Quel dommage d'avoir un automne si sec ! On ne peut même pas faire des jolies goulottes dans les écrins... On se rappelle les conditions des années précédentes avec déjà de la glace sympa dans les goulottes, mais là il faut se contenter de peu.
L'alpi c'est sympa, mais après les immenses approches de nuit, il faut faire des retours encore plus grands, et de jour, ce qui forcément apparaît encore plus long.
C'est ici qu'intervient cette superbe idée : redescendre en parapente ! Le matos actuel est suffisamment léger et compact pour être emporté en plus du matériel conventionnel sans représenter une trop grande gêne. Pour moi, j'étais en Run and Fly 14m2 (900g) et sellette string 3.0 (300g avec mousquetons), et Quentin était en Ultralight 4 (2kg et quelques).
Avec un peu d'expérience, on peut aussi alléger son sac au plus minimiser le poids total et ne pas être ralenti par la voile.
On a opté pour l'arête Ouest de la tête des Fétoules, itinéraire de difficulté modérée (D) mais de belle ampleur. Il nécessite d'être rapide dans les manips et une bonne lecture d'itinéraire pour respecter les 6h de course, sous peine d'exploser l'horaire. Le choix du matériel est important, pour être léger mais avoir suffisamment de matériel pour pouvoir progresser en corde tendue le plus possible.
Enfin, la redescente commence par une course d'arête mixte et glaciaire, et nécessite donc le matériel de sécurité sur glacier et le matériel personnel de glace.
Par plaisir, on a choisi de dormir au refuge qui est très sympa et confort, c'est toujours un plaisir de dormir en montagne ! Mais pour être légers, on a pris le minimum de matériel, juste la nourriture, pas de duvet et pas de réchaud, ce qui se fait très bien à cette période.
Après une bonne nuit assez longue, réveil à 2h30 pour un départ à 3h, et une longue approche de nuit à la frontale.
A l'attaque il fait toujours nuit, et trouver son chemin n'est pas aisé au début avant le dièdre de 60m. La grimpe, elle ne gêne pas trop. Un peu de neige parfois gêne la grimpe.
Le jour se lève au niveau du dièdre de 60m, et on voit mieux le cheminement et on peut accélérer la grimpe.
L'arrivée aux gendarmes nous fait comprendre la longueur de l'itinéraire. Il y a de nombreuses montées et descentes, desecalades pas faciles, contournements de gendarmes en versant froid.
Plus on monte, plus la neige est présente, glissante, mouillée. Elle nous ralentit, et nous oblige à certains détours plus compliqués et qui nous ralentissent.
La longueur finale pour le sommet devient même un goulotte. Heureusement que nous avons crampons et un piolet chacun. La course prend un caractère total, mélangeant rocher et mixte, c'est grisant mais ça nous ralentit beaucoup.
La suite : une descente d'arête en mixte pour rejoindre le glacier. Le glacier est bien bouché (sauf la rimaye qui a un pont de neige pas très épais, on est passés en rampant à plat ventre !). On prépare la zone d'envol, vérifie que la voile est bien prête, et c'est parti !
Aucun vol au déco (limite petit cul), mais en l'air immédiatement il y a un bon vent de face qui me fait prendre un gros ascenseur ! En RF 14, le vol est assez mouvementé car il y a pas mal de vent (15 en moyenne environ) et la voile est très sensible aux rafales. Enlever les crampons n'est pas aisé avec tout ce remue ménage.
Pour l’atterrissage, notre reconnaissance avait dégagé plusieurs possibilités. Quentin choisit le pierrier au dessus, je me prépare pour la route bien dégagée. Mais à l'arrivée, deux voitures descendent de la Bérarde... Je me rabats sur le pierrier en urgence, et j’atterris un peu en cratère, le vent ayant tourné à 30m du sol !
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