rocky444 disait: Moot évolue dans un monde bien incertain. Tout comme un trader, il utilise des modèles qui sont remis en question par le réel.
Le propre du scientifique (au contraire du trader) est de douter. De se dire que la réalité est supérieure aux modèles, et que ces derniers peuvent s'écrouler tout à coup.
En ce qui concerne les neutrinos, voici un exposé de l'affaire :
1° ces particules interagissent très faiblement (l'interaction en question est à ce titre qualifiée de "faible", c'est son nom) avec la matière. Leur existence fut prédite dans les années 30 pour expliquer un apparente non-conservation d'énergie.
2° ainsi, un détecteur de neutrinos, malgré sa grande taille (plusieurs tonnes à plusieurs milliers de tonnes de matière active), détecte une partie infime de neutrinos par rapport à ceux qu'il reçoit. Un sur un gros paquet de milliards, un tel paquet de milliards que même en additionnant tous ceux qui passent entre les mains de Stug l'amibe et ses congénères pendant mille ans, ça fait peanuts à côté.
3° quand on a pu concevoir un détecteur de neutrinos, on essayé de mesurer le flux de ces particules en provenance du soleil, estimé à dix milliards par centimètre carré et par seconde (à toute heure du jour et de la nuit car, en raison de la faiblesse de l'interaction avec la matière, la terre est traversée de part en part quasiment sans perte). Or la comparaison entre un flux calibré d'origine terrestre (réacteur nucléaire) et le flux solaire a montré que le détecteur était trois fois moins efficace (on devrait dire trois fois plus inefficace tant l'efficacité est faible) pour capter ces neutrinos solaires que pour capter des neutrinos produits juste à côté, sur terre.
4° comme la théorie prédisait l'existence de trois types de neutrinos et que le détecteur n'était sensible qu'à un seul des trois, on a compris que le soleil "crachait" les trois types indistinctement, en proportion de 1/3 du total chacun.
5° or l'origine des neutrinos solaires est telle que seul le type "ordinaire" peut être produit en son intérieur : les réactions nucléaires qui ont lieu en son cœur sont les mêmes que l'on sait effectuer expérimentalement sur terre. Par conséquent, avant de nous parvenir, au cours de leurs huit minutes de trajet jusqu'à nous, les neutrinos solaires "ordinaires" à l'origine) se transforment périodiquement en ceux des autres types, on dit qu'ils "oscillent".
6° la théorie avait prédit cela, la seule condition étant que les neutrinos aient une masse non-nulle. Mais on est certain que cette masse est très faible, parce que les neutrinos voyagent quasiment à la vitesse de la lumière. Par exemple, sur un trajet de 170.000 ans (on a capté ceux émis lors de la supernova de 1987), le décalage n'est pas mesurable : les neutrinos et les photons (lumière) arrivent pour ainsi dire en même temps.
7° en définitive, les mesures actuelles donnent une limite supérieure à la masse du neutrino "ordinaire", et la différence entre sa masse et celle des deux autres sortes de neutrinos "exotiques".
On suppose qu'ils ont une masse, mais on ne connaît pas la valeur de cette masse.
inscrit le 29/08/10
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