Comme si il fallait toujours se trouver des bonnes raisons pour écrire, j’ai saisi cette fois ma motivation dans le fait qu’un bug dans le Skipass Live m’a empêché de partager les conditions avec la communauté en direct live. Ce bug, qui excluait Baqueira / Beret de la liste des stations, est désormais réparé (merci !!), mais poster des Live plus d’une semaine après, c’est pas marrant, et surtout, c’est plus un live !!
D’où l’idée de prendre la plume (enfin le clavier), pour regrouper dans un article ce que j’aurais pu raconter cette semaine là si l’informatique et ses méandres m’en avaient laissé la possibilité. On est donc sur du Skipass PasLive, mais ce sera bien quand même !
Et pour finir, il faut rendre à César… je n’ai pas pu trouver meilleur titre pour cet article que celui qu’avait donné Fab & Victor à leur épisode en ces lieux, je ne saurais d’ailleurs que trop vous conseiller d’aller re-regarder cet épisode qui pour moi, en terme de qualité des images, restera un des meilleurs de Bon Ap’ (ne me remercier pas, c’est par là).
Cette année, notre GO voulant varier les plaisirs et pour une fois rester dans nos Pyrénées plutôt que de traverser la France, nous voilà donc rendus à Baqueira-Beret, une station située à peu près pile poil au milieu des Pyrénées, mais versant ibérique. Elle se situe en Catalogne (ce qui peut un peu compliquer le dialogue de ceux qui croyaient un tant soit peu parler l’espagnol, castillan celui-là !). Et surtout, c’est la plus « alpine » des stations pyrénéennes, en terme de taille, d’équipements, et malheureusement de prix aussi.
Le domaine est très vaste, avec des possibilités quasi sans limites si on veut bien marcher un peu et/ou mettre les peaux de temps en temps. De plus, nos amis mangeurs de churros travaillent extrêmement bien la neige, ce qui rend les pistes accessibles à tout le monde, et tous les niveaux, vraiment du super boulot.
Un autre avantage, géographique celui-là, pour les toulousains, la station est située à moins de 2h de route, ce qui simplifie quand même les choses, et permet d’un peu moins cramer de pétrole ou d’argent en autopiste.
Le 1er jour, le but est de faire le tour du propriétaire. Même si on connait assez bien le domaine, en raison notamment de la proximité suscitée, les conditions changent tout le temps, et il faut bien vérifier que tout ce qu’on avait pu imaginer, entre autre à l’aide de Fatmap, est bien réalisable. En gros, est-ce que ça passe ?
Les Pyrénées ont pas mal ramassé, environ 10 jours avant qu’on arrive, mais ces chutes abondantes ont malheureusement, et comme souvent, été accompagnées de rafales de vent à plus de 100 km/h ! On constate donc de suite que tous les sommets et/ou cols sont assez pelés pour pas dire très secs, va falloir jongler avec ça. Par contre, les températures sont restées assez froides, et, avec un soleil encore assez bas en cette fin Janvier, la neige est restée de très très bonne qualité, voire même mieux ( ??) sur tout ce qui est en Nord.
Une fois les conditions bien plantées, il a fallu « envoyer la viande » et le meilleur moyen de se mettre dans l’ambiance, c’est de revêtir pour une minute la tenue du régionale de l’étape pour le FWT, Abel Moga, qui a d’ailleurs envoyé un frontflip monstrueux l’avant-veille juste à côté sur la face de Baciver lors de l’étape du FWT :
Donc la 1ère mission du jour fut d’aller visiter un endroit peu fréquenté tout simplement parce que, bien qu’accessible directement par gravité, le retour, lui, se fait en peaux. Autre avantage de ce spot, c’est plein Nord, et pas super exposé (bon, faut toujours se méfier un peu quand même, bien sûr !!) avec une pente autour de 30-35°. Autrement dit, tous les ingrédients pour un bon run.
Et en l’occurrence, ce fut une bonne pioche : malgré le haut tout soufflé où il faut faire de la navigation à vue entre les requins, au bout de 50m on peut rapidement lâcher les chevaux, et là, c’est juste énorme ! Encore beaucoup de zones non tracées, quelques petits obstacles qui permettent de petits drops, quelques petits arbres pour agrémenter le côté ludique, et tout ça dans 30cm de poudre froide… franchement, je ne vois pas comment on pourrait faire mieux.
D’ailleurs, c’est tellement bon, qu’on dézingue ça à Mach12, et on se retrouve au niveau de la piste de skidoo, à mettre le peaux pour revenir, en se rendant compte qu’on n’a pas pris une seule photo, dommage, mais les souvenirs sont bien ancrés dans les têtes.
Après avoir fumé les 40 minutes de peaux en faux plat montant, l’idée était alors d’essayer de rentrer directement à l’hôtel en ski. Idée complètement conne. En effet, notre hôtel étant situé, non pas à Baqueira même ou Beret, mais à Salardù, un petit village à quelques kms, à 1300m d’altitude, et la face pour y arriver est plein Sud ! A regarder Fatmap, ça avait l’air de passer (tracé non contractuel !!) :
Évidemment, pour ce genre de plan, y’a plus grand monde qui suit ! Donc je me retrouve tout seul à m’éloigner du domaine pour essayer de suivre à peu près la ligne de crête en espérant ne pas trop me galérer. Le début est idyllique, il n’y a aucune trace, la neige est encore acceptable, et la vue sur le soleil couchant magnifique.
J’arrive rapidement à une zone un peu plus Sud, et là, ça se complique un peu, il faut naviguer entre les touffes d’herbes. Un groupe d’isards juste en dessous me fait bien comprendre que je n’ai rien à foutre ici ! (l’isard, c’est la version du chamois avec l’accent du sud-ouest !). Pour rajouter à l’ambiance, une petite plaque de purge part à 10m de moi, pas de quoi coffrer quiconque, mais largement assez pour te décapsuler un genou. On voit la petite coulée sur la photo ci-dessous, ma trace est plus à droite.
On voit aussi sur la photo qu’il m’a fallu bien naviguer… mais à aucun moment je n’ai déchaussé ! Une fois en dessous, le soleil de Janvier n’étant pas très haut, j’ai à nouveau eu de la neige, certes bien transformée, mais en quantité suffisante pour glisser, avec quelques passages où avoir un taille haie aurait été confortable. Au final, j’ai bien rallié Salardù, et à voir la tronche des habitants, il ne doit pas y en avoir souvent des retours skis aux pieds !!
Encore une fois grâce à Fatmap, en faisant « tourner les montagnes » un peu dans tous les sens, une idée a germé dans mon esprit perturbé : ne serait-il pas possible de rallier Bonaigua (la partie la plus à l’Ouest du domaine) à Beret (à l’Est), non pas par les pistes, mais par derrière ? Sur le papier, ça avait l’air de marcher, avec cependant 2 interrogations, le couloir d’entrée, et le passage d’un col (Pales de Baciver) avec une grande inconnue sur ce qu’il y a derrière, surtout en ces temps de disette neigeuse due au vent.
Pour le col, une observation de loin la veille a montré que ça passerait… restait le couloir ! On se pointe en haut de celui-ci le plus tôt possible après un petit crapahutage les skis sur le sac, et c’est une bonne nouvelle, ça passe et la neige a l’air bonne. Par contre, c’est penché, très penché, et expo aussi : les 20 premiers mètres, à un bon 50° TTC, sont au-dessus de belles barres, on est clairement dans une « no fall zone ». On perd d’ailleurs un soldat avant même la bataille, il préfère renoncer, sage décision quand on ne le sent pas.
La suite, c’est que du bonheur, parce que le couloir passé (en douceur et en serrant un peu les fesses), la neige est exceptionnelle et on est seuls au monde.
On met ensuite les peaux 10 minutes à peine, juste pour aller chercher une zone totalement vierge et sans barres, et là, encore une fois, c’est un festival de poudre froide et légère, du très bon ski sous l’œil du Tuc de Llança (2 658m) !
La suite, c’est une longue traversée en peaux en légère ascension au milieu d’un cadre magnifique, avec l’impression d’être au bout du monde alors qu’on est juste à côté du domaine. Ceci nous amène naturellement à la pause dwichs bien méritée.
La montée jusqu’à la Pales de Baciver est bien penchée avec une neige bien molle (plein Sud) mais au bout d’un certains nombres de conversions, on débouche en haut, et on a confirmation que ça passe, il n’y a que 2 traces, dommage mais pas grave, ça nous aidera au moins dans les parties qui remontent !!
Encore du bon ski dans de la bonne neige froide ! Au final, un super plan, et une bonne balade variée, avec un peu de tout, sympa.
Le lendemain, après avoir un peu baladé les skis de gauche à droite et de droite à gauche sur le domaine, au demeurant toujours en parfait état, l’objectif est d’aller dézinguer, si possible, un couloir déjà skié il y a quelques années : el tubo Pernas. Si j’ai tout bien compris, en l’occurrence, « tubo » signifie couloir, et celui-là est magnifique et évident quand on le regarde de loin en face :
Une fois en haut dudit couloir, après 10 minutes skis sur le sac, un constat s’impose, c’est très sec. J’avais imaginé prendre une corde au cas où, mais on finit par se dire que ça va passer en descendant « en escalier » au milieu des cailloux, c’est un peu scabreux (45°) mais ça finit par passer et une fois au début du cône de déjection, c’est super bon à skier vu qu’encore une fois, c’est tout en Nord, ça ne voit jamais le soleil.
On n’est pas les premiers, mais c’est quand même encore une fois super bon à skier, le Nord c’est génial !
L’idée en cette fin de journée était de finir par un spot moins pratiqué par les barbus, tout simplement parce qu’il se termine au niveau d’un village, et qu’il faut alors se faire récupérer en bagnole ! C’est une magnifique face Nord-Ouest, pas difficile, avec pas mal de mouvements de terrain et autres rochers, super ludique :
On est 2 ce soir là à se faire plaisir, tant l’endroit est chouette, isolée. Tout va pour le mieux jusqu’à ce que le genou de ma coéquipière d’un soir lâche complètement sur un appuis anodin ! Après avoir réessayer de chausser, il faut se résoudre à l’évidence, il n’y a plus de ligament, le genou ne tient plus rien ! Aïe ! Il est 16h40 environ, on est au 2/3 de la face, et il n’y a bien sûr personne. J’essaie de me rappeler comment fonctionne les assurances en Espagne, mais je ne suis plus trop sûr, et on décide d’un commun accord de ne pas appeler louloucopter, on voit le village en contrebas, on se dit que c’est jouable. Le problème, c’est comment ?? Impossible de marcher, une jambe ne tient plus du tout, et l’autre s’enfonce jusqu’au genou. J’essaie le portage sur le dos, mais vu le terrain loin d’être plat, et la neige bien transformée, c’est un échec.
La tâche s’annonce plus ardue ! Un jeune espagnol qui rentrait tranquille vient essayer de nous aider… mais malgré sa bonne volonté, et une aide précieuse pour se répartir les skis, ne parvient pas à nous faire avancer significativement. Le problème, c’est qu’avec tout ça, l’heure tourne, et le soleil commence à disparaitre derrière la montagne, il va rapidement faire froid, et surtout nuit. Le village se rapproche, mais bien trop lentement, et nos potes venus nous chercher, avec qui on est en contact au tél, nous voient galérer de loin sans vraiment pouvoir aider.
Après avoir essayé pas mal de trucs, on finit par trouver une solution qui, je pense, ne sera pas validée par le moindre sauveteur en montagne : on finit par placer notre blessée sur le ventre la tête vers le bas, et on la tire avec les bâtons, chacun d’un côté, pour la faire avancer en glissant !! ça ne ressemble à rien mais c’est finalement comme ça qu’on progresse le plus « rapidement », et qu’on finit par rejoindre le groupe venu nous rejoindre du village, nos potes plus quelques espagnols ayant interrompu leur apéro au Cava pour venir aider. On finit au village, et avec la blessée dans le camion, environ 10 minutes avant la nuit, c’était chaud !!
Pour info, malgré le pronostic un peu rassurant des urgences le soir même, l’IRM a malheureusement confirmé depuis une rupture totale du LCA. Il faudra donc passé par la case opération.
Une fois écartée le mauvais souvenir du « sauvetage » à l’arrache, on s’est dit qu’on avait passé une semaine exceptionnelle. Pendant que mes potes skiait sur du béton glacé du côté de l’Alpe d’Huez, nous on s’est gavés de poudre, faisant des traces dans la powpow presque tous les jours. Et puis quand vous pouvez petit déjeuner le matin avec la vue direct sur le lever de soleil sur l’Aneto (le plus haut sommet des Pyrénées, 3 404m), c’est le bonheur :
6 Commentaires
En définitif, cette station du fait de sa polyvalence est à prendre au sérieux par rapport aux stations des ALPES et surtout proche de chez nous
En tout cas les images parlent d'elles même! bonne semaine les Amis.
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire