Vous avez lu notre précédent article sur le secours en montagne. Vous êtes plutôt rassuré deSi vous avez peur de perdre vos moyens le jour où vous avez à gérer un secours en montagne, sachez,
savoir que le jour où vous en aurez besoin, vous serez secouru. Sauf que... Ce jour, vous
préférez ne pas y penser. Vous espérez bien ne jamais avoir à appeler les secours. Vous redoutez
de ne pas savoir quoi faire ? De paniquer ? De ne pas arriver à faire face ? Détendez-vous. Nous
avons recueilli quelques témoignages et conseils auprès des gens de l’art pour vous y préparer.
« Dans un groupe en ski de rando ou en raquettes, il arrive que le leader soit le seul à savoir où il se trouve et où il va », évoque l’adjudant Nicolas Grandjean, secouriste au PGHM 38. « La personne qui passe l’alerte sait parfois à peine dans quelle direction est parti le groupe et elle est incapable de dire où elle est ! »
Or, savoir dire où vous vous trouvez, c’est un peu… comment dire… la base, pour qu’on vienne jusqu’à vous. « Quel que soit le groupe, même pour une sortie en famille, il faut que tous les participants connaissent l’itinéraire emprunté et le sommet qu’ils vont faire, c’est important », rappelle Nicolas Grandjean. Alors, dans le briefing de départ, petite interro pour tout le monde sur l’objectif et le parcours !
Si malgré tout vous ne savez pas où vous êtes, sachez demander à votre téléphone les coordonnées exactes de votre position pour les transmettre lors de votre appel au 112. Si vous ne savez pas où les trouver, le permanencier vous y aidera et vous guidera pour activer les paramètres de votre téléphone qui permettront de vous géolocaliser.
Notez que si vous ne l’avez jamais fait, c’est une bonne idée de vous familiariser (maintenant) avec cette fonctionnalité de votre téléphone, ou de l’appli GPS dont vous disposez. Cela pourrait vous servir un jour, la preuve…
Le souci principal de Fred Girard, guide de haute montagne et plusieurs fois concerné par des secours en montagne, c’est de pouvoir entrer en relation avec les secours en cas de besoin. L’une des situations qu’il a vécues n’y est pas pour rien dans cette préoccupation ! C’était à Tignes, dans la face nord de Pramecou, un hors-piste classique, et il faisait grand beau. Ce jour-là, ils sont trois. « On a skié l’un après l’autre, et le troisième a skié un peu plus vite et impacté un morceau de neige dure. Il est parti en roulant en vrac dans la pente. On pensait qu’il avait perdu connaissance. Il a évité par chance une petite barre rocheuse, et quand il s’est arrêté, il s’est mis à hurler de douleur en se tenant la jambe. On était 100 mètres en dessous, mais il y avait vraiment beaucoup de neige. » Le deuxième copain remet aussitôt les peaux et remonte. Il va prendre soin du blessé, lui enlever son sac à dos, lui mettre une couverture de survie, faire un petit bilan. Fred, lui, déclenche les secours. « J’ai galéré avec la radio pour déclencher le relais. Finalement j’ai appelé le 112 avec mon portable. On s’entendait mal, la communication était difficile. Pour finir, j’ai échangé par SMS avec le PGHM de Bourg-Saint-Maurice, je leur ai envoyé les coordonnées GPS de notre position et ils sont arrivés assez vite. Je ne suis pas remonté, je suis resté là où j’avais un peu de réseau, j’avais trop peur de perdre le contact avec les secouristes ! » Une demi-heure après leur échange de SMS et l’envoi des coordonnées GPS, l’hélico arrive, dépose un secouriste en appui patin, et revient chercher cinq minutes plus tard le secouriste et le blessé, conditionné pour le transport.
Aujourd’hui, l’appel au 112 par téléphone pour déclencher les secours passe à peu près partout. Ce n’est pas une question d’opérateur ni de zone de couverture correspondante, car tous les opérateurs ont obligation d’acheminer un appel au 112, quel que soit l’abonnement dont il provient. Ce n’est pas tout d’emmener votre téléphone, assurez-vous aussi (voire surtout) qu’il est bien chargé !
Les guides et autres professionnels de la montagne peuvent également utiliser la radio (réseau radio sécurité Dauphiné). Pour les personnes concernées, sachez que si l’envie vous en prend, vous pouvez faire un test radio pour ouvrir le relais du coin : « Quand les gens nous appellent pour un essai radio, on répond, c’est notre job ! » assure Nicolas Grandjean. « Souvent on leur demande où ils sont, ce qu’ils vont faire, combien ils sont… C’est l’occasion d’un petit échange avec le chef de salle qui est là pour 24 heures.»
Quand la situation ne semble finalement pas si grave, en particulier quand il n’y a pas de blessé mais que l’on est juste égaré, on est souvent pris dans un tourbillon de sentiments où se mélangent honte, honneur, excès de confiance en soi, manque de confiance en soi, etc. Remballez tous ces états-d’âme parasites, vous ferez le tri une autre fois, et restez factuel. C’est principalement l’heure et les conditions météo qui doivent vous décider et vous convaincre d’appeler les secours. La règle : ne pas hésiter, et ne pas tarder !
« Là où c’est problématique, c’est en hiver, parce que les gens attendent 17h30 pour appeler, parce qu’ils n’ont pas de frontale, et qu’ils ont essayé de se débrouiller seuls tant qu’ils pouvaient. Alors que s’ils avaient appelé avant, on aurait pu aller les chercher de jour, ce qui est largement préférable, ou même simplement les guider à distance, les surveiller jusqu’à leur voiture en faisant un tracking, cela arrive souvent, et il n’y a aucune honte à demander ce genre d’aide » temporise le major Christophe Rousset, secouriste à la CRS Alpes de l’Isère. Il évoque un secours de ce type il y a deux ans, alors en poste dans les Pyrénées, où l’équipe était allée chercher un couple de randonneurs en raquettes égaré, qui s’était résigné à appeler à la nuit et une fois le mauvais temps arrivé, contraignant les secouristes à intervenir en terrestre. «Même si c’est humain de vouloir s’en sortir tout seul, il y a des dizaines d’histoires comme ça. Cette fois-là, quand on est arrivés, on a senti un peu de tension dans le couple », ajoute-t-il pour le clin d’oeil.
Dans les différentes situations d’accidents où il a été confronté à la nécessité d’appeler les secours, Fred n’a jamais hésité, ni attendu. « Il y a toujours ce dilemme d’avoir peur d’abuser, de bloquer une équipe pour rien s’il y a au même moment un besoin plus urgent ailleurs. Mais si après coup on se rend compte qu’il n’y a pas besoin de secours, on peut toujours rappeler dix minutes après pour dire que finalement tout va bien ! Dans tous les cas un échange avec les secouristes peut aider à estimer la gravité, à se rassurer. »
De même, exploser l’horaire, cela arrive à tout le monde, et ce n’est pas grave en soi. À condition de faire le nécessaire. En commençant par prévenir la personne à laquelle on avait annoncé sa sortie et son horaire de retour. Ou toute autre personne que l’on sait capable de s’inquiéter et… d’appeler les secours. « On a régulièrement des appels de gens qui s’inquiètent parce qu’ils n’ont pas de nouvelles d’amis ou de proches partis en montagne, et qui rappellent une demi-heure après en disant « finalement c’est bon, ils sont là ». On a le droit d’être en retard, mais c’est bien de le faire savoir ! », résume l’adjudant Grandjean. Ce qui évitera, dans certains cas, de faire décoller l’hélicoptère pour une inutile reconnaissance.
« Dans le bassin grenoblois, on a souvent des appels de gens qui nous signalent qu’ils voient des frontales dans la montagne. Les randonneurs qui sont à l’origine de ces lumières doivent se douter qu’ils vont être repérés, ils peuvent tout à fait nous appeler et prévenir qu’ils vont bien, il n’y a aucune honte ! On leur dit juste de nous tenir au courant quand ils arrivent à leur voiture », confirme son homologue Christophe Rousset.
Vous le savez depuis toujours, les situations d’urgence ne sont pas votre point fort. Et s’il y a une goutte de sang, n’en parlons pas. Et pourtant, si un jour tout repose sur vous, il faudra faire face. Rassurez-vous, vous ne serez pas le premier à être un peu dépassé. « C’est normal et compréhensible de perdre ses moyens, et ça arrive assez régulièrement, observe le secouriste du PGHM. Si au moins la personne a réussi à appeler les secours, c’est déjà bien ! » Voilà qui est encourageant. D’autant qu’une fois la communication établie, les secouristes, formés et rodés aux situations d’urgence, sauront vous rassurer, vous guider, vous aider à vous calmer, vous poser les bonnes questions et vous dire ce qu’il faut faire. Bref, vous coacher calmement à distance. Et rien que cette voix, ça va aider à faire baisser la pression. La vôtre, et celle de la victime, à qui vous allez pouvoir dire « C’est bon, ils arrivent… »
Une fois sur zone, l’équipe de secours va vous prendre en compte, si c’est nécessaire. « Parfois, il m’arrive de faire participer la personne au secours, de l’impliquer, de lui faire baliser la zone en amont par exemple si c’est un endroit fréquenté, pour focaliser son attention sur autre chose, et qu’elle ne culpabilise pas », illustre Nicolas.
C’est un peu ce qu’a fait Fred lors d’une sortie, cette fois en escalade, à l’été 2022, au Rocher du Midi, en Chartreuse, où il était parti dans la Voie de la Grotte avec un client. Ils se retrouvent tous les deux témoins d’un accident assez grave dans la cordée de trois jeunes qui les précède. Le leader a fait une erreur d’itinéraire, il est en dehors du tracé quand un bloc énorme se détache et l’emporte dans sa chute. Il y a des cris, la chute du grimpeur - tête en bas - est impressionnante, mais les jeunes appellent les secours et arrivent à mouliner le blessé au sol. Fred descend en rappel, le rejoint au pied de la falaise et passe un rapide bilan, puis les secours décollent du Versoud, juste en face, et sont très rapidement sur place pour gérer la suite. Mais pour Fred, ce n’est pas fini : « Je n’ai pas pu faire grand chose pour les jeunes pendant le secours car mon client était hyper choqué et complètement paniqué. J’étais obligé de le gérer, on était nous-même au premier relais, mais il était tellement hors service qu’il fallait qu’on redescende. Quand on a été au sol et que l’hélico était parti, on a pris le temps de se poser, de verbaliser l’émotion. Finalement on a fait un plan B beaucoup moins engagé. Mais c’était un client qui avait de l’expérience, qui pratique beaucoup. S’il avait été ce jour-là leader d’une cordée à côté, il aurait été bouleversé, et sans doute peu à même de gérer un secours », conclut Fred.
Ce qui est sûr, c’est que personne ne vous demande d’être un super héros, comme l’illustre le secouriste du PGHM : « Passer une alerte correctement et rester aux côtés de la victime en suivant les préconisations données au téléphone, c’est déjà très bien. »
Inversement, si vous vous sentez parfaitement à même de gérer la situation, n’en omettez pas pour autant d’écouter et de respecter les consignes des secouristes, et ne prenez pas d’initiatives, du genre diviser le groupe ou vous déplacer de l’endroit que vous avez indiqué…
Si vous êtes totalement désemparé devant la situation, les secouristes vont vite s’en apercevoir et vous guideront : « On va demander à l’appelant un petit bilan pour cerner la pathologie. S’il a des notions de secourisme, c’est bien, mais sinon on l’oriente et on demande ce qui est important, comme par exemple, en cas de traumatologie, les circonstances de l’accident, la vitesse de la chute, la hauteur, l’évaluation de la douleur, la présence d’une déformation, l’équipement de la victime… En cas d’avalanche, on demandera si la victime a un DVA, s’ils ont fait le test au départ, combien de personnes ont été ensevelies, et on va orienter les questions pour évaluer l’ampleur de l’avalanche », illustre-t-on, côté secouristes.
Vous n’aurez donc « qu’à » répondre aux questions, et suivre les consignes pour faire un bilan rapide et réaliser les gestes de premiers secours, évaluer l’état de la victime, prendre les « constantes » (pouls et ventilation). Y compris dans les situations les plus dramatiques. « Ça nous est déjà arrivé d’expliquer à distance par téléphone comment se placer et comment faire un massage cardiaque », relate le major Christophe Rousset.
Si vous ne l’avez pas, vous pouvez penser à passer votre PSC1 (Prévention et secours civiques niveau 1), en plus, ça peut servir n’importe où. « Quand on part en montagne, c’est fondamental de connaître les gestes de premiers secours, de savoir analyser un état de conscience respiratoire et circulatoire. Sur une avalanche, sur un malaise cardiaque, c’est le premier maillon de la chaîne et c’est ça qui peut sauver avant l’arrivée des secours », renchérit Christophe.
« Dans ma trousse de secours que j’emporte systématiquement, j’ai une petite fiche-bilan type, ça aide bien, ça évite d’oublier des trucs importants », explique Fred. Pour lui, avoir des notions de secourisme, c’est carrément indispensable. Et il sait de quoi il parle.
Lors d’une belle journée d’avril, ensoleillée et sans vent, avec de super conditions de ski, sa sortie dans la face nord du Combeynot, au col du Lautaret, a failli tourner au drame. « On était quatre, dans une face où on se voyait tous skier, mais on était méfiants car il y avait beaucoup de neige, donc on skiait un par un. Le dernier part, on le regarde du bas, et on le voit faire une erreur et tomber dans ce manteau neigeux très épais, donc on ne s’inquiète pas tout de suite, limite on se moquait de lui ! », se rappelle Fred. Ce qu’ils n’ont pas vu, c’est que leur copain a impacté un gros caillou sous la neige. « Il était semi-assis dans la neige, il ne répondait pas. On a remis les peaux, on a mis 10-15 minutes pour remonter jusqu’à lui parce qu’on était assez bas, et là je le vois se tenir la cage thoracique de douleur. Tout de suite ça m’alerte, je fais un bilan rapide, on sort la couverture de survie, pendant qu’un des copains déclenche les secours. Là, le blessé me dit qu’il a hyper soif, ce qui m’a tout de suite fait penser à une hémorragie interne. » Cette suspicion est mentionnée au PGHM de Briançon, qui débarque 40 minutes plus tard en hélico avec le médecin qui médicalise sur place, avant transport à l’hôpital pour un pneumothorax et quatre côtes cassées… « Il n’y avait rien de visible, alors que c’était un gros choc interne. Il ne fallait pas que ça dure plus longtemps », conclut Fred.
Si vraiment vous n’y connaissez rien en matière de secourisme, pensez au moins au froid, car le problème principal en hiver, c’est l’hypothermie. Si l’on ne suspecte pas de traumatisme du dos, on pourra isoler la victime du sol au moyen d’une couverture de survie, et si on a un doute, on se contentera de la couvrir et d’éviter qu’elle ne se refroidisse trop vite, ce qui sera mieux que rien : « Si le secours est rapide, ça ira, mais si la victime saigne, ou que le secours est plus long en raison de la météo, ça fait des facteurs aggravants, relate Nicolas. Une entorse à ski, ce n’est pas si grave, mais si la victime a froid, elle se met à trembler, ça aggrave la douleur, et la situation en général ».
Illustration avec une mésaventure arrivée il y a quelques années à Fred lors d’un hors-piste débonnaire entre la station de Saint-Pierre-de-Chartreuse et le hameau de Perquelin, à proximité du domaine. En tapant une souche en forêt à petite vitesse, son pote chute et se luxe l’épaule. Il ne peut plus bouger le bras mais comme il n’allait pas vite à cet instant, ce n’est pas alarmant, ils ne sont pas loin de la station, les choses se présentent plutôt bien. Fred, lui-même pisteur-secouriste à l’époque, appelle les secours. « On avait quitté les pistes et on n’était pas très loin, mais suffisamment pour que ça soit plus compliqué. J’expliquais où on était, d’abord aux pisteurs que j’ai eu en premier, puis au PGHM que j’ai eu ensuite, et ça a pris beaucoup de temps. Il neigeait énormément, l’hélico ne pouvait pas voler, finalement les secouristes sont venus en caravane terrestre ». Au final, deux heures d’attente pour nos deux skieurs, pourtant à 200 mètres d’une route et cinq minutes d’une piste de ski ! Pendant ce temps, le froid gagne rapidement la victime immobile, malgré la couverture de survie. « C’était beaucoup d’attente pour quelque chose de pas très grave, se remémore Fred, mais à cause des difficultés à expliquer où on était, et des mauvaises conditions qui empêchaient l’hélico de voler, ça a été beaucoup plus long. Heureusement que ce n’était pas plus grave… »
Si votre secours s’annonce héliporté, vous penserez à donner les infos clés au permanencier que vous aurez en ligne, telles que la météo sur zone, la force du vent et sa direction, la visibilité, la présence d’obstacles (câbles ou lignes électriques). Si vous n’avez aucune idée de ce que vous devez lui dire, n’ayez pas peur d’oublier des infos importantes : les secouristes, eux, n’oublieront pas de vous demander ce qu’ils ont besoin de savoir ! « C’est compliqué pour quelqu’un qui n’est pas expert, de comprendre ce que le pilote va percevoir. On va plutôt demander à l’appelant ce qu’il voit, et c’est l’équipage qui jugera, et qui se posera où il le décide », précise le major Rousset.
Ensuite sachez qu’un hélicoptère, cela fait énormément de bruit, de vent, et ça déplace tout ce qui n’est pas bien rangé, ni attaché. Et surtout beaucoup de neige ! « Ça m’est déjà arrivé de faire poser l’hélico, mais même avec l’habitude, à chaque fois je suis surpris de voir à quel point ça brasse ! J’essaye de tout ranger, de mettre mon masque, mais même en le sachant ça surprend ! », raconte Fred.
L’un des bons réflexes est de mettre le groupe à l’abri dans une zone sécurisée, et de faire le ménage sur zone : pas de skis ni de bâtons plantés à la verticale dans la neige, pas d’affaires en vrac ! Tout doit être rangé, les sacs fermés, les affaires à plat et maintenues au sol, avec un accompagnant qui reste accroupi immobile à côté de la victime.
Vous pouvez accueillir l’hélicoptère avec le signe universel des bras levés en Y, puis vous accroupir au sol une fois qu’il vous a repéré (il vient sur vous). C’est d’autant plus utile s’il y a du monde dans les parages. « Si les gens ne se manifestent pas, on cherche plus longtemps », confirme Nicolas, qui ajoute que « savoir se signaler avec les deux bras, en faisant le Y pour oui et le N pour non, ça fait partie des basiques à connaître ». Sachez que sous le couvert forestier, ou sur un fond de falaise rocheuse, on n’est pas facilement repérable depuis le ciel, donc pensez à vous rendre visible avec de la couleur.
Une fois la machine posée, la vigilance reste de mise. Et surtout, « il ne faut pas s’approcher de l’hélico, même pour rendre service et aider à porter un sac ! », prévient Nicolas. Quand la machine entre en scène, pas d’initiatives. Si vous êtes aux côtés de la victime, restez immobile, établissez le contact visuel avec l’équipage et attendez qu’il vous fasse signe de venir, ou qu’il vienne à vous. Là encore, laissez-vous driver.
Rappelons, si nécessaire, que pour réagir en cas d’accident en ski ou raquettes, la base demeure d’être équipé de la trilogie DVA-pelle-sonde et sac airbag pour ceux qui en ont, d’emporter le matériel minimal (couverture de survie, frontale, vêtements chauds supplémentaires, et ce, même si on a prévu de rentrer à 14 h), de consulter la météo et le BERA, et d’adapter sa sortie en fonction de ces éléments et de son niveau. « Au delà des risques inhérents à la pratique, on va régulièrement chercher des gens en mauvaise posture dans une activité qu’ils connaissent trop peu avec des risques qu’ils ne savent pas évaluer et qu’ils auraient pu éviter en étant accompagnés par un guide en ski de rando ou un AMM en raquettes, ou encadrés dans un club de type Club Alpin Français où l’on forme progressivement les pratiquants à l’autonomie », constatent les deux secouristes.
Dans l’équipement de base, n’oubliez pas non plus de prendre un pote. Un bon pote, entraîné - comme vous -, et sympa, ça ne gâche rien. Car lorsqu’on part seul en ski de rando, même bien équipé, en cas d’avalanche ou de blessure, s’il n’y a personne pour donner l’alerte, le déclenchement du secours prend inévitablement beaucoup de retard. Et se transforme souvent en « recherche de personne », ce qui est très différent… « Rien ne vaut un camarade qui est présent et qui appelle le 112 ! » martèle l’adjudant Grandjean.
Bien sûr, on ne vous souhaite pas le moindre pépin de toute la saison, et encore moins « le pire ». Mais si chacun a sa définition du pire, l’avalanche reste probablement la situation la plus complexe et la plus délicate.
L’enchainement des actions doit être clair dans votre tête pour qu’il puisse être quasiment automatique : passer l’alerte tout de suite, savoir décrire l’avalanche et ce qu’il s’est passé, savoir utiliser son DVA pour secourir, parce que « le meilleur secouriste, c’est la personne avec qui on sort », lance Nicolas Grandjean pour illustrer combien, dans ces situations-là, les minutes sont précieuses. Et dites-vous bien qu’elles le sont aussi du côté du secours en montagne : « Dès qu’on entend le mot « avalanche », tout est priorisé, on démarre tout de suite, il n’y a pas une minute à perdre, on sait que le temps est compté. »
Très important aussi, la gestion du groupe. Qui prend le lead et donne les ordres ? Qui fait la recherche DVA ? Qui appelle les secours? Rien de tel qu’un entraînement pour mesurer combien, déjà au calme, l’organisation d’un groupe ne coule pas de source. Et pourtant, elle peut être salvatrice. « Il y a quelques années, on a reçu un appel pour une avalanche au Grand Colon, dans Belledonne. C’était un groupe de randonneurs en raquettes qui n’étaient pas impliqués dans l’avalanche mais l’avaient vu se déclencher et emporter un skieur. Ils se sont hyper bien organisés et ont pris les choses en mains en se répartissant les rôles, il y a eu beaucoup de temps de gagné grâce à leur organisation efficace », relate Christophe Rousset.
S’entraîner est donc essentiel. Car le jour J, le stress s’invite et ce n’est pas toujours un allié. « Plus l’accident est grave, plus c’est normal de se sentir dépassé par l’événement, c’est pour ça qu’il est primordial de s’entraîner régulièrement au secours en avalanche, car on sait qu’aussi solide soit-on émotionnellement, on est vite démuni quand c’est le copain qui est en-dessous », résume Nicolas Grandjean. Et d’ajouter : « Le secours, ça reste un métier. »
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