Une particularité des jours de fermeture, dans les Pyrénées comme ailleurs, c’est qu’ils sont décidés bien à l’avance, en général à l’automne. Et bien sûr, les modèles météo, bien que de plus en plus performants, ne sont pas capable de prévoir le temps qu’il fera le jour J environ 6 mois plus tard ! La date ayant été donc fixée au 18 Avril cette saison pour la station de Piau-Engaly, il fallait donc croiser les doigts et surtout espérer avoir un peu de chance.
Et à quelques jours de l’échéance, cela ne paraissait pas bien embarqué… le WE de Pâques était prévu beau jusqu’au dimanche, mais après, ça se compliquait rapidement. Pas super pour cette fermeture prévue ce lundi férié. Comme on voulait y croire néanmoins, il a fallu aller consulter les modèles les plus précis, à 36 heures, et là, on a vu le début d’un commencement d’une éventuelle éclaircie. C’est le cas de le dire ! Et quand au petit matin, adossé à notre 1er télésiège de la journée, on constate qu’on est au-dessus de la mer de nuage (voir aussi photo de header), on se dit qu’on a eu raison de forcer un peu le destin :
Le dicton ci-dessous, bien connu, n’a jamais aussi bien été vérifié : il fera grand bleu sans aucun nuage et quasi sans vent toute la journée. D’excellentes conditions donc pour clôturer une excellente saison.
Pour ceux qui ne connaissent pas Piau, c’est la station la plus haute des Pyrénées françaises, elle est situé tout au fond de la vallée d’Aure. En gros, pas loin de pile poil au milieu de la chaine. On est alors très très proche de la frontière avec nos amis ibériques. C’est un petit cirque orienté plein nord qui monte jusqu’à quasi 2500m, la station elle-même étant à un peu plus de 1800m. Cette exposition garantit un très bon enneigement, et les connaisseurs de freeride, dont je fais partie, vous diront que malgré la taille plus que modeste du domaine, les possibilités pour « sortir » sont très nombreuses.
Un petit paradis en quelque sorte, avec en plus assez de pente pour pouvoir s’amuser quand on aime le « penché » ! Et en ce jour de mi-avril, vue d’en-haut, voilà à quoi ça ressemble, il faut un peu faire abstraction d’un nouvel épisode sableux (voir aussi plus loin) qui pourrit un peu le tableau :
Depuis plusieurs années, j’ai toujours aimé faire les jours de fermeture. Il règne toujours une ambiance spéciale, à la fois au niveau de la « clientèle » (nous les skieurs, quoi !), et aussi au niveau des professionnels qui voient les vacances arriver. Tout le monde est un peu plus relax, et comme en plus la météo était de la partie, les terrasses des bars témoignaient aussi de cette ambiance :
Il suffit d’aller voir les photos postées sur le forum « [Pyrénées] En direct de là-haut… », ça ne buvait pas que du café en fin d’après-midi !!
D’ailleurs en parlant d’atmosphère spéciale pour cette clôture de saison, certains avaient poussé le concept encore plus loin, et donnaient un petit côté festif, on espère juste qu’ils seront restés debout, parce que la neige, ça brûle !!
Une caractéristique de la période, c’est qu’on n’a rarement de la neige froide sous les spatules. On parle de neige de printemps, et pour apprivoiser cette dernière, il faut être un minimum malin… et équipé ! On commence en général, toutes expositions confondues, par de la neige béton qui a ressaisi à la faveur du gel de la nuit. Là, il n’y a pas de question à se poser, on prend les lattes de slalom et on se pète les genoux en carvant à Mach12. Pas la peine d’essayer de sortir des pistes, c’est forcément moisi.
Après s’être bien explosé les cuissots, en fonction de l’orientation des pentes, et surtout de la position du soleil, la neige décaille vite, et on peut alors commencer à envisager de sortir. Il faudra quand même éviter les plaques d’herbes et/ou de terre propres à la période :
Il y a du bon ski à faire, bien sûr il a fallu faire un « passage au stand » et remplacer, non pas les pneumatiques, mais les lattes : après les slalom à 68mm au patin, on passe aux ZAG Slap à 112 ! Les courbes ne sont plus les mêmes, mais ce que certains appellent la soupe se skie alors très bien. C’est même agréable.
Encore une fois, cette journée de fermeture aura donc été géniale : un super temps, une bonne ambiance, de la neige… parfait !
A un moment donné (certains, de culture rugbystique, diraient « a’mendonné »), il faut bien que ça se termine. Et c’est donc avec une petite pointe de nostalgie que nous regagnons le parking. Bon, ça va, on va pas chialer quand même, la saison est loin d’être finie, il reste encore du bon ski à faire en station dans les Alpes et puis bien sûr, on va continuer en ski de rando aussi longtemps que possible (ou que nos épaules supporteront le portage de plus en plus long) !
Arrivés au P1, avant de déchausser, on se retourne donc et on jette un dernier coup d’œil à la vallée du Badet, c’est magnifique. On part, mais quand on voit ça, on sait qu’on sera très vite de retour, au pire en Novembre pour ce qui est des télésièges :
On pouvait s’en douter suite à une saison et demi d’abstinence pour les skieurs de station, cette saison 21/22 fût excellente pour les professionnels : que ce soit la station elle-même, l'ESF ou les bars et magasins locaux, tout le monde a très bien travaillé. C’est une très bonne nouvelle car tous ces gens là en avaient besoin. Et ça fait plaisir.
Le contexte météorologique de cette année a aussi bien aidé : après des chutes significatives en début de saison, il a fait beau et sec pendant un bon moment. Conditions pas formidables pour les barbus, mais quasi parfaites pour ceux qui montent en station en famille ou uniquement pendant les vacances. Tout ça réuni, de même qu’une furieuse envie de neige pour ceux qui n’avaient pu y gouter l’année précédente, ont donc contribué à une très très bonne saison : sur un total de 136 jours d’exploitation (d’une ouverture le 4 Décembre à cette fermeture du 18 Avril donc), la station totalise un chiffre de 211 768 journées-skis (chiffres de la SEML) . Un très bon chiffre que l’on retrouve aussi pour d’autres stations de la chaine, avec, par exemple Peyragudes, qui, malgré une fermeture très en avance (27 Mars), a pulvérisé son record de 380 000 journées-skis pour finir à 415 001 !!
Le cumul de neige cette saison à Piau aura été de 7m07 jusqu’à la fermeture (je précise parce que, comme dit ci-dessous, il en est retombé pas mal après !). Je laisserai les spécialistes commenter ce chiffre, mais je pense qu’il est significatif, et en tout cas au-dessus de la moyenne de 628cm sur les dernières années. Je pense que pas mal de stations, y compris alpines, aimeraient bien enregistrer de tels chiffres.
On peut tout de même regretter, un peu, qu’il n’y ait pas une certaine flexibilité pour ces jours de fermeture car on voit, comme cette année, qu’il peut encore y avoir des bonnes chutes de neige, et que la saison pourrait se poursuivre un peu. En effet, cette semaine qui a suivi la fermeture du 18 Avril cette année, il est tombé plus de 50cm (à 2000m). Ceci aurait permis de satisfaire pas mal de skieurs non encore rassasiés. Les skieurs de rando, eux, en bénéficieront de toute façon, et ça promet d’ailleurs une belle fin de saison de peaux quand on voit le Soum des Salettes, le port de Campbieil, Lenquo de Capo sur la photo ci-dessous, show must go on !!
Un dernier clin d’œil enfin, à chaque fois que je redescends de Piau, juste après avoir passé le bas du TS du Hourc, soit à 1400m environ, j’aime jeter un dernier regard à droite, au Sud-Ouest : au printemps, le contraste des couleurs est toujours saisissant avec une vue imprenable sur le Pic de la Géla (2851m) à droite, et plus à gauche au 2nd plan, les 3000 du cirque de Troumouse avec surtout ici le Pic Heid (3022m).
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