Sur le débat des choix d'une entreprise, je vais rapporter quelques propos d'un grand monsieur de l'industrie, François Vuille, un vieux monsieur maintenant, qui écrit des livres et donne des interviews, mais dans les années 80 le type qui a transformé l'Oréal en multinationale, et y ajouter quelques uns des miens.
Il disait ceci en substance: le problème avec l'économie du moment, ce n'est pas du tout que les entreprises cherchent à faire du bénèf, mais comment elles vont le faire. (d'ailleurs, le bénéf est une carotte qui peut tirer le monde en avant)
- la démarche des boîtes (apparemment celle de la CDA, si j'ai bien compris) est de dire : "voyons voir, je me ferais bien un max de pognon, quel produit vais-je bien pouvoir vendre?" Selon Vuille, c'est le problème n° one. Inquiétant pour le consommateur, à qui on va refourgeur de la merde mais avec une marque dessus comme mirage de qualité, pour l'économie, qui ne fonctionne que pendant un court moment sur des bases erronées, et tout simplement pour l'humanité, dont on pille les ressources sans vergogne. Selon lui, la bonne démarche est plutôt : "Je vais faire un bon produit, puis je vais le vendre. Si je le défends correctement, ça marchera" En bref, une démarche proche de celle de l'artisan, mais adaptée à l'entreprise.
- les bénéfices, tout dépend de en combien de temps on veut les réaliser. Les actionnaires veulent du rendement à court terme (quand la boîte se casse la gueule, ils vont mettre leur pognon dans d'autres boîtes pas encore sucées), alors qu'une gestion saine, éthique, voire tout simplement honnête implique souvent de sacrifier les bénéfices à court terme sur l'autel des bénéfices à long terme.
Il doit donc être tout-à-fait possible d'imaginer des multinationales soucieuses de l'avenir et respectueuses de la planète comme de leurs clients, qui soient malgré tout de bons placements. 'Faut juste bien faire son boulot et pas vouloir griller les étapes.
Néanmoins, en tant que skieur, ce qui m'inquiète, c'est que le pan de montagne au-dessus de chez oim soit géré par des gugusses qui habitent à des km et dont le mode de vie ne permet pas d'imaginer ma réalité. C'est jamais agréable d'accepter que notre quotidien nous échappe.
Mais l'économie est un vaste mouvement de va-et-vient entre les modes et les théories, et je ne désespère pas que des économies locales et à l'échelle humaine revoient le jour dans les décennies qui viennent. A condition que les consommateurs poussent dans le bon sens. En pratique, si t'es pas d'accord avec la CDA, vas skier dans les Vosges, à Rouge-Gazon, le forfait est pas cher, l'ambiance très chaude (de plus en plus, même, putain de réchauffement climatique) et ça sent encore bon le fumier quand tu achètes ton forfait.
Demain, en tout cas je mets mes peaux de phoque et peut-être que j'irai aux Grands-Montets la semaine prochaine. Comme quoi on peut être attiré par des ambiances bien différentes. (J'aime autant les doubichous du petit traiteur qui habite au bas de chez moi que le Big Mac)
Allez, zou
inscrit le 22/10/01
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