On a parlé casques de ski de rando avec Vivian Bruchez et Enak Gavaggio

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On a parlé casques de ski de rando avec Vivian Bruchez et Enak Gavaggio

Et d'autres personnes bien placées pour nous éclairer sur le sujet !
article Petzl
Staff
letapir1997
Texte :
Photos :
Clayton Hermann

Le début de saison est souvent l'occasion de refaire le point sur son matos, mais aussi de mettre à jour ses connaissances, histoire d'aborder l'hiver à venir dans les meilleures dispositions possibles. Et comme chez skipass, nous n'échappons pas à la règle, nous avons nous aussi préparé la saison (dès cet été !), pour faire le point en matière de casques pour une pratique ski de randonnée.

Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur les compétences d'une équipe valeureuse, aux profils et expériences variés, que nous avons réuni dans les locaux de Petzl à Crolles. Côté athlètes, ce sont Vivian Bruchez et Enak Gavaggio qui ont fait le déplacement afin de nous partager leur point de vue sur le sujet, et la manière dont ils envisageaient le port du casque en rando et en freeride. Côté fabricants, nous avons échangé avec Nicolas Defude, chef de produit casque et masques chez Julbo, qui nous est venu du Jura, et Clément Benoit, chef de projet bureau d'étude casque chez Petzl. Et comme on avait encore besoin d'y voir un peu plus clair en matière de normes, certifications et labels, nous avons sollicité le précieux éclairage de Mickaël Lhermitte, responsable conformité règlementaire des produits.

Normes, labels, comment sont-ils définis ?

Histoire de tous parler le même langage dans la suite de l'article, prenons un peu de temps pour définir quels sont les normes, certifications, et labels qui encadrent nos casques de ski. Avant de pouvoir parler du ski de randonnée, il faut s'intéresser aux casques de ski alpin, et aux casques d'escalade, comme vous allez le comprendre.

Les normes

Les casques que nous utilisons étant considérés comme des EPI (Eléments de protection individuels), leur mise en circulation sur le marché est régie par le règlement européen, qui défini les exigences de sécurité auxquels ils doivent satisfaire. Le marquage "CE" indique qu'un produit est conforme à l'ensemble des exigences fixées par la législation de l'Union Européenne.

Pour le ski alpin, les casques sont réglementés par la norme EN 1077 en Europe, qui se divise en deux sous-ensembles : la catégorie A, pour les casques présentant une couverture intégrale (plutôt dédiés à la compétition), et la catégorie B, pour les casques qui présentent une partie souple au niveau des oreilles. C'est cette seconde catégorie qui équipe les têtes de la majorité des skieurs sur les pistes de ski.

Les casques d'escalade et alpinisme sont eux, encadrés par la norme EN 12492 sur le marché européen.

Enfin, par souci d'exhaustivité et de bonne compréhension des fiches produits, ajoutons que l'UIAA, l'Union Internationale des Associations d'Alpinisme a également mis au point sa propre norme pour les casques d'escalade : la norme UIAA 106. Plus sévère que la norme européenne, notamment en matière d'absorption, son obtention n'est cependant pas une condition sine qua none à la mise en circulation sur le marché. Elle atteste pour ces casques d'un niveau de protection supérieur à un modèle uniquement normé EN 12 492. 

C'est bon vous êtes toujours là ? Allez on vous explique un peu ce qu'il y a derrière ces normes. Respirez, ça va bien se passer.

Le protocole de test

Pour satisfaire à une norme, les casques passent un protocole de test, qui tente de reproduire de manière standardisée les situations accidentogènes induites par la pratique ciblée

Pour un casque de ski alpin, 4 critères sont examinés : 

  • La zone de couverture sur la tête
  • La résistance à la pénétration : on fait ainsi chuter une tête casquée sur un cône dont la pointe présente un angle de 60° (oui on a le souci de l'exhaustivité)
  • L'absorption de choc : on fait là chuter la tête casquée sur une surface plane
  • La résistance de la jugulaire, afin de s'assurer que le casque ne saute pas de la tête du skieur en cas de faible choc.

Ces valeurs sont des minimums auxquels les casques doivent répondre, mais selon les modèles, on peut parfois se trouver à des niveaux de résistance bien supérieurs

Pour les casques d'escalade, les tests suivants sont menés sur un casque posé sur une tête fixe :

  • L'absorption d'énergie aux chocs verticaux.
  • Le test de rétention, qui valide que le casque reste bien sur la tête en cas de choc
  • Le test de perforation, avec une chute de cône qui valide la résistance à une chute de pierre
  • La déformation de la jugulaire, qui ne doit pas dépasser 25mm sous 50kg de tension

Par ailleurs, les normes ne s'excluent pas entre elles, et un casque peut tout à fait obtenir les deux s'il passe les tests des deux normes. 

Vous êtes toujours là ? On passe à la certification !

La certification ski de rando 

Afin de répondre au mieux aux contraintes liées à la pratique du ski de rando, certains fabricants ont décidés de travailler à la définition d'une certification "ski de rando". Comme il n'existe actuellement aucune norme en la matière, le cadre juridique autour de cette pratique évolue à mesure que les fabricants innovent en développant de nouveaux produits, et en mettant au point des tests standardisés qui viennent documenter les caractéristiques de ces produits. Comme nous le dit Mickael Lhermitte, responsable conformité règlementaire des produits chez Petzl « lorsque l'on développe des produits innovants sur un marché de niche, il y a forcément une période durant laquelle on évolue dans une zone grise ». Ces certifications sont co-développées par les fabricants avec un laboratoire de certification en l'absence de référentiel européen existant jusqu'alors. Chez Petzl, les Sirocco et Meteor présentent ainsi la certification CE ski de randonnée PSCR-002 (PSCR pour protocole casque ski de rando). Celle-ci est notamment également utilisée par d'autres fabricants pour certains de leurs modèles (le Salathe d'Edelrid présente par exemple la même certification).

Un dernier paragraphe un peu technique et promis on parle ski !

Le label

Dernier niveau de garantie pour le client : le label. Il est issu d'une démarche volontaire de la part d'un fabricant, qui s'impose de satisfaire à des contraintes fixées dans un cahier des charges défini. Le respect du cahier des charges du label, contrairement à la norme, n'est pas une condition sine qua none à la commercialisation du produit. 

Chez Petzl, le fabricant français a fait le choix d'étendre les protocoles de tests des normes UIAA 106 et EN 12 492, qui ciblent principalement la partie sommitale du casque, au pourtour de celui-ci, afin de fournir à son porteur des garanties concernant les chocs frontaux, latéraux, et arrières. C'est le label "Top and Side"

Le protocole de test est simple : une masse de 5kg est lâchée sur l'avant, l'arrière, et chaque côté du casque, depuis une hauteur de 50cm. Le postulat derrière le développement de ce label est de proposer un casque qui protège au delà de la chute de pierre, et d'avoir un casque qui offre davantage de polyvalence et de garanties. Le "Top and Side" est désormais étendu à l'ensemble de la gamme de casques sport Petzl, puisqu'on le retrouve sur le Sirocco, le Meteo, et le Boreo.


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Et le ski de rando dans tout ça ?

On vous parle ski alpin, on vous parle escalade, tout ça dans un article qui titre sur le ski de rando : vous vous dites qu'il y a tromperie sur la marchandise ? Si vous êtes toujours là, c'est déjà bon signe. Il est vrai que cette "petite introduction" était pour le moins généreuse, mais nous tenions à débroussailler la réglementation et l'offre actuelle en matière de casques, afin d'y voir plus clair pour la suite.

Pour le ski de randonnée, il n'existe actuellement aucune norme en la matière qui encadre la commercialisation des casques dédiés à la pratique :il n'existe actuellement que des compromis entre sécurité et confort, que les pratiquants font plus ou moins en conscience.

On vous a parlé plus haut des casques double norme : des modèles qui répondent à la fois aux critères exigés par la norme ski alpin, et à la fois à la norme escalade. On pourrait imaginer qu'ils représentent là la meilleure solution, puisque l'on est ainsi doublement protégé. Encore mieux : on pourra utiliser son casque pour plusieurs activités.  Si ces modèles représentent une alternative intéressante, ils ne sont pas forcément adaptés à tous les skieurs de randonnée.
Tout d'abord, la norme ski alpin induit une grande couverture du crâne, ce qui est une excellente chose en matière de protection, mais qui empêche d'avoir un casque bien aéré. Ce qui peut-être fort gênant lors de la remontée d'une pente verglacé, où celle d'un couloir encaissé. Dans cette situation, le port du casque se révèle tout indiqué, soit pour se protéger d'une éventuelle chute, soit de chutes d'objets en tout genre venus du haut (pierres, glace, neige). Cependant, si l'on fait le choix d'une protection maximale avec un casque alpin, on peut facilement se trouver incommodé par l'effet cocotte minute procuré par l'absence de ventilation, et être tenté de laisser le casque dans le sac, ou être découragé par son poids et le laisser dans le coffre de la voiture. En termes de poids, les casques double norme pèsent généralement autour de 350g (410 pour le The Peak avec oreillettes, 320 pour le The Peak LT sans les oreillettes), tandis qu'un casque d'alpinisme avoisine plutôt les 200g (240g pour le Meteor, 170g pour le Sirocco). En fonction du dénivelé de la journée, ça compte !

A l'inverse, un skieur plus tourné vers le freeride backcountry aura évidemment tout intérêt à mettre le curseur côté protection plutôt que côté ventilation, si l'accès à ses itinéraires se fait par gravité ou par une courte montée. 

En la matière, on reste sur une affaire de compromis pour trouver le casque qui nous apporte le meilleur niveau de sécurité, c'est à dire, un casque que l'on porte le plus possible (donc pas dans le coffre), tout en apportant une protection proportionnée aux risques induits par notre pratique. 

Processus de developpement

Chaque marque organise à sa manière son processus de développement, en articulant design, prototypage, apport des athlètes, pour arriver au produit fini. 

Chez Julbo, le développement de la gamme rando s'est fait en partant du savoir faire acquis sur les gammes de casques de ski alpin déjà existantes. La marque jurassienne a ainsi adapté ses produits en proposant un modèle qui soit un casque de ski alpin allégé, afin de pouvoir être embarqué à la montée, et qui soit également aéré au maximum, le tout dans le respect de la norme EN 1077. C'est ainsi qu'est née la gamme The Peak, composée de trois modèles pesant entre 360 et 410g sur la balance, et satisfaisant à la norme ski alpin. Cette gamme se destine plutôt aux skieurs qui privilégient à la descente, et pour qui la protection garantie par la norme EN 1077 est indispendable

Chez Petzl, on pourrait dire que la démarche est presque inverse : afin de développer ses casques adaptés au ski de randonnée, le fabricant isérois s'est appuyé sur ses gammes d'escalade, qu'elle a "renforcé" afin de leur permettre de résister aux contraintes liées à la pratique. C'est cette démarche qui a notamment conduit au développement du label "top and side", les nouvelles versions des Meteor et Sirocco on été conçues pour être résistantes à des chocs qui ne concernent pas que la partie sommitale du casque. L'idée est de proposer des casques qui soient portables tout au long de la sortie, à la montée comme à la descente, en restant confortables tant sur le système de ventilation que sur la ventilation, afin d'être protégé tout au long de la sortie sans se poser de questions.

Les choix d'Enak et Vivian

Lorsque l'on demande à nos deux athlètes de nommer leur couvre-chef fétiche, si l'on sent que Vivian hésite entre plusieurs réponses, du côté d'Enak, la réponse fuse assez rapidement : "un bonnet !" Pour la promotion de la sécurité, on repassera, mais cette posture a le mérite d'aborder un point de vue assez répandu chez les skieurs, en particulier chez les adultes (ce sont le satistiques qui le disent !). Selon des chiffres du Système National d’Observation de la Sécurité en Montagne (SNOSM) datants de 2023, qui portent sur l'accidentologie sur domaines skiables (donc hors rando, où il n'existe pas de données), 96% des skieurs de moins de 12 ans accidentés portaient un casque, tandis que les 31-50ans n'étaient que 83% à l'adopter. Si l'on ne dispose pas de statistiques pour le ski de randonnée, il y a peu de raison d'imaginer que les adultes y portent davantage un casque que sur piste. C'est souvent parfois le contraire que l'on observe, le plus faible risque de collision avec d'autres skieurs étant mis en avant par les pratiquants pour expliquer ce choix. Pourtant, d'après les chiffres du SNOSM 2024, 96% des accidents sur piste sont dûs à une chute où le blessé est seul en cause : on se blesse donc généralement sans l'aide de personne. Et en randonnée, les dangers liés au terrains ne sont pas moindres : pierres cachés sous la neige, arbres, crevasses, chutes de pierre, ou même de glace. Sur piste, selon les statistiques 2024, les blessures à la tête occupent la quatrième place du classement de la localisation des blessures. Si on peut se dire qu'il s'agit "seulement" de la quatrième place, ce sont des blessures qui peuvent potentiellement entraîner de lourds séquelles à long terme.

L'avis d'Enak reflette néanmoins un point de vue répandu chez de nombreux skieurs aujourd'hui adultes, pour qui l'apprentissage du ski s'est fait sans casque.

Mon premier casque, je l'ai porté quand j'ai commencé le Super-G

Enak Gavaggio

Si Enak concède trouver un avantage au port du casque, c'est celui de pouvoir coller les stickers des sponsors... En termes de sensations, le port du casque est généralement vécu pour lui comme « désagréable ». Plus que l'argument du poids, c'est l'inconfort occasionné par le port qu'Enak souligne pour explique sa non-adoption du casque au quotidien  : « Le fit est hyper important : un casque plus lourd, avec un bon fit, te paraîtra plus léger ».  Pour lui, un casque qui se fait oublier n'est pas un casque léger, mais un casque que l'on ne sent pas grâce à un système de réglage optimal, et une forme adaptée.

Côté Vivian, la réponse est plutôt différente, puisque pour sa part, il porte son casque en toute circonstances, et ce, aussi bien à la montée qu'en descente

Ca date de mon stage de guide en 2011, on nous avait dit à l'époque que le port du casque augmentait les chances de survie en cas de chute en crevasse : c'est un réflexe que j'ai pris et que je garde encore

Vivian Bruchez

Des propos corroborés par l'équipe Petzl présente : les Patrouilleurs de la Grave avec qui ils travaillent font écho d'une grosse proportion de personne impactées à la tête parmi ceux qui chutent en crevase. Une bonne raison de mettre le casque dès la montée lorsque l'on évolue sur glacier. Et qui dit montée dit attention plus grande portée au poids du matériel : à quoi bon avoir un casque hyper-sécurisant, si son poids nous conduit à le laisser dans le coffre de la voiture par flemme de le porter sur un dénivelé important ? Du côté de Vivian, pas de risque de se trouver tête-nue : « je me sens un peu tout nu sans mon casque, et je ne me dis jamais qu'une sortie facile est sans risques : on évolue dans un environnement plein d'incertitudes, pour moi ça ne coûte pas grand chose de le mettre ». 


Quand on le questionne sur son casque de prédilection, il nous concède « J'en ai quatre, mais j'aimerais n'en avoir qu'un ». Pour les sorties de freeride par gravité, c'est tout pour la sécurité, avec le port d'un Julbo The Peak sur la tête, pour la petite freerando, c'est la version allégée du casque de montagne Julbo qui fait partie de l'aventure avec le The Peak LT : les quelques grammes gagnés étant appréciés pour les courtes phases de montée lors de ces journées

Pour les sorties montagne, c'est un compromis entre la protection et le confort qui est effectué. Le dénivelé étant plus important, l'idée est d'adopter un casque qui soit léger, et suffisamment aéré pour pouvoir le porter à la montée comme à la descente sans inconfort. Selon la longueur des sorties, c'est un Meteor ou un Sirocco qui l'accompagne. 

Si cet inventaire peut paraître très spécifique, il faut rappeler que Vivian est professionnel et qu'être sur le terrain quotidiennement fait partie de son métier. On peut retenir que pour la station ou la freerando par gravité, il utilise un casque normé pour le ski alpin, et que pour les sorties en peaux de phoque, il fait une concession sur la protection afin de continuer à porter son casque malgré l'effort, en utilisant un casque d'alpinisme.

Et ne croyez pas que chez les guides, c'est tout pour la sécu, rien pour le look !

Le style est hyper important              

Vivian, avec l'approbation immédiate d'Enak

La problématique est prise très au sérieux côté Petzl : lors de la sortie du Sirocco 2, son design a été travaillé pour éviter l'effet "champignon" produit par la première version. L'ambition n'était pas d'en faire un casque de freeride, mais d'éviter d'avoir un casque que les utilisateurs trouvent "moche", et qu'ils rechignent à le porter. On laisse la police du bon goût juger du design du Sirocco 2, et du 3 nouvellement sorti, mais sachez que la problématique est prise au sérieux en haut lieu.

Et vous, sur votre tête ?

L'objectif de cet article n'est pas de vous dire quoi mettre comme casque, ni même vous dire qu'il faut mettre un casque - même si lorsque nous avons contacté Vivian pour parler du projet, il s'est clairement montré enthousiaste en nous disant qu'il souhaitait inciter les skieurs à en porter un. On dit ça, on dit rien...

 Il n'existe pas en France d'obligation légale à porter un casque, mais comme dirait Enak  « il n'y a pas non plus de contre-indication à porter un casque ». Chez Petzl, la philosophie est plutôt de laisser au pratiquant le soin de procéder à son analyse des risques, ici en l'occurence pour choisir le(s) casque(s) le plus adapté à sa pratique, l'offre sur le marché étant comme évoqué plus haut, assez vaste, et présentant un éventail de produits offrant une gradation du rapport confort/protection suffisamment large pour que chaque skieur puisse y trouver son compte. 

Cet article touche désormais à sa fin, on espère que vous en avez autant appris que nous, on vous souhaite de passer une belle saison, la tête le mieux protégée possible !

Merci à Enak et Vivian pour leur partage d'expérience ! A François, Clément, et Mickaël côté Petzl pour avoir rendu cet échange et cet article possible, ainsi que pour leurs contributions. Enfin, merci à Nicolas chez Julbo, pour ses éclairages et la délicieuse pièce de comté venu agréablement agrémenter ce moment.

Cet article est une production Skipass.com réalisée avec le soutien de Petzl
Staff
letapir1997
Texte Alexandre
La justice a deux vitesses, la Lamborghini en a six

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