Après avoir passé mon hiver 2024 au Quebec, je m'envolais donc le printemps venu, vers l'ouest du pays pour réaliser un rêve de plus; skier les plus beaux couloirs des Rocheuses Canadiennes, de Canmore à Jasper en passant par Lake Louise.
Des lignes que je spotais depuis ma plus tendre jeunesse déjà, sur les livres de géographie (et oui j'était pas studieux mais rêveur), les bouquins de voyage et les images clichées du Moraine Lake. La ligne blanche en fond de photo de plusieurs centaines de mètres et 50 degrés de pente enneigée même en plein été m'avait directement tapée dans l'oeil au premier regard.
Comment vous dire que je n'aurais jamais imaginé un jour, avoir la chance de pouvoir me rendre là-bas avec tout mon matos et des amis pour me suivre dans mes délires.
Mais finalement après des mois de pour-parler et quelques galères, je bloquais finalement les dates avec un ami de Haute Savoie, Valentin, pour me rendre là bas pendant un mois. Sa cousine Morgane serait également du voyage, et nous décidions que celui-ci se ferait en camping-car, pour pimenter un peut l’histoire. Et oui parce-qu'à trois personne dans un 10m2 pour ces genres de trip, parfois sans douche pendant plusieurs jours, autant vous dire que l'aventure à été poussée à son paroxysme...
Le 16 avril 2024, je décollais tout exciter, mais le coeur serré de quitter le Quebec, vers ce projet fou en direction de Calgary et des plus belles montagnes du Canada.
À peine atterrie à Calgary, je m'en vais récupérer le van de location Canada Dream, réserver quelques mois auparavant.
Petite précision sur la location de véhicule au Canada ou en Amérique, il est nécessaire de se renseigner sur les conditions de réservation de votre véhicule et notamment s'il est nécessaire de possédé une carte de crédit (type visa) et non carte de débit classique européenne. Il est parfois possible que l'on vous refuse la location du véhicule à cause de votre incapacité à laisser une caution avec votre carte de débit. De plus, il est nécessaire de réserver plusieurs mois à l'avance si vous voulez être sûr de trouver un véhicule qui convient à vos attentes.
Je prends alors la route au volant de ma maison roulante, comme un enfant direction Canmore à l'entrée des rocheuses où je retrouve Val et Morgane. Arrivés tous les deux la veille, ils étaient déjà partis se mettre une mission depuis leur auberge au petit matin, pour rider une pente qui surplombe la ville.
Je les ramasse donc sur un parking en milieu d'après-midi, le temps de faire juste quelques courses et zaille... Nous voilà déjà partis pour la vallée de KANANASKI au dessus de Canmore pour quelques jours perdu en pleine nature dans les grands espaces sauvage.
( Il faut savoir que cette vallée nécessite des autorisations spéciales que nous avons put réserver sur le site internet du Parc Kananaski. Néanmoins, il est interdit d'y dormir durant l'hiver. Nous avons donc enfreins les règle comme de bons Français que nous sommes et croiser les doigts pour ne pas nous ramasser de ticket ou nous faire virer de la vallée durant les 4 jours que nous devions y séjourner.)
Nous partons sur une route carrossable en terre semi-enneigée pour environ deux heures de route pour se rendre jusqu'au niveau de notre premier arrêt. L'aventure commençait donc dès les premières heures avec cette route du bout du monde sans réseaux, sans connexion avec rien ni personne.
C'est dans cette vallée que nous avons commencé notre exploration des rocheuses, avec comme premier objectif le Commonwealth Peak. Un couloir tanker dans un pic rocheux surplombant toute la vallée agrémenté d'un décor typiquement Canadien.
Commonwealth Peak (video en lien)
Ce matin, le réveil se fait de bonne heure pour se rendre au pied de ce premier couloir des rocheuse. À peine les chaussettes enfilées, une voix m'appelle de l'extérieur et me dit de "venir voir vite..." Je sors à peine la tête de notre demeure et découvre une femelle orignal qui patauge dans le lac au bord duquel nous nous étions installés pour la nuit. L'occasion de faire quelques beaux clichés dans ce décor de rêve au pied des montagnes canadiennes avant de commencer à nous équiper pour cette incroyable première journée qui nous attendait.
La météo de ce premier jour est juste incroyable, le ciel est bleu, pas un nuage et la neige fraiche sur 15 cm rend la progression super agréable. La montée dans la foret se fait via un itinéraire que nous repairons grâce à l'open topo-map (une map gratuite hyper détaillée en chemin dans le monde entier, bien que moins claire qu'une IGN) pour nous donner les grandes lignes et le reste se fait tout au visuel. La forêt est un peu dense au début et finalement s'ouvre sur le pied de cette montagne spectaculaire. Une faille gigantesque chargée de neige s'ouvre à nous, mais nous remarquons rapidement qu'il sera difficile d'accéder au sommet à cause de deux ressauts rocheux infranchissables.
Puis après environ 3h de progression dont 30 min dans le couloir, nous nous arrêtons effectivement au pied de ce ressaut rocheux de 2m50 où nous pataugeons dans une grosse épaisseur de neige. Nous décidons alors de chausser les skis et Hop... c'est parti pour quelques beaux virages dans 50 de fraiche.
Le retour au campeur se fait super bien. Nous validons une première sortie avec un 1000m de D+ bien rentable dans une nature sauvage et hyper tranquille où nous n'aurons croisé absolument personne. Un rêve qui commençait bien.
Deuxième jour, deuxième matin de grand beau temps dans cette vallée des merveilles. Ce matin-là toute l'équipe tente de sortir de son duvet pour se préparer dans un froid glacial qui gèle les grelots. Les fenêtres givrées nous donne l'impression d'être dans un congélateur géant et difficile de trouvé la motive pour enfilé la tenu de ski.
Pour nous rendre jusqu'au pied de la montagne ce jour là le chemin est tout tracé et il nous suffit de suivre dans la forêt. La progression est bonne jusqu'au pied du couloir impressionnant. Le haut semble chargé et malgré les observations de la veille, nous sommes tellement éloignée de la civilisation et sans moyen de communication, que nous n'avons pas droit de prendre des risques démesurés.
On fait donc elle point sur les motivations, la forme de chacun et les visus sur la qualité de la neige et prenons la décision de nous lancer. Les 45 première minutes de montée, nous aurons mené à la moitié du couloir où le groupe se séparera en deux pour finalement que je sois le seul à atteindre les 3/4 du du couloir. De là, la vue est imprenable et même si l'envie ne me manque pas de continuer pour me rendre jusqu'au sommet les cumuls de neiges sont vraiment conséquents et le risque est trop grand.
Je chausse alors les skis et m'élance dans ce second couloir en banane avec ces 40° de plaisir, où la neige bien que très changeante permet d'effectuer un bon ski dans les règles de l'art. Un full straight à la sortie et je rejoint mes deux compères en bas de la pente. Nous rentrons à la maison avec l'impression d'avoir encore accompli une belle journée et une belle bambée de plus de 1300m de D+. Le retour au camper est une libération et nous voilà fin cuit, prêt pour une bonne petite sieste avant le repas du soir, le traitement de quelques photos, puis une bonne nuit réparatrice.
Le mont French (parce qu'on est Francais)
Dernier run de la vallée de Kananaski, et pas des moindre. Nous partons ce matin-là, plus motivé que jamais, mais surprise au départ, de nombreux véhicules sont déjà présent alors que nous n'avons quasiment croisé personne depuis 3 jours sur la route enneigée de la vallée.
Nous partons donc dans les traces d'une dizaine de skieurs en direction d'un couloir qui nous faisait rêver de par sa raideur, son engagement, mais aussi sa taille et son esthétisme. Une grande faille de 400m de D+ ornée d'un belle arche de pierre.
Il nous aura fallu près de 3h pour nous rendre au pied de ce couloir et 45 min de plus pour accéder à son sommet. Une ascension en piolet/crampons dans une neige qui porte suffisamment pour nous permettre de grimper assez rapidement. Les derniers mètres du couloir approchent les 50° et c'était surement la première fois que je me permettais de monter dans autant de neige, dans une pente si raide.
Nous atteignons enfin le sommet en légère hypo, grignotons une barre avec une gorgée d'eau et Val est déjà sur les chapeau de roues prêt à en découdre.
Je m'élance alors en premier et là.... POPOPOW !!!!! C'est de la pure folie un couloir en pure condition comme j'en ai rarement vu. Les jambes sont là également et j'enchaîne mes virages à une allure soutenue jusqu'à l'arche. Une cascade de neige jaillit de notre droite durant la décente, c'est absolument magique. Malheureusement, nous n'avons pas pu vérifier si nous pouvions ou non, skier sous l'arche et ressortir. Sans prendre de risque nous préférons alors redescendre par là où nous étions monté et rejoindre Morgane soulagée de nous voir redescendre en un seul morceau.
Le retour à la maison sera assez long ,car les zones de plat son nombreux, sur le chemin de la montée nous tomberons même sur les traces d'un grizzly que nous n'avions pas vu à la montée. L'occasion de nous rappeler qu'il est bien sorti d'hibernation et que pour éviter toute rencontre inopportune, il est bon de skier en faisant du bruit histoire de ne pas le surprendre et éviter que ça tourne mal.
Finalement nous. aurons passer dans cette vallée 3 jours et demi sans nous laver et après quelques chute de neige par endroit conséquente nous prenons finalement lac décision de redescendre.
Suite à notre excursion dans la vallée de Kananaski, nous voilà parti en direction du village de Lake Louise. Station reconnue à travers le monde, elle porte le nom d'un lac des plus emblématique de la région.
Mais encore plus emblématique que le lac Louise ; le décor féerique du Moraine Lake.
C'est sûrement le lac le plus représentatif des rocheuses Canadiennes. La majorité d'entre nous ont déjà aperçu des photos de ce lac, et sans forcément savoir le placer sur une carte. On en a tous fait notre représentation type des décors canadiens ; un lac, entouré par des forêts de sapins et des montagnes rocheuses.
Mais si cette carte postale ne représente qu'un lac entourer de montagne et de sapin pour certains, pour moi, j'y ai vu dès le. premier regard, un immense couloir de neige et de glace enneigé ; Le 3/4 couloir. (video en lien)
Depuis là première fois que j'ai vu cette photo dans un livre de Géo, j'ai toujours eu l'idée et le rêve de descendre cette pente incroyable surplombant un des plus beau décore de carte postale. Mais les années passèrent, et même si je m'était tout de même renseigné pour connaître le nom et la faisabilité d'un tel run, je n'imaginais pas que l'occasion et les conditions se présenteraient un jour pour réaliser ce rêve.
Jusqu'à ce matin du 25 avril 2024, lorsqu'après observation des conditions météo, nous décidons de profiter du plus beau créneau de la semaine pour nous rendre au pied de ce couloir pour passer une nuit en tente et le gravir le lendemain.
Comment vous expliquer l'appréhension que j'ai ressentie quand nous avons finalement pris le chemin en direction de Moraine Lake. Les sacs chargés sur les épaules, nous partions dormir une nuit quasiment hivernale dans un endroit fréquenté par les grizzlys sortant d'hibernation, au pied d'un des plus beaux couloirs dur monde.
Nous arrivons sur les coups de 18h, après 13 longs kilomètres de faux plat montant, au bord du lac face à notre objectif du lendemain. L'endroit est désert comparé aux foules innombrables de l'été. Nous avons le privilège de bénéficier de cet endroit magique rien que pour nous. La vue est tout simplement splendide et au loin, le couloir se dessine dans des conditions presque trop parfaites. Tellement parfaite, que nous doutons de la faisabilité de cette ascension, tan la surface de neige du cône sommitale est énorme, et la neige fraîche des jours précédant ayant put plaquer cette partie du couloir. Nous n'avons pas le droit de faire des calculs approximatifs, car le risque de détachement de plaques pourrait être grand et mortel.
Finalement, nous décidons de planter la tente à l'avant des chalets déserts et de passer la nuit pour aller se rendre compte des conditions le lendemain en bas de l'ascension du 3/4 couloir.
6H00 du matin, le réveil sonne et personne ne s'est fait dévorer par un grizzly. Nous nous habillons rapidement, engloutissons un petit-déjeuner rapide et nous retrouvons prêt à en découdre. Il nous faudra une bonne grosse heure pour traverser le lac gelé, puis une heure supplémentaire pour nous rendre au pied du couloir.
À ce moment, nous devons rester vigilants, ne pas nous laisser submerger par l'envie frénétique de montrer cette ligne de nos rêves et de garder la tête froide, quant à la qualité de la neige et les conditions météo. Mais réellement, tout semble s'aligner, le temps est parfait, la neige légèrement plaqué par les coulées de sluff et rien ne semble indiquer de risque alarmant.
La décision est prise de débuter l'ascension et nous gravissons rapidement les mètres de dénivelé les uns après les autres. Aucun mot ne peut assez bien décrire la sensation d'accomplissement que l'on ressent en réalisant ce genre d'ascension. On se retourne, on se relais, on essaye de s'attendre, mais le timing est serré. Malheureusement, à la moitié du couloir, Morgane abandonne essoufflée et nous décidons de continuer sans elle. C'est arrivé au pied du cône sommitale, à seulement 150m du sommet que la décision cruciale doit se prendre. La neige devient effectivement de plus en plus profonde et nous savons à ce moment précis que nous allons devoir choisir entre la réalisation d'un rêve d'enfant et la raison nous indiquant qu'il est plus sur de s'arrêter là.
Un regard et quelques mots échangés et Valentin prendra la décision de s'arrêter à l'abri d'un rocher. Quant à moi, l'envie irrésistible d'arriver en haut et de skier ce couloir depuis son sommet m'appelle et je décide de continuer. Je suis donc seul face à mes choix pour continuer de monter en restant le plus prudent possible. Je décide de longer les roches de la partie sommitale pour ne pas rester au centre du cône de neige. J'avance tête baissée essayant de rester le moins longtemps possible dans cette zone critique. Finalement après 20 minutes supplémentaires, me voilà gravissant les derniers mètres, traçant les derniers pas dans la neige, avant de découvrir enfin ce qui se cache de l'autre côté de la montagne. C'est une vue absolument fantastique avec d'un côté le vide et de l'autre, le dôme glaciaire et les sommets des rocheuses s'étalant à perte de vue. La sensation d'être un des rares privilégié à pouvoir observer ce panorama me donne des frissons et je ressens une immense sensation de plénitude.
Mais il me faut redescendre au plus vite pour rejoindre Val et Morgane qui m'attendent et qui pourraient se faire du souci. Je passe un dernier message à la radio, je ressers mes chaussures, je lock mes skis et j'regarde la pente... Ça y est mon heure est arrivée, je vais réaliser un de mes plus grands rêves de rideur.
Je m'élance, la neige est super légère, mais tellement épaisse ! Si jamais la pente se dérobe sous mes pieds, c'est la mort assurée. Mais non, ça tient, et j'enchaîne les courbes parfaites dans cette pente à 50° remplie de poudreuse, sur une surface de malade, tout ça rien que pour moi. La sensation de liberté ressemble à s'y méprendre au vol de parapente, je suis intouchable, loin de tout, proche du paradis.
Après quelques courbes, je rejoins Valentin planqué sous son caillou. Nous reprenons la descente à deux en direction du bas du couloir. La redevient de plus en plus cartonnée et les changements sont parfois durs à maîtriser, je me tape la première roule du voyage, mais heureusement sans gravité.
Finalement, nous rejoignons Morgane au pied du couloir, repassons récupérer la tente, et il faut ensuite se retaper le retour de 13 kilomètres pour rentrer jusqu'au camper. Après une journée qui nous aura semblée interminable, nous voilà rentrés sein et sauf de cette expédition.
Autant vous dire que la nuit qui suivait fut longue et il nous aura fallu deux bons jours pour récupérer.
Après le 3/4 couloir, c'est sur une grosse période de presque deux semaines, que nous resterons dans ce lieu magique qu'est la vallée de lac Louise. Nous logerons alors dans l'enceinte du camping de Lake Louise, un lieu plutôt confort puisque nous bénéficions de douche et d'électricité pour un totale de 35$ la nuit à trois.
Des montagnes stratifiées, des cirques rocheux et des reliefs calcaire incroyables qui font des massifs aux alentours, le royaume des couloirs gigantesques, et des petits couloirs cachés. Le royaume aussi des lacs gelés et des forêts d'épicéas démesurément grandes, habitat des grizzly des wapitis et de dizaine d'autre animaux surprenant et parfois même effrayants.
C'est pour nous aussi le point de ralliement où nous ont rejoint des GUEST français exceptionnel venue des pays de Savoie. Gé Bo, le tacortain qui nous avait déjà fait l'a surprise de nous accompagner en Alaska qui a passé une semaine avec nous et Léo, le bon gars de la Yauth qui s'est installé sur les abords de Kannemor depuis plusieurs mois.
Et pour suivre l'aventure de Moraine Lake nous avons voulu tenter une autre classique du couloir le plus dingue de Paradise Creek...
Le 2 mai, réveil à 5h00 du matin pour la gang des 3 gars dans le but d'aller titiller les pentes du couloir le plus impressionnant de notre to do liste, le couloir Aemmer. Niché dans une faille du Mont Temple qui surplombe la rive droite du lac Moraine, c'est une ligne gigantesque de plus de 400m de D+ avec des pentes de 45 à 50°.
Mais je crois que la partie qui nous faisait le plus peur, c'était finalement la bambée interminable qu'il fallait réaliser pour se rendre au pied de ce couloir. Environ 12 bornes de faux-plat montant sur près de 700m de D+ et tout cela en reprenant le même départ que nous avions déjà pris pour nous rendre en direction du 3/4 couloir.
Il nous aura fallu donc pas mal de détermination pour prendre le départ ce matin-là, mais l'arrivée du petit nouveau nous avait bien rebooster.
Malheureusement, ce matin-là, nous partons avec une météo qui s'annonce approximative avec des nuages qui encombrent pas mal les sommets, mais pas de grosse tempête de prévue. Nous commençons donc la longue montée dans la forêt sur un sentier que je connais bien pour y être passé déjà deux fois durant l'été. Après, près de 2H de montée nous arrivons dans le vallon au pied du mont Temple où la pente se raidit un peu. Petit à petit, nous nous rapprochons de notre objectif, mais il nous faudra encore une grosse heure et demie pour arrivé au pied du couloir.
Enfin, après plus de 3H30 d'ascension nous voilà au pied d'un immense cône de déjection surmonté de l'énorme ligne de neige se rendant quasiment au sommet de la montagne. La vue est époustouflante et un peu flippante. Nous ne sommes à ce moment-là pas sur de rien. La neige semble bien soufflée et des corniche ainsi que d'autres indices visuels nous indiquent que la présence de plaque n'est pas à exclure dans le couloir. Un peu de distance nous séparait et j'entame seul la montée du cône. Effectivement, je signale aux autres que "je vais simplement aller voir un peu plus haut pour mieux me rendre compte des risques" pour que nous puissions prendre une décision en pleine conscience des risques.
Malheureusement, plus je monte sur le cône et plus l'énorme plaque à vent qui se trouve à la sortie du couloir se dessine sous mes yeux. Il est intéressant de repréciser qu'à l'étranger et de plus dans des sites très isolé, il n'existe pas de BERA. La prise de décisions quant aux risques d'avalanche n'est qu'observation de la météos passée, des indice de terrain, du bon sens, et de la connaissance du milieux montagnard. En montant je m'avance alors jusqu'au pied de la plaque que je distingue à l'œil nu. J'y plante mon bâton en premier, puis un seul pied et là... Un gros WOOFFF !!! Un bruit sourd qui se propage dans le sol jusqu'à mes deux collègues resté en bas de pente. Il ne m'en faut pas plus... Je me retourne et signal aux deux autres que c'est fini, nous n'irons pas plus loin. Renoncer à ce couloir est la meilleure décision à prendre.
Un peu frustrer nous prenons alors la décision de faire demi-tour, mais ne voulant pas revenir simplement sur nos pas, nous décidons de gravir le petit Temple. L'occasion d'admirer encore plus notre echec du jour, mais de profiter tout de même d'une bonne descente de peuf et de couper un peu le faut plat du fond de vallée avant de revenir à la maison. Ce fut un itinéraire assez alpin qui nous en aura fait voir de toutes les couleurs, notamment à moi, qui ai perdu un ski en chutant, et failli à plusieurs reprises m'empaler dans un sapin à la descente.
Un gros nounours dans le camping
De retour au bercail, nous déballons nos sacs pour ranger et faire sécher nos affaires. Puis nous nous enfilons un petit repas rapide, une douche et hop au lit pour une petite sieste. Enfin ça, c'était le programme avant qu'un événement incroyable ne se produise.
Alors que je venais de sauter dans ma couchette, Gé Bo ouvrit précipitamment la porte du camping-car avec, c'est phrase incroyable ; " Les gars sortez, y a un grizzly dans le camping !!!!!! "
Interloqué, par ce que je viens d'entendre, je passe la tête par la porte et là, sur l'emplacement d'à côté, une énorme femelle grizzly était en train de faire l'aspirateur avec les restes de repas des derniers occupants.
Un moment incroyable, rapidement stopper par l'intervention des gardes venus faire fuir l'animal pour éviter tout risque d'interaction dangereuse avec l'homme.
Et puisque nous sommes français, aventureux et surtout qu'on n'aime pas respecter les règles, nous décidons de suivre l'ours qui s'enfuyait tranquillement en suivant les voies de chemin de fer. Nous nous plaçons donc un peu plus loin et la voyons arrivée vers nous. C'est un moment unique, car nous sommes seuls face à elle et elle se dirige droit sur nous juste de l'autre côté. Finalement, elle s'arrête à notre niveau et déterre quelques racines qu'elle dévore sous nos yeux. Aucun stresse à détecter ni chez nous, ni chez elle. Une observation d'une 30ene de minutes qui restera encrées dans ma mémoire pour la vie.
Popeis Peak Couloir
Dernier couloir à proximité de Lake Louise, nous avions repairé en nous rendant au lac émeraude une dizaine de jours auparavant. Nous avons tenté cette ascension sur les derniers jours de ce trip avec, en notre compagnie, Léo le gars de la Yauth débarqué la veille au soir lors d'un événement exceptionnel ; l'apparition d'aurore boréale dans le ciel de tout l'hémisphère nord.
Une soirée exceptionnelle durant laquelle le phénomène avait pu être observé jusque dans les alpes françaises. Sauf que nous, bah... On a eu la chance de dingue de nous trouver sur les bords du lac Louise pour observer ce spectacle extraordinaire. Un balai indescriptible de lumière qui a éclairé le ciel durant toute la nuit sous nos yeux ahuris.
Le lendemain, nous nous réveillons donc après une courte nuit pour aller en découdre avec cette belle ligne blanche repérée depuis le bas de vallée. Il nous fallait partir tôt, car la météo prévoyait des conditions chaudes propices au réchauffement de la neige et aux coulées de printemps.
Le départ depuis le parking n'était déjà pas très frais et rapidement dans la montée, on se retrouve en t-shirt avant même l'arrivée du soleil. Autant vous dire que les parties rocheuses et les faces Est, avaient eu le temps de bien réchauffer avant même notre arrivée dans la vallée. Effectivement de grosses coulées étaient déjà parties dans le resserrement donnant accès au fond de la vallée glaciaire. Le bruit sourd des éboulements de neige et de roche retentissait déjà dans la vallée, quand nous aperçûmes le couloir au loin. Il nous a fallu alors un temps d'arrêt, pour réfléchir si nous conservions notre idée de base sachant que le couloir était à l'aplomb d'un énorme sérac et sous des pentes Est qui coulaient à 9H30.
Après seulement quelques minutes, nous prenons la dure décision d'abandonner le plan de base pour nous diriger par replis vers une belle pente exposée plein nord situé au fond du cirque où le risque de coulée semblait quasi nul.
Ça sera donc un autre échec de couloir, mais une belles journée avec quelques beaux virages dans une neige poudreuse légèrement soufflée et du soleil à cramée les mirettes est le bord des lèvres. Pour rentrer nous reprenons l'itinéraire de l'aller en s'éloignant le plus possible des pente Est. La neige est tellement transformée qu'il n'y a nul. besoin de remettre les peaux pour remonter les quelque 100 m de dénivelé à avaler pour redescendre dans la foret.
Finalement, nous revenons au camping pour y passer nos deux dernières nuits avant de quitter définitivement le Canada...
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