Mars 2021 : nous chargeons les skis dans la voiture direction Nendaz, domaine d'altitude situé au coeur du Valais, avec pour objectif de découvrir le potentiel rando et freerando des lieux en compagnie des locaux. Si là-bas, la station conserve une dimension et une ambiance familiale, le domaine tutoie pour sa part les sommets de 3000m, accessibles facilement en utilisant les remontées ou les peaux de phoques.
Nendaz se trouve au coeur des 4 Vallées : entre autres connectée à Verbier au sommet du Mont-Fort, à 3329m d'altitude. D'ici, outre le panorama grandiose que l'on y trouve sur le Bec des Rosses, incontournable face de la finale du Freeride World Tour, on peut accéder, moyennant quelques minutes de marche, skis sur l'épaule, au "backside Mont-Fort". Derrière ce terme qui désigne la partie freeride/freerando du domaine, se découvre une myriade d'itinéraires haute montagne, allant du contemplatif au freeride engagé. C'est à la découverte de ces pentes que nous sommes venus poser nos spatules, guidés par les skieurs du coin.
A l'instar de ses consœurs Valaisannes, on accède à Nendaz en longeant le Rhône, puis en serpentant entre les vignes et les abricotiers sur les hauteurs de Sion. La montée depuis la vallée est plus efficace qu'elle n'y paraît : 20 minutes suffisent pour accéder au coeur de la station, situé à 1300 mètres d'altitude. En arrivant, la découverte de l'architecture locale nous témoigne que le développement des stations suisses est passé par un pari tout autre que celui qui fut fait chez nous : même si l'impression de modernité est indéniable, l'architecture boisée et la hauteur contenue des constructions permettent de conserver une ambiance "village". Le seul établissement d'ampleur qui se trouve dans la station est le Hôtel Nendaz 4 Vallées & Spa, qui domine l'esplanade centrale de la station. Nous y retrouvons nos guides du jour : Damien, moniteur de ski, et télémarkeur invétéré, ainsi que Florian Bouvet-Fournier, dit "Caribou", notre photographe en splitboard, quebecois et nendard d'origine, de retour au pays depuis plus de 10ans. Dans le hall de l'hôtel, nous préparons la journée au son des accents valaisans, français et quebecois : la journée s'annonce chantante.
Pour cette première journée de ski, Damien, moniteur à l'école de ski locale nous emmène à la découverte des nombreux itinéraires de randonnée balisée de la station. Même si les remontées ne se sont pas arrêtées de fonctionner en 2021 de ce côté de la frontière, la station développe depuis 3 hivers des randos-parks pour permettre aux randonneurs d'évoluer sur des itinéraires sécurisés par les services des pistes de Nendaz. 5 parcours sont balisés et répartis sur la station pour permettre d'évoluer en toute sécurité, que ce soit pour découvrir l'activité, ou pour la pratiquer en tant que randonneur confirmé. Vous y trouverez de itinéraires adaptés à la découverte de l'activité, avec 320m de dénivelé, ainsi que plusieurs itinéraires pour randonneurs aguerris, dont les dénivelés avoisinnent les 800m de dénivelé. Les itinéraires de montée se situent en périphérie, pour ensuite rejoindre les pistes, et permettre une descente sereine vers la station.
L'itinéraire du jour est celui de Combatseline. Au départ de de Siviez, hameau de la station facilement accessible en navette, il serpente sur le versant ouest du Greppon Blanc. La trace commence tout d'abord à découvert, puis s'enfonce progressivement dans la forêt, dont nous apprécions la fraîcheur ce jour-là, car progressant d'une bonne foulée, le soleil de cette belle journée de mars brille déjà haut dans le ciel et nous réchauffe avec vigueur.
Nous traversons un ensemble de chalets d'alpage depuis lequel s'offre à nous au loin un magnifique panorama sur le Mont Gelé. Au vue de l'enthousiasme dont font preuve Florian et Damien en décrivant les itinéraires de la face, celle-ci semble présenter un beau potentiel d'itinéraires freeride. Nous n'aurons malheureusement pas le temps de l'explorer lors de notre séjour, et il faudra donc revenir pour réparer cet impair.
A l'arrivée de l'itinéraire de Combatseline, c'est à la rencontre d'une institution locale que nous nous rendons : bienvenue chez Suçon. Suçon, c'est Jean-Lucien Mariéthoz, figure locale qui accueille et nourrit les skieurs à 2200m d'altitude. Et si bien sûr après une bonne montée, un bon repas chaud est toujours apprécié, c'est la dégustation du "penché" qui a motivé le choix de l'itinéraire par nos guides : une liqueur de myrtille, servie d'ordinaire dans un verre penché bien sûr. Et si en temps de pandémie, la coupe traditionnelle s'est trouvée remplacée par un gobelet, la dégustation n'en vaut pas moins la chandelle, "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse".
Une fois la montée avalée et le penché descendu, plus question de remettre les peaux, nous filons à la découverte des itinéraires freeride de Nendaz ! Les remontées de la station sont aérées entre elles, et permettent aux pentes de respirer, laissant ainsi la place à de beaux itinéraires hors pistes de difficultés variées : les pentes douces à proximité des pistes côtoient des itinéraires plus typés montagne entre les faces rocheuses qui constellent le relief de la station. Nous optons (sur les bons conseils de nos guides locaux) pour le secteur du Greppon Blanc, situé au dessus de Combatseline. Moyennant le recours aux remontées et un peu de marche sur une crête, nous parvenons à nous offrir de beaux runs sous la lumière déclinante de l'après midi. Et bonne surprise : il reste quelques belles poches de poudre issue de la chute du début de semaine. Damien fait honneur à sa combinaison rouge, et fait parler la poudre en télémark, entre grandes courbes genou plié et slalom en switch.
Enfin la fermeture des remontées approchant déjà, nous rallions le Plan du Fou pour une dernière descente. Une mauvaise compréhension mutuelle nous fait hélas rater la pause au Tipi de Siviez, mais il en faut plus pour nous décourager, et nous nous rattrapons plus bas, au Bob, où l'ambiance est déjà festive pour partager une bière bien méritée !
Pour ce deuxième jour à Nendaz, nous nous rendons, toujours en compagnie de Florian, à la rencontre de Fabien, guide Valaisan, pour passer une journée sur les secteurs de haute altitude de la station. Direction le Mont-Fort et ses 3300 mètres d'altitude, que nous rallions grâce à deux téléphériques. L'ambiance dans la cabine est légère et festive ce matin, et on peut voir bouteilles et caquelons à fondue (si si !) dépasser des sacs à dos. C'est jour de finale pour le Freeride World Tour à Verbier. Et si depuis le sommet du Mont-Fort il est possible de rallier la mythique station Valaisanne, on peut également jouir d'un panorama imprenable sur le Bec des Rosses. Le temps est au grand soleil en ce jour, le spectacle s'annonce grandiose. En raison des conditions de neige, les riders prennent ce jour là le départ depuis le sommet du Petit Bec des Rosses, situé à droite de son grand frère lorsqu'on les contemple depuis le Mont-Fort. Nous nous attardons le temps de quelques runs, mais bien vite les spatules nous démangent et nous nous mettons en route.
L'objectif du jour est d'accéder au "backside Mont-fort", l'envers de la station, qui offre un accès direct sur une myriade de sommets situés à plus de 3000 mètres, bordés de glaciers. Nous mettons le cap sur le Bec des Etagnes, en empruntant quelques couloirs et descentes glaciaires. Les peaux de phoque sont également en fond de sac selon le temps dont nous disposerons, ainsi que selon l'appétit dont nous ferons preuve pour aller chasser d'autres lignes.
Nous quittons donc la plate-forme d'arrivée des remontées, et gravissons, skis sur l'épaule une petite crête mixte. Celle-ci se couche ensuite, et permet en la suivant de choisir parmi différents couloirs. Nous suivons Fabien qui nous conduit vers sa sélection du jour : un couloir à l'entrée assez large, mais plutôt exposé : il faut en effet effectuer une traversée sur la partie haute afin de contourner une barre rocheuse. La neige est encore bien dure à cette heure-là, et nous nous élançons prudemment un par un. Une fois la partie exposée passée, nous nous engageons dans la suite du couloir qui nous conduit au pied d'une crête rocheuse. Au pied de celle-ci, nous déchaussons et fixons les skis sur le sac pour remonter à pied et nous engager dans la variante des Deux cheminées, et ainsi accéder aux hauteurs du glacier du Mont Fort.
L'accès à pied nous permet de rejoindre une belle crête rocheuse qui domine le glacier, et nous prenons ici le temps d'admirer la vue. Le temps dégagé nous permet d'embrasser du regard une bonne partie des 4000 mythiques des Alpes suisses : Grand Combin, Cervin, et Dent Blanche paraissent d'un coup si proche et accessibles... mais certainement pas aujourd'hui avec nos modestes peaux de phoques ! Il faudra revenir, et la contemplation laisse maintenant place à l'action : nous chaussons les skis et nous élançons dans le sillage de Fabien sur le glacier du Mont Fort. A cette altitude, la neige est restée très agréable et nous nous offrons une belle descente en direction de l'épaule du Bec des Etagnes. Un repeautage nous permet d'atteindre, moyennant quelques conversions, l'épaule en question où nous rejoignons "la Croix de Flo". La neige a ici davantage subit le cycle du dégel et du regel, et Florian et son splitboard monteront à pied, méthode énergivore, mais plus rapide en termes de manipulations.
Nouvelle pause pour apprécier le paysage qui se découvre : en contrebas s'étend le Lac de Cleuson, enneigé. En hiver, son niveau étant abaissé, et l'eau restante gelée, il est ainsi possible de le traverser à ski. C'est l'option retenue aujourd'hui pour rejoindre la station. Nous profitons de nouveau d'une belle descente en cherchant les orientations nord, à la recherche de quelques bonnes pioches dans les poches de poudreuse, puis rejoignons le lac. La traversée du lac s'avère moins ludique, s'agissant d'un long plat, mais le matériel de rando nous permet de libérer les talons des fixations et les chaussures afin d'allonger la foulée. En apercevant au loin la démarche hésitante des skieurs équipés en alpin, nous ne regrettons pas notre choix.
La traversée achevée et l'heure étant bien avancée, nous nous dirigeons vers les abords de la chapelle St Barthélémy pour une pause pique nique bien méritée, avant la dernière surprise de l'après midi.
Car si jusque là le programme était plutôt orienté "glisse", nous ne pouvions pas quitter Nendaz sans avoir essayé la tyrolienne du Mont Fort et sa pointe de vitesse à 100 km/h.
Nous reprenons donc les remontées depuis Siviez pour rallier à nouveau le sommet de la station. A notre arrivée, le Freeride World Tour célèbre ses champions : les locaux fêtent la victoire Elisabeth Gerritzen, qui, forte de sa victoire du jour, s'empare du titre mondial, tandis que nous apprenons que Victor de le Rue et Marion Haerty, les athlètes tricolores ont remporté l'étape du jour ainsi que les titres en snowboard ! Le temps de célébrer cela (très) brièvement, nous récupérons l'équipement nécessaire pour le grand saut. Equipés d'un harnais intégral doté d'un mécanisme dans le dos, nous nous dirigeons vers la plate-forme de départ, d'où nous pouvons assister à quelques départs. A peine le temps de nous amuser des cris poussés par les participants lachés dans le vide que voilà notre tour, et venu le moment de s'asseoir face au vide, l'envie de rire nous passe tout aussi vite en apercevant l'arrivée située 1400m plus loin et 400m plus bas. 3,2,1, c'est parti ! Le mécanisme est libéré est nous voilà flottant dans le ciel à 3000m d'altitude. Les reliefs environnants étant assez éloignés, l'impression de vitesse est finalement moins effrayante qu'entrevue depuis le promontoire de départ, mais la contemplation du paysage qui défile et celle des skieurs sous nos pieds s'avère être une sensation extrêmement grisante, si bien qu'en arrivant en bas, on se demande combien de temps le voyage a duré !
Le temps de récupérer les skis, nous nous offrons une dernière descente en direction du Bob pour une dernière bière avec l'équipe du jour. Nous retrouvons entre autre Damien, notre guide de la veille, ainsi que d'autres locaux et saisonniers croisés à Nendaz au cours de ces deux jours de découvertes des lieux. Damien et Florian ne manquent pas une nouvelle fois de nous vanter les sommets environnants et leurs possibilités en termes de belles descentes. Ces deux journées ont bien évidemment été trop courtes pour découvrir l'intégralité des descentes offertes par la station valaisanne, et le moment venu de faire un au revoir à nos guides et aux montagnes, nous quittons les lieux songeant déjà à la possibilité d'une prochaine visite.
Profitant d'une position centrale, au coeur du Valais, Nendaz est facilement accessible par la route comme par les airs.
Nendaz se situe à 15 km d'une sortie d'autoroute, soit à seulement 20 minutes de route de la ville de Sion. Prendre l'autoroute A9 jusqu'à la sortie Sion-Ouest/Nendaz. La direction "Nendaz" est ensuite indiquée sur les panneaux de signalisation. Il n'y a pas de péages sur les autoroutes en Suisse. Pour circuler sur l'autoroute, seule une vignette, au prix unique de CHF 40.-, est obligatoire. Pensez également au co-voiturage ou même à louer une voiture pour plus de liberté !
Nendaz est accessible par le train jusqu'à Sion depuis toutes les capitales européennes et toutes les régions de Suisse. Des liaisons régulières en bus entre la gare de Sion et Haute-Nendaz sont proposées chaque jour.
Nendaz se trouve à quelques heures des aéroports internationaux: Genève 165km, Zürich 285km, Bâle 260km, Milan Malpensa 210km. Sion, à 15km, possède également son propre aéroport.
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