Cela faisait des années que je louchais dessus. Des années que j'espérais être présent lorsque les conditions se réuniraient pour me permettre de le skier.
Le couloir Est du Moucherotte (que l'on pourrait aussi appeler le Sud des 3 Pucelles) faisait partie de ces pentes que je voulais pouvoir skier un jour, pas tant pour ça difficulté technique (S4 E1) que pour sa situation. Il surplombe Grenoble, ligne évidente et plutôt esthétique mais si rarement en condition.
Or, les chutes de neiges abondantes en basse altitude de la semaine dernière suivies d'une journée calme ce samedi ont permit de stabiliser un manteau juste suffisant pour se gaver sans trop s'exposer dans le Vercors.
En ce dimanche 12 décembre, je suis parti au petit matin pour le tenter. Tous les éléments semblaient s'être réunis pour que je puisse le valider. Une nuit froide, de la neige en quantité et un superbe levé de soleil.
L'ascension dans le couloir s'est assez vite révélée sportive, l'espace restreint et la fraicheur de la neige rendant vite problématique la montée skis au pieds, je ne voulais pas non plus saccager tout le couloir en passant. Après avoir déchaussé, je me suis vite aperçu qu'aucune sous-couche n'avait eu le temps de se former, le manteau était stable cependant.
Dans la fraîche jusqu'à la taille, il m'a fallu deux bonnes heures pour atteindre l'embranchement depuis lequel je pouvais rejoindre le point de départ de la traversée des pucelles. Cependant, toute la zone était passée au soleil et commençait à se purger. J'ai donc choisi de sortir du couloir par la gauche pour aller passer en configuration descente sous les blocs rocheux face au sud. De ce fait je ne peux pas prétendre avoir passé tout le couloir mais qu'importe.
Pour la descente, beaucoup moins de soucis en revanche. la neige était parfaite et suffisamment abondante pour me préserver de la plupart des gros blocs rocheux qui parsèment le terrain en été… la plupart. A plusieurs reprises, j'ai heurté des sharks mais sans grandes conséquences.
Aucune plaque ne s'est décrochée à mon passage. Attention cependant, cela ne veut pas dire qu'aucune ne se décrochera par la suite.
En bas du couloir, il faut bien choisir ses zones de virage, le pierrier n'est jamais loin. Mes carres peuvent en témoigner. Pour ce qui est du retour par la forêt, rien à signaler. La neige y est bien tassée et cela ne touche jamais.
J'ai été très satisfait de cocher cette course que je gardais malgré tout dans un coin de ma tête depuis pas mal de temps. Je pense que le fait de ne voir absolument aucune trace de passage dans le Couloir à largement renforcé cette satisfaction.
Il doit déjà être possible de franchir le couloir dans on intégralité (comprendre depuis le sommet du Moucherotte) mais peut être vaut-il mieux attendre encore quelques temps que le manteau se stabilise. Il n'est pas aberrant de prévoir pour cela un brin de rappel, dans le cas ou les quelques barres du haut du couloir seraient bien dénudées.
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