Casscroot
Tu as une conception assez manichéenne de la consommation et une vision
trop théorique du sujet.
Le modèle de consommation actuelle est subversif, certes, sûrement quelque
peu. Mais pour faire une métaphore de mauvais goût, c'est comme dire: le
régime Castriste est une dictature, sûrement. Mais doit on attendre que
Fidel Castro parte de lui-même pour changer les choses ou le peuple doit il
les changer?
Ensuite, tes idées sont intéressantes, mais sans aucune connotation
péjorative, je ne pense pas qu'en tant qu'étudiant on puisse dire
"connaître assez bien les rouages "du monde industriel". j'ai moi-même été
étudiant, et même si durant mes études, j'ai eu de maintes occasions de
prendre pied dans l'entreprise, notamment au travers d'une "césure", et il
y a un pas gigantesque à franchir entre la vie d'étudiante et la vie en
entreprise, entre la théorie et la pratique, entre les cours magistraux de
tes professeurs et la dure réalité économique d'une entreprise.
Je ne souhaite pas ici faire un cours magistral sur la distribution réservé
habituellement aux étudiants d'école de Commerce. Un rappel toutefois:
La naissance de la grande distribution, enfin de l'hypermarché s'est faite
dans les années 60, avec les trentes glorieuses, au temps du baby boom où
effectivement l'équipement des foyers français en réfrigérateur, en
voiture, et l'augmentation du niveau de vie des ménages à permis :
1. Au foyer de conserver leurs achats alimentaires plus longtemps, donc de
faire leurs courses en plus grande quantité en ne se rendant dans l'Hyper
qu'une fois/semaine
2. Au Distributeurs de s'installer à la campagne, leur zone de chalandise
pouvant s'étendre grâce à l'apparition des voitures dans chaque foyer
Il en résulte les 4 concepts de base de la distribution : "No parking, no
business", "Libre service" "Discount" et "Tout sous le même toit"
Sur ce principe, effectivement on peut dire que la grande distribution
favorise les déplacements des foyers français. Toutefois, l'analyse qui
tend à dire qu'à consommation égale, la grande distribution est plus
"polluante" est elle très pertinente?
Déplacement plus long pour acheter une boite de conserve mais déplacement
unique pour acheter textile, bazar, nvelles technologies, etc...
Ensuite, développer le commerce urbain par des surfaces moyennes
inférieures à 2000 m² c'est au détriment des logements et le risque de
revenir à des logements en zones périurbaines.
Concernant la rentabilité:
Aujourd'hui, le développement du chiffre d'affaire et de la rentabilité,
notamment par la baisse des coûts de distribution, est une obligation
économique pour la simple et bonne raison qu'il permet de baisser les prix,
donc d'attirer le consommateurs, donc d'augmenter le CA. Il s'agit d'une
cercle vertueux de croissance qui permet également de pérenniser les
emplois. 480 000 salariés chez carrefour.
Concernant le point 2 : l'aspect écologique lié au déplacement.
Effectivement, ce n'est pas "écologique" de déplacer des consommateurs et
le système de distribution "engendre des distances parcourues plus grandes
plus grandes pour les marchandises et les consommateurs"
Il y a du vrai mais surtout beaucoup d'idées reçues:
- Distance parcourue plus grande pour les consommateurs? Mais où se
trouvent le lieu d'habitation de la majorité des français?. Argument
défendable parce que j'ai aucun chiffre à t'opposer et surtout valable dans
les grandes ville, du moins La grande ville française. Ne dit on pas "Paris
et le désert français"?
- Distance parcourue plus grande pour les marchandises. c'est faux.
1. parce que d'abord, les lieux de production des fournisseurs se situent
en dehors des villes.
2. Parce que la logistique fortement développée des grands distributeurs
notamment au travers de la suplly chain engendrent des économies de
déplacements et des méthodes plus écologiques. Gros volumes permettant
l'utilisation du rail (c'est le cas notamment des grands lessiviers et des
fournisseurs d'eau minéral qui livrent des milliers de palettes par wagons,
directement du lieu de production aux plate-forme d'éclatement.) contre
petits volumes répétitifs livrés au petit commerce de proximité par une
multitude de camionnettes
3. L'optimisation des charges et des tournées, les flux tendus limitent les
coûts de stockage et rationalisent le taux de remplissage des camions (75%
en 2002)
4. Sans oublier, transport fluvial, projet-pilote, carburants alternatifs,
6 camions GNV (Gaz naturel Véhicule) en place actuellement, etc, autant de
projets menés par Carrefour actuellement
Je pourrai écrire encore des pages et des pages, je t'invite donc à
télécharger, entre autres, le rapport de développement durable 2002
Carrefour: www.carrefour.com
De manière générale, la grande consommation n'est sûrement pas la panacée,
le système français est toutefois le système mondial le plus abouti et le
plus performant.
Mais quand tu prends ta voiture pour aller "bouchonner" dans les vallée
alpine pour consommer du "ski en masse" dans les stations françaises, c'est
pareil, à moindre échelle, mais pour des besoins de divertissement
(consommation de luxe) et non de consommation de base.
Ensuite, tu as malheureusement tout faux quand tu dis "l'hyper est un bel
exemple: plus de pollution, moins d'emploi que le commerce de centre ville
= insécurité sociale + insécurité environnementale" Il s'agit d'information
journalistiques et non de professionnelles. (voir rapport du WWF sur la
consommation)
De plus, l'industrie aujourd'hui (sans parler d'hier) et 1000 fois plus
polluante que l'activité commerciale. En substance, tu ne peux pas réduire
l'environnement aux rejets de CO2.
On parle de développement durable donc de concilier la rentabilité
économique, l'équité sociale et le respect de l'environnement. On ne peut
aujourd'hui plus parler simplement d'écologie.
Le système de consommation est beaucoup plus complexe aujourd'hui, et le
réduire à ton analyse est malheureusement trop simpliste, voir utopique.
Le fait de Démocratiser la consommation et défendre le pouvoir d'achat des
clients sont le fondement de notre activité.
A qualité égale, les prix de vente constituent le principal levier de notre
attractivité commerciales.
Deux évolutions conjointes du développement toutefois: l'importance
croissante attribuées par les consommateurs à la qualité, facteur de
différenciation des enseignes et d'autre part, la valorisation du
développement durable par l'opinion publique, facteur de légitimation de
l'entreprise aujourd'hui.
La convergence de ces évolutions conduits mon groupe (je parle de ce que
connais) à repositionner nos missions :
- Assurer que les pays où nous sommes implantés intègrent la qualité et le
développement durable dans leurs stratégie, leurs objectifs et leurs
activités
- Proposer des standards de qualité dans la construction de notre offre
- Initier des projets pilotes, avec l'appui des grands pays
- Déterminer et organiser les structures permettant de construire les
engagements du groupe (Comité scientifique, base de données sur les risques
identifiés, laboratoires, équipes d'experts consultants, etc..)
- etc
Et pour Infos, même si Carrefour est une entreprise très discrète en
matière de communication sur ces thèmes, c'est le troisième entreprise
mondiale en matière d'investissement financier dans le développement
durable (1 milliard d'euros en 2002) (UNESCO, ONU, ONG, WWF, Global Compact
des nations Unies issus de la Déclaration universelle des Droits de
l'Homme, de la déclaration de Rio sur l'environnement et le développement,
fondation carrefour, etc....)
Pour terminer, (faut quand même que je déjeune) je conçois que tu puisses
douter de mes arguments, même s'ils sont vérifiables, quantifiables et
chiffrées. Je t'invite donc à :
- Consulter les infos sur : www.carrefour.com
- Assister au 5ème Forum ESSEC à Paris sur la mondialisation auquel j'aurai
l'honneur de participer. (groupe de travail "Exportation des modes de
consommations occidentaux, compatibles ou pas avec le développement
durable?")
De plus, j'ai eu le privilège d'assister en mars cette année, dans le cadre
de la convention mondiale de ma boite à trois forums animés par Christine
Ockrent et Philippe Labro sur la globalisation, la mondialisation et le
développement durable avec la participation de: (excuse pour l'orthographe
des noms)
- Franck Ribou, PDG de Danone
- Le vice-président de la banque mondiale
- Le président du WWF
- Mickaël Gorbatchef
- Le chair-man d'IBM
- L'ex Directeur de Cabinet d'Ariel Charon
- La chairm-man d'IPSOS- Nielsen
- Boutros Boutros Galli
- et d'autres dont j'ai perdu les noms
Toutefois, leurs analyses te paraîtra peut être plus objective que la
mienne.
Laisse moi ton mail, si tu veux plus d'infos sur ces forums et en discuter
plus sérieusement. Le mien (bott55@wanadoo.fr)
PS. Je m'excuse d'avance pour la longueur de ce post qui va sûrement en
énever plus d'un et qui à vraiment de dévier du sujet de base
Pierre
inscrit le 14/11/03
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