Un univers impitoyable
La CFDT de la région Rhône-Alpes a réalisé une enquête auprès des saisonniers des stations de ski les plus prestigieuses. Tous les abus sont permis.
D'années en années, les études réalisées sur les conditions d'emplois des travailleurs saisonniers, précaires par définition, sous payés et surexploités, révèlent un envers du décor qui méprise tous les principes de base du droit du travail. L'union régionale de la CFDT Rhône-Alpes a réalisé une enquête auprès de 166 saisonniers dans les stations de ski d'Isère, de Savoie et de Haute-Savoie. Les rencontres effectuées par les équipes syndicales, qui se sont aussi adressées aux responsables municipaux dont dépendent les stations de Courchevel, La Plagne, les Deux-Alpes, Les Ménuires, Tignes, Les Arcs, Les Karellis et Val-Thorens, confirment combien les hôtels, bars, commerces et restaurants qui embauchent les saisonniers, les propulse dans une loi de la jungle qui fait rimer contrat de travail avec toutes les précarités.
L'enquête montre, en premier lieu, que le profil des salariés qui occupent ces jobs temporaires correspond aux exigences de flexibilité des employeurs. Les saisonniers sont le plus souvent des femmes (54 %), de moins de trente ans (90 %), célibataires (82 %), sans enfants à charge (92 %), donc extrêmement mobiles et susceptibles de pouvoir changer de département (82,5 %). La population des saisonniers se découpe en deux parties à peu près égales : les " professionnels de la saison ", celles et ceux qui passent des plages l'été aux stations de ski l'hiver, et les jeunes en insertion professionnelle qui forgent leurs premières armes dans le monde du travail. Et l'expérience n'a rien pour être concluante.
Les employeurs profitent d'une situation où le temps de travail est déterminé par la saison pour se livrer à tous les abus. À commencer par le contrat de travail, qui, quand il existe, est souvent remis pour signature après l'embauche. Un tiers des saisonniers déplorent d'ailleurs un " non-respect du contrat de travail ". Le duo des cadences infernales et des salaires particulièrement bas (un tiers d'entre eux sont payés en deçà du SMIC) les amène à se plaindre pour un tiers du " manque de respect de la part de la hiérarchie ". Il s'agit même du premier grief dont ils parlent quand ils abordent leur travail. Apparemment, pointe l'étude, " plus d'un saisonnier sur dix serait même victime de harcèlement moral ou sexuel ". La même proportion se plaint de problèmes d'hygiène, de sécurité et de santé. Quand ils ne sont pas pieds et main liés à l'employeur pour parvenir à se loger. Le logement est, dans la plupart des cas, minuscule, parfois insalubre, fournit par l'employeur, qui, en cas de rupture du contrat de travail, le reprend en signifiant au salarié licencié qu'il doit libérer les lieux.
Concernant les conditions de travail, la pénibilité et les horaires amènent les saisonniers à se plaindre de fatigue récurrente. Il faut dire que près de 60 % d'entre eux déclarent travailler plus de 40 heures par semaine. Les heures supplémentaires sont, dans la plupart des cas, non rémunérées. La moitié d'entre eux ont " au maximum " un seul jour de repos par semaine. Certains, en petit nombre il est vrai, travaillent même 7 jours sur 7, ce qui est totalement illégal. Les horaires à rallonge les mènent, pour un tiers d'entre eux, à être encore à leur poste de travail après 22 heures, ce qui, normalement nécessite des compensations en terme d'aménagement du temps de travail. Pas étonnant alors que 71 % d'entre eux déclarent que leur première activité hors travail est le repos. Le reste de leur maigre temps, quand leur pouvoir d'achat le leur permet, est occupé à sortir le soir où pratiquer la glisse. Mais un saisonnier sur deux explique que la fatigue est un frein réel à l'accès aux loisirs et 60 % disent manquer d'argent.
Les trois-quarts des saisonniers gagnent moins de 1 200 euros par mois, alors qu'ils occupent des emplois à plein temps, le temps partiel étant marginal. La CFDT de Rhône-Alpes ne se prive d'ailleurs pas d'attirer l'attention sur le fait que " le cliché du jeune saisonnier se remplissant les poches en quelques mois a vécu ".
Paule Masson http://www.humanite.fr/journal/2003-12-26/2003-12-26-385156%20class=
A&M (ammenagement & montagne)le titre de la revue apparait en petit au profit de celui de l'article "Montagne leaders" qui lui est en bandeau.
Codification L 13375 Numero de parution: 180 (janvier 2004) Prix: 7,00€
Avec ca un bon diffuseur de presse peut te le commander.
Attention le reassort presse est parfois tres long chez certains editeurs.
Alors si tu es pressé je te conseil de continuer à chercher en kiosque.
i-neige tu bosse dans la presse aussi?
inscrit le 03/10/02
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