Mission 3000s ou comment enchainer 7 sommets majeurs dans la même journée

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Mission 3000s ou comment enchainer 7 sommets majeurs dans la même journée

Combo rando/trail/escalade dans le Luchonnais (Pyrénées)
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NobruDude
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Série en cours

Je suis tombé un jour sur une liste des sommets Pyrénéens majeurs de plus de 3000m (liste des « 3 000 » officiels UIAA (Union Internationale des Associations d'Alpinisme), et pour aucune raison, me suis dit que ce serait chouette d’essayer de les faire tous, en tout cas tous ceux qui sont en France (d’ailleurs pas mal sont sur la frontière et sont considérés comme à la fois en France et en Espagne). Cette liste compte en tout 71 sommets, ce n’est pas rien ! Alors bien sûr, cet objectif n’a pas vraiment de raison d’être, je suis loin d’être le 1er à y avoir pensé, et j’entends déjà certains se demander à quoi ça sert ? Ben à rien, mais ça me donne un petit fil rouge, et m‘oblige aussi surtout à toujours aller découvrir de nouveaux endroits. Donc finalement l’idée n’est pas si con !

En général, les 3000s ne sont pas facilement accessibles dans les Pyrénées, sinon ce ne serait pas marrant ! A part certains, il faut en général batailler, que ce soit en dénivelé, en exposition ou en difficulté d’accès. Ce n’est pas offert, d’où aussi l’intérêt !

Les objectifs du jour

Une fois qu’on a dit ça, quand on s’aperçoit en naviguant un peu sur le Net, qu’on peut arriver à enchainer plusieurs de ces sommets, et tout ça dans la même journée, ça semble le début d’une bonne idée ! Et pour trouver plusieurs 3000s rapprochés, un lieu idéal, c’est le Luchonnais : la frontière avec l’Espagne est une longue suite de sommets, plus ou moins difficiles (voir la photo ci-dessus prise ce Printemps).

Donc dans le Luchonnais ce sera, et au départ du Pont de Prat, une centrale hydro-électrique située à 1226m d’altitude, c’est là que je dormirai dans ma voiture, pour pouvoir être en action très tôt. Ensuite, ce sera plein sud vers le Port de Gias, le col frontière qui sera mon carrefour vers, dans l’ordre : les Gourgs Blancs (3129m), le Jean Arlaud (3065m), les 3 Pics des Clarabides (3020m pour le plus haut), le Camboué (3043m) et le Saint Saud (3003m).

Sur le papier, ça semble être enchaînable, il faudra partir tôt et ne pas trop traîner en chemin, sans courir quand même à la montée pour garder du peps pour les parties d’escalade qui, bien que pas trop difficiles, sont toutes assez exposées, il faudra rester concentré !

Illustré sur une carte en pseudo 3D, ça donne ça :

C’est parti…

Je me réveille « à la fraiche » à 4h du mat, et je commence à marcher à 4h30, non seulement il fait nuit noire, mais le brouillard est très épais, je n’y vois que dalle ! En plus, toute la végétation est trempée. Un petit renard perplexe me regarde partir du parking sans même être effrayé ! Je remonte les longues gorges de Clarabide, c’est magnifique et il y a pas mal de gaz à côté du (très bon) sentier, mais ça, je ne le réaliserai qu’au retour, là, j’avance avec un mètre de visi !! Après plus de 2h de navigation à vue (ou plutôt « non vue », heureusement que j’avais une trace GPS !), la lumière du jour commence à poindre et quasi au même moment, je m’extirpe au-dessus du nuage, enfin j’aperçois un peu ce qu’il y a autour de moi ! Quelques dizaines de minutes plus tard, je suis totalement sorti de la brume, et je peux enfin me retourner pour voir le 1er lac de la journée, le lac de Pouchergues :

Un bon gros raidillon plus tard, je passe la « marche » suivante, et quasi au niveau du lac de Clarabide, je regarde à nouveau le chemin déjà accompli :

Le dernier pierrier franchi, j’arrive enfin au point stratégique de la journée, le Port de Gias, col frontalier à 2927m par lequel je vais repasser 3 fois dans la journée. J’ai les doigts gelés, il fait très froid, mais je suis content car à peu près dans le timing que je m’étais fixé pour cet « échauffement » de 1700D+, et sans m’être trop cramé en vue des escalades à venir.

Faut toucher le caillou

Après avoir récupéré mes doigts, mis les gants provisoirement et englouti une barre de céréales, je pars en légère ascension sur le flanc ibérique (Sud) de la crête des Gourgs Blancs. Le cheminement, bien qu’assez expo, est assez évident, et quelques cairns ici ou là permettent de se rassurer. Au détour d’un gros rocher, je tombe nez à nez avec un couple de lagopèdes, moment magique et rare. Le temps qu’ils réalisent, il s’envolent avant même que j’ai dégainé mon portable. Le souvenir restera, dans la tête.

Sur la fin de l’ascension, ça se corse, j’enlève les gants car on est sur du II+ expo, les prises sont bonnes, mais faut pas les lâcher… en plus, je me fourvoie un peu et monte direct sous le sommet, pas grave, ça passe, mais c’était plus facile un peu plus loin. J’arrive alors au 1er sommet de la journée, et aussi le plus haut : le Pic des Gourgs Blancs, et sa plaque en marbre (brisée) en hommage à Jean Arlaud, célèbre pionnier du pyrénéisme, qui s’y tua le 24 Juillet 1938, à l’âge de 42ans.

Une fois bien imprégné du panorama XXL malgré les nuages qui filent avec le vent, il ne me faut pas trainer et je pars rapidement en désescalade vers la brèche entre les 2 pics. Non sans avoir admiré en contrebas côté français un groupe d’une trentaine d’isards. Ça descend facile, faut juste faire un peu attention, le caillou n’est pas vraiment stable. Arrivé au pied du Pic Jean Arlaud, la montée commence par un petit dièdre en II+ dans une belle ambiance. C’est super… ce qui l’est moins, c’est qu’au lieu de partir à droite versant sud espagnol, pour je ne sais quelle raison, je m’oriente plutôt en face nord. Et là, ça se complique carrément. J’en suis même à me demander si je ne dois pas renoncer. C’est chaud… je continue quand même, on est sur du III/III+, je ne suis évidemment pas assuré, et y’a pas mal de gaz dessous !! Le rocher est bon, mais c’est clair que ça ne passera pas à la descente (quand on croise une relais une fois arrivé en haut, c’est pas bon signe !!), tant pis je continue quand même et parviens au 2ième sommet de la journée, le Pic Jean Arlaud :

Une fois les quelques nécessaires photos prises, je commence à penser à la désescalade à venir, et après une analyse « à 360° », je vois immédiatement qu’il y a des cairns côté ibériques ! Ouf, y’avait un passage, et si je l’ai raté à la montée, au moins je le prends pour redescendre, et c’est une p… de bonne nouvelle.

Suite de la récolte

Après être revenu sans embuche au port de Gias, je croise enfin les premiers êtres humains de la journée, un groupe d’espagnols qui vient du refuge d’Estos, idéalement situé à environ 1900m d’altitude au Sud. Pas le temps de trop m’exercer à la langue de Cervantes, je repars, sur un sentier facile, vers les 3 pics des Clarabides. Je ne fais que passer au 1er et m’arrête au 2nd pour admirer un peu autour de moi :

On peut voir de ce promontoire tous les sommets de la journée, je les ai nommés pour y comprendre quelque chose :

Très facilement, je redescends et remonte au plus haut des 3 pics, qui culmine à 3020m. Le temps commence à s’éclaircir un peu, mais il y a beaucoup de vent. Les nuages passent et repassent, il faut saisir le bon moment pour faire les photos :

Redescendu au port de Gias pour la 3ième et dernière fois, je remonte en face sur toujours un pierrier mais cette fois assez bon (comprendre « les pierres ne bougent pas trop… ou pas toutes » !!). Assez rapidement, je me retrouve sur l’avant dernier des sommets, le Pic Camboué. Là, le vent est vraiment terrible et je redouble de vigilance pour ne pas tomber. On peut admirer la face Nord des Gourgs Blancs derrière le cairn sommital, assez escarpée (sur la droite, les pointes secondaires d’Armangaud et Rocheblave) :

La suite qui paraissait simple pour pousser jusqu’au Saint Saud, le dernier de la journée, n’est pas aussi facile que prévu, c’est en fait une belle arête bien effilée :

J’essaie de m’avancer le plus possible sur cette arête, mais c’est vraiment expo, et les rafales de vent sont de pire en pire, et en travers. Vraiment pas idéal pour se balader sur une crête si effilée ! Je décide finalement de passer par-dessous (au niveau du névé) et de remonter, c’est moins « joli » mais guère plus long, et surtout bien plus secure !

Une fois le dernier sommet, la Saint Saud, atteint, et bien il faut se taper toute la descente jusqu’à la voiture : le début est une désescalade pas très confortable tant le caillou n’est pas stable, mais une fois franchi le col de Pouchergues, non seulement le ciel se dégage de plus en plus, mais on est un peu à l’abri du vent, et on récupère assez vite des sentes un plus normales, fini le hors-piste ! On passe à côté de plusieurs lacs, les Isclots, ou la Caillouas, c’est assez sympa, surtout avec le soleil !

Après avoir profité du décors (grandiose) des gorges de Clarabide, j’arrive à la voiture juste avant 16h. Ça fait 11h30 pour la sortie, une sacrée bambée, quoi !! Une fois revenue à la maison, j’ai sorti la calculatrice, et ça fait un total de l’ordre de 2600D+ et 29 bornes, de quoi avoir un peu mal aux pattes, mais néanmoins super content d’avoir réalisé cet enchainement.

Tecnica Magma S GTX MS

Pour cette petite escapade dans les 3000s, j’avais choisi de mettre à l’épreuve les pompes de rando/trail de chez Tecnica reçues en TP cet été. En effet, quoi de mieux pour bien tester ces grolles que ce long parcours, assez varié, et avec pas mal de difficultés. Si je devais donner un retour en un mot, je dirais « le confort ». Ces pompes sont incroyables ! Moi qui ai souvent des ampoules, là, je peux donc passer plus de 11h à crapahuter sans aucun souci, des vrais chaussons. Après, le shape de la semelle en Vibram et ses crampons soit disant calqués sur les pneus de VTT enduros sont super efficaces, ça ne dérape quasi jamais, et je n’ai pas fini une seule fois sur le c… durant toute la journée. Dans les pierriers, on saute de cailloux en cailloux sans crainte, c’est vraiment agréable. L’accroche est très bonne.

Je vous engage à aller faire un tour sur le retour que j’en ai fait sur Outzer, c’est par là !

Au final, c’est vraiment des supers pompes, parfaites pour ce genre d’exercice, à savoir de la rando rapide sur des terrains compliqués/techniques. Elles sont très polyvalentes en fait. On peut aussi les utiliser comme des pompes de trail bien sûr, mais les puristes les trouveront surement trop lourdes et manquant légèrement d’amorti.

Et je ne pouvais terminer cet article sans rendre hommage à Jean Arlaud, un des précurseurs à voyager sur ces sommets :

Venez avec moi [en montagne… et si après, vous voudrez y retourner] je serai plus heureux que si j’avais fait une première…

NobruDude
Texte, Photos NobruDude
Enjoy the ride...

6 Commentaires

yrlab A faire par grand beau temps mais quelle mission solo pour cette moisson! Congrats!
 

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Da goggle Raaa...ça j'aime bien : T'es tout seul ou quasi, grand tour, sauvage, idée stupide...nickel
 

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