tiens stug, je te met juste l'intro pour te mettre l'eau à la bouche
et pour une somme modique je te donne l'accès aux 150 pages qui suivent
on y parle justement des "effets pervers" dont je parlais ailleurs...
La consommation de cocaïne par voie intraveineuse a fait une intrusion remarquée à Genève (et dans d'autres régions), depuis la fin des années 90. Ce phénomène semble s'installer durablement et nos pratiques professionnelles s'en ressentent. La simple évocation de ce produit semble parfois expliquer une certaine impuissance, parmi les professionnels du réseau socio-sanitaire, dans l’appréhension de ce phénomène qui entraîne de nombreux effets : dégradation de l'état de santé et des conditions de vie des personnes, développement des troubles psychiatriques associés, nouvelles prises de risques, développement de la poly-consommation.
S’il y a une question qu’amène inlassablement ce constat, c’est bien celle qui a été formulée par Bachmann et Coppel en 1989 dans le dragon domestique : « Comment la mise en œuvre honnête et appliquée de volontés positives produit, par le simple jeu de combinaisons, des résultats désastreux, qui vont à l’encontre des buts recherchés… Le champ de la lutte contre les toxicomanies est particulièrement fertile en effets de cet ordre. »
Une hypothèse possible, que je tenterai d’approfondir dans ce travail est que le processus de médicalisation des addictions, est un des éléments qui ont « contribué » à cette situation. Auparavant, la personne avait besoin de toute sa journée pour trouver le moyen de s’acheter, de se procurer, de consommer et de récupérer des effets du produit. Aujourd’hui, le produit a été substitué, mais pas la durée d’une journée. La cocaïne semble en effet rester un des rares produit à avoir encore un effet sur la personne médicalisée. Notre société veut traiter les conséquences de l’abus de drogue, c’est à dire « méthadoniser » les héroïnomanes, trouver un substitut à la cocaïne, etc. et non s’attaquer aux causes de ces comportements et cela est parfois lourd de conséquences : il est hautement probable qu’il y aura toujours des « effets pervers », de simples déplacements de consommations.
Une autre hypothèse que l’on ne peut laisser de côté est que la consommation de cocaïne exprime la volonté de la personne toxicodépendante substituée, d’échapper à un contrôle socio-sanitaire. La démocratisation de la cocaïne à Genève met de fait en péril certains éléments de la politique de soin des personnes toxicomanes (Réduction des risques, thérapie, traitement ambulatoire et résidentiel). La cocaïne ne serait-elle pas là, paradoxalement, parce qu’elle n’a pas encore de substitution, pour contrer ce qui peut être interprété par certains consommateurs comme une tentative de contrôle de leur auto-médicalisation de la part du corps médical ? Ce n’est certainement pas uniquement l’augmentation de l’offre sur le marché de la cocaïne qui a attiré les consommateurs. L’augmentation de consommation est aussi en quelque sorte le résultat de la fuite en avant du processus de médicalisation. La toxicomanie n’est elle pas victime de la médicalisation de tous les maux ? Notre société n’a plus de réponse morale ou sociale, elle use et abuse donc du neuroleptique généralisé notamment chez le toxicomane.
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