux qui en parlent le plus sont ceux qui en tâtent le moins. Et bien dans la vraie vie, à défaut d’être sous leurs spatules, la neige est bien sur toutes les lèvres de mes fréquentations… même les plus recommandables.

Malgré la frénésie féerique de Noël, personne n'est dupe sur l'essentiel : fin Décembre, la limite pluie neige flirte souvent avec l’altitude de croisière d’un 747. Trouver un moyen de se détendre devient pour beaucoup de plus en plus obsessionnel. Tout droit sorti du cerveau las d’un skipassien en manque de poudre de fin d'année, ce texte est une fiction purement fictive dont les personnages demeurent évidemment... fictifs. Il est toutefois possible que le réel du virtuel se mélange à une certaine idée du fictionnalisme. Si tel était le cas, certains protagonistes pourraient se retrouver dans cette histoire, mais toute ressemblance serait d’évidence purement fortuite.

Ce disclaimer touchant à sa fin, je vous laisse avec un texte presque sérieux, qui parle de neige, mais pas beaucoup et donc pas que. Un texte fictif qui parle vrai mais pas que. Un texte qui tente d’analyser le pourquoi du comment du  : "mais merde alors ? Elle est où la neige à Noël?"... Mais pas que.

Le Co2 ne fait pas tomber la neige.

Je ne savais pas sous quel angle aborder cette question qui nous brûle toutes et tous. Cette dramatique réalité qui nous pousse chaque jour à porter les skis un peu plus haut, cette conséquence catastrophique qui voit la glisse s’arrêter toujours plus tôt.

Le réchauffement est bien là. C’est un fait établi, il n’y a plus d’alibi. Et même si Gérard (mon voisin) me confiait entre deux merguez que cet été «on s’les gelait à Montalivet» la réalité climatique le rattrape : «si ça continue avec les étés pourris, bientôt y va même falloir qu’on mette un slip de bain» aime t'il rappeler. Il y a deux ans c’était pourtant bien un slip ignifugé qu’il enfilait d’urgence pour protéger son patrimoine des flammes landaises devenues folles.

Gérard a peut-être la mémoire courte et sélective, le fait est qu'il y voit de moins en moins clair dans cette équation climatique. Trop chaud, trop froid, trop d’eau, pas assez de Ricard. Ses repères ont foutu le camps. Et Gégé, c’est un putain de baromètre.

Le sujet climatique est complexe et mérite de s’y attarder. Je n’ai malheureusement pas le temps de me lancer ici-même dans un thèse de doctorat, surtout après avoir bouffé des cacahuètes avec le Gé. Je vais donc livrer un simple témoignage, une petit histoire qui se cantonnera à l’analyse hautement skientifique du réchauffement sur une période spécifique de l’année mais au combien symbolique : Noël.

Oui, l’anniversaire de qui vous savez, le 25 Décembre, la paix dans les tranchées etc etc...

Un constat simple se dresse ces dernières années : il fait chaud à Noël. Ce coup de douceur qui nous les brise. «Noël au balcon, le VTT c’est bon, y fait chaud sous les sapins putain’con» sont autant d’expressions qui reviennent dans la bouche des skipasseurs de Noël.

Quelques observations simples et factuelles permettent à une théorie de doucement naître dans mon esprit cartésien. Cette théorie ne figure pas dans les milliers de pages des rapports du GIEC. Ces rapports font aujourd’hui consensus dans la communauté scientifique : oui, les activités anthropiques ont une responsabilité majeure dans le dérèglement climatique. Il ne manque plus qu’une réelle volonté d’action pour permettre la mise en place d’un cadre propice à enrayer l’irréparable. Car le bordel climatique est là, il a eu lieu, il est actuel. Et pour l’instant on peut dire que tous les grands décideurs s’accordent au moins sur un point : le rapport du GIEC, on le range avec le moltonel.

Loin des yeux, près du cul. GIEC mon amour, à défaut de voir le bout du tunnel, renifle d’abord le début. C’est aussi moche que dégueulasse, je m’en excuse mais parfois, il faut savoir renifler les choses en face. N’oubliez pas, tout ceci n’est que fictif.

Chérie, y'a plus de papier, je viens de finir le rapport du GIEC!

Un président en exercice

Revenons toutefois au propos initial de cet histoire skientifique. La douceur de Noël donc. Quand je pense à Noël et son impact sur notre environnement, notre climat, notre planète, je pense un peu à la frénésie d’achat pour le dernier écran plat ou encore à la joie de ne pas s’appeler Yves et s’envoler vers les Maldives. Mais ces seuls éléments suffisent ils à expliquer ce pic de douceur si régulier à Noël ? Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a quelque chose qu’on oublie, un truc qui est passé à côté des climatologues, même émérites. C’est une sensation diffuse mais profonde. Il faut que je trouve le chaînon manquant.

L'illumination de Noël

La révélation m'atteindra lors d'une visite de courtoisie au siège de l'Association des chiens d’avalanche des secours suisses, l'Achass pour les intimes. C’était le jour de l’anniversaire de Röstix.

Röstix, c’est un chien. Un croisement de Jack Russel terrier et de Teckel, hyper attachant quand il se tait. Avec les gosses, il est mignon, et en avalanche, c’est une machine. Il flaire, il creuse, il aboie, il creuse… On peut dire qu’il en a sauvé des vies. Des vies de gens sympas et des vies d’abrutis. Mais Röstix, c’est comme un DVA, il fait pas la différence. Il sauve tout ce qu’il flaire, sans distinction, il ne juge pas. J’adore les chiens.

Aujourd’hui Röstix a 10 ans, ça commence à taper en âge chien. Alors la section «Jura valaisan» à laquelle son maître est rattaché lui a organisé une petite fête. Fête à laquelle j’assiste donc.

Devant son gâteau de croquettes sans gluten, Röstix bavait. Mais lorsque le président de l’Achass lui alluma les bougies, Röstix n’a pas soufflé. Et on a tous attendu patiemment qu’il s’y mette. Mais rien. Juste le feu, la langue qui pendouille, et cette haleine de Teckel. C’est tout. Pas de babines qui se gonflent, pas de souffle, rien. L’animal a fini par se goinfrer du gâteau plein de cire une fois le feu consumé. Patient le chien.

Ce non-évènement pour le commun des mortels fit toutefois vaciller mon neurone d’intelligence de fin d’année : Ce n'est pas tant Röstix, et sa non-assistance à bougie en danger qui me marque, non, c'est le gros chaudron derrière le chien. Le gros chaudron de vin chaud. 

Je pense à Noël. Je pense à tous ces gens qui achètent des coques de téléphones portables sur le marché de Noël de Mulhouse. Je pense à tous les travailleurs qui sortent du boulot et qui se réunissent dans les nuits froides autour d'une marmite de vin chaud. Je pense aux assureurs, traders, brokers qui ont dû tenter un jour de boire du champagne chaud. Je pense donc à cette période de fin Décembre ou le vin chauffe plus que de raison.

La seule période de l'année où on chauffe le vin. La seule période ou un réchauffement aussi précis qu'une horloge de gare suisse vient nous pourrir la neige. Hasard? Je n'en suis pas si sûr. Au fond de moi, je sens que je caresse une vérité essentielle.

Pour en avoir le cœur net, il me faut consulter le grand tout, le maître, le félin qui sache. 

Non sans une certaine appréhension, je dégaine la boîte qui englobe le monde et implore l'oracle : Chatgpt est sans appel. Il m'annonce qu'en 2019 les allemands ont consommé 40 millions de litres de vin chaud pour les fêtes de Noël. 40 millions... Le voilà l’ingrédient mystère du réchauffement spécial Noël dans nos contrées :

Les dizaines de millions de litres de vin beaucoup trop chaud dont nos foies d'européens raffolent.

Center porc

Alors ma théorie pourra paraître fumeuse à quelques irréductibles, mais mais mais, il faut avouer qu’on peut difficilement contrer l’évidence. Le vin chaud, c’est chaud, et c'est plus chaud que quand il est froid. Et paf, logique. En l’an 24, avec quelques litres de vin tiède par orgie et sans les SUV, ça passait encore niveau chaleur. Les archéologues n’ont jamais retrouvé de romains se plaignant du réchauffement. Je repense soudain à Pompeï... Silence... Non. Ça compte pas. 

Aujourd'hui, avec 40 millions de litres juste chez les allemands, 28 center parcs et la Sandero en voiture de l'année, la donne a changé.

Mais restons concentrés sur le vin chaud. Car d’idée de génie à théorie infaillible, il n’y a qu’un pas. Il me fallait donc étayer et prouver skientifiquement que cette théorie pouvait tenir la route et sait-on jamais, ne pas finir avec le moltonel.

Pour que tout ceci soit crédible, il me manque une chose essentielle. Car bien que n'habitant pas Saint Roustan, aux yeux du monde réel, je ne suis personne. Et si je veux avoir une once de chance que mon idée de vin chaud soit prise au sérieux, il me faudra l'appui d'institutions reconnues pour me légitimer.

La providence étant taquine, c'est au détour d’un four à pizza à l’arrière d’une bagnole que la chance me sourit.

CAP?

La journée de ski cailloux avait été magnifique, et de nouvelles rayures s’étaient invitées dans ma vieille paire de black cows.

Au fond du parking de La Folle, il y a la Twingo break de Jean-Claude. Et à l'arrière de ce véhicule exceptionnel, deux choses attirent le regard : un four à pizza soudé à la carrosserie ainsi qu'un gros autocollant du CAP. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, il s’agit tout simplement du célèbre Club Alpin des Platistes. Une institution, une vraie. JC, c’est le président de la section Alpes du Chnord.

C'est un platiste un brin original. Déjà sa caisse pose l'ambiance, mais ça ne s'arrête pas là. Le bougre a en effet dégoté un canon à neige sur leboncoin, qu'il a racheté une bouchée de pain à feu une pauvre station vosgienne. Il a garé l'engin dans un alpage à 1800m, et dés Novembre il fait tourner le truc à fond. 3 semaines et plusieurs mètres cubes de neige plus tard, il se fabrique un igloo T3 bis tout confort. Elec, wifi, tout y est. Il vit dans son congélo de Décembre à mi-Avril et n'échangerait son mode de vie contre aucun autre sur ce planisphère.

On se connaît pas beaucoup tous les deux, mais on avait bien accroché aux championnats départementaux d’Indre-et Loire de pétanque à boule plate (manifestation gracieusement organisée par l’Amicale des Applatis de la Boule).

Mais revenons à cette fin d'après midi. Il est donc 17h12 en ce samedi 21 Décembre et alors que JC change la bouteille de gaz du four à pizz’, ma théorie ne fait qu’un tour dans sa tête plate :

- «Nous, chez les platistes alpins, on comprend pas vraiment l’idée du réchauffement. Mais ton histoire de vin chaud, c’est tellement logique! Ça me fait le même effet que le jour ou j’ai réalisé que faire tenir une montagne sur un truc en forme de boule était juste une imposture alors que sur du plat, y’a plus de débat.»

- Merci JC, t’es trop réconfortant. T’es sûr pour les ananas?»

Bref, c’est parti de rien, mais c’est ainsi qu’autour d’une pizza sortie de la caisse de Jean-Claude que le CAP s’est décidé à soutenir ma théorie du vin chaud climatique.

Interlude

Me voilà donc rentrant chez moi le cerveau en ébullition, le CAP qui s’intéresse à ma théorie du vin chaud. J’ai le sentiment d’enfin trouver un sens à Noël.

Lorsque je passe ma porte, l’excitation est encore palpable. 

Il faut que je me vide la tête. 

J’allume l’ordi. 

Skipass en page d’accueil. 

Tiens, Beuz est au Tacul et Pikachu a encore tourné un blockbuster hollywoodien vu du ciel. Rien de neuf. Ils skient beaucoup trop ces deux là, ça sent l’emploi fictif à plein nez. 

Un peu plus bas, Jarmek essaie des skis tous neufs sans sontapir... anomalie? Emploi fictif, c'est sûr.

Les tests matos, oh, c'est pas le four à pizza de JC ça?

Allez, ah, la météo de Thomas Blanchard, enfin quelque chose d’intelligent. Fin Décembre, blablabla, anticyclone marqué, hautes pressions blablabla, isotherme 0 à 3500m, blablabla… Bon avec ces conditions de rêves, je fais le tour des skis et après un long débat avec moi-même je choisis enfin la paire que je flagellerai demain.

Il se fait tard et "commenco a sentir la fatiga". Je m’apprête à éteindre l’ordi quand une fenêtre poppers s’ouvre à l’improviste. Gros titre : «Le président américain légèrement blessé lors de son séjour en France». Le genre de formulation inintéressante, racoleuse, primaire qui fait que le monde part en sucette.

Je clique donc immédiatement pour lire :

«C’est lors de la visite de courtoisie du nouveau président américain dans la résidence présidentielle de Courchevel que l’incident s’est produit. Peu après le dîner avec son homologue français, le chef d’état américain est ressorti des toilettes légèrement blessé à l’arrière train. Le secret service, dans une réaction aussi rapide qu’efficace a prodigué les premiers soins au président sans qu’une hospitalisation ne soit nécessaire.

L’enquête s’oriente avant tout vers une erreur humaine. Il semblerait en effet que le président fraîchement élu ait confondu le moltonel présidentiel avec un papier bien plus rugueux que son anatomie ne supporte malheureusement pas.

Les toilettes du château de Courch’ ont dors et déjà été inspectés et toutes les mesures de sécurité ont pu être mises en place. Le papier en question, un épais livre écrit petit, a été retiré. Il a été remplacé par les traditionnels rouleaux de billets de 50 euros que le président américain utilise habituellement lors de ses déplacements sur le vieux continent. Nous remercions l’ensemble de la populations pour les marques d’empathie exprimées...bla bla bla».

Un long silence m'envahit. Je m’arrête là dans ma lecture en me disant qu’heureusement, il reste encore des journalistes consciencieux sur cette planète. Qu'elle soit sphérique ou plate, un constat s'impose : il est grand temps d'aller dormir.

Ou PACAP?

Ma bonne étoile toujours accrochée au dessus de la tête, et surfant sur la réussite de la veille, je profite d'une nouvelle et délicieuse journée de ski cailloux dont seul Décembre a le secret.

Après des descentes éreintantes à faire des étincelles, un évènement anodin viendra sceller l'avenir de ma reconversion skientifique : 

Mon voisin Gérard m’invite pour un ptit bbq/ricard. C'est son côté sud-ouest. À 3 jours de Noël, c’est bel et bien le barbecue qui a la côte. Je profite des pistaches pour lui faire part de ma théorie du vin chaud. L’anis aidant, je vois tout de suite que Gégé s’emballe. Seulement drapé de son pic à merguez, il se lance dans une tirade qui me laisse sans voix :

- «C’est incroyable ce que tu dis. Cette histoire de vin chaud, ça expliquerait pourquoi on se sent si bien à Montalivet fin Décembre. Avec les copains du PACAP (Puristes Aquitain Constamment A Poil) on a remarqué qu’on pouvait facilement faire sauter le T-shirt pendant les fêtes de fin d’année. Ta théorie c’est révolutionnaire, et pas seulement pour la montagne. Faut que j’en parle à la prochaine assemblée du PACAP. T’as besoin de quoi pour avancer ?

- Merci Gégé. Ben commence par me resservir un verre, mais laisse un peu de la place pour l’eau ce coup-ci ste plaît.»

Morphée

Je passerai sous silence le reste de cette soirée d'une poésie toute relative. C'est toutefois avec le sentiment du devoir accompli que je rentre chez moi ce soir là. CAP et PACAP motivés pour consacrer des moyens à l'étude de l'impact du vin chaud sur le réchauffement climatique à Noël. C'est pas rien. Le truc sonne comme une publication du CNRS, pas peu fier.
Je me permets donc d'ouvrir une petite papillote pour fêter ce succès. Noir majeur, les meilleures. Le chocolat est délicieux, et la citation résonne au plus profond de mon être :


On ne fait jamais attention à ce qui a été fait ; on ne voit que ce qui reste à faire.

Marie Curie

Merci Marie, on se comprend. J'imagine que là-haut, tu dois être fière des gens comme moi qui tentent de faire avancer la skience. Mais tu as raison, découvrir le pot aux roses du réchauffement climatique de Noël est une chose, pouvoir l'enrayer en est une autre. Nul n'est dupe, le chemin sera long, la bataille s'annonce ardue.
Tout ceci n'est finalement que le début d'une aventure et les questions commencent à fuser : 

Le lobby du vin chaud sera t'il heureux d'une telle publicité? 

Les allemands et leurs 40 millions de litres seront ils prêts à remplacer ce doux breuvage par de la bière de Noël bien fraîche?

Les réponses viendront en temps voulu, mais il faut agir vite. Car à force de trop laisser le vin chauffer, nous n'allons bientôt plus pouvoir skier. Il y a urgence et l'occasion de s'y mettre devient trop belle. Voici venu l'heure de clore ce chapitre, l'heure de débrancher la marmite, l'heure de citer Johnny car comme il le disait :

Si on n'avait pas perdu une heure et quart, on serait là depuis une heure et quart.

J-P Smet

Thoams
Texte, Photos Thoams
Tout a une fin, la saucisse en a deux

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