C'est l'histoire d'une journée qui aurait du se tenir en mars 2020. Quelques menus confinements et reports plus tard, c'est finalement mi-mars 2021 que rendez-vous est donné aux Arcs à 8 skipasseurs et skipasseuses émérites, sélectionnés pour la qualité et la régularité de leur contributions. Objectif de la journée : partager un bon moment de ski et d'éducation autour des problématiques liées à la gestion du risque en montagne, avec l'équipe des MAOS Salomon (Mountain Academy On Snow) qui a développé depuis plusieurs années un programme exemplaire sur le sujet.
Mars 2021. Autorisation de déplacement en poche, masque sur le nez, nous nous retrouvons pour une journée avec Romain Raisson, Tony Lamiche et Timothée Theaux. Une journée qui a un petit goût de grande évasion en cette saison si particulière, où la Tarentaise prend des allures de destination lointaine et exotique pour les skieurs venant des départements voisins, dont je suis.
L’arrivée aux Arcs 1600 se fait dans un brouillard dense qui renforce cette étrange sensation d’être dans un épisode de « The Walking Dead font du ski ». Les rideaux sont tirés, aucune lumière dans les barres d'immeubles, aucun signe de vie. Même les jeux d’enfant semblent inquiétants… Comme une impression d'intersaison, de mois d'octobre poisseux alors que la saison devrait battre son plein. Il est 8h50 et ce qui frappe le plus est ce silence totalement incongru : les remontées mécaniques sont à l'arrêt. Mais de silence, il n'en sera plus questions très longtemps. Quelques silhouettes émergent de la brume. L’accent chantant de Tony Lamiche nous fait rapidement sortir de ce cauchemar éveillé. On va passer une bonne journée.
Les MAOS ne se veulent pas être une méthode universelle qu'il suffirait d'apprendre puis d'appliquer pour évoluer en sécurité en montagne. Cela n'existe pas, chaque situation est en grande partie unique, tant les variables sont nombreuses : l'environnement, la météo, l'historique du manteau neigeux évidemment, mais aussi la composition du groupe, votre humeur et forme physique ce jour là...
Dès lors l'idée est d'avantage d'inciter à un questionnement systématique, quasi philosophique, en s'appuyant bien évidemment sur des éléments de connaissance concrêts qui permettent d'optimiser l'analyse d'une situation. Certains questions auront des réponses simples et rapides, pour d'autres ce sera plus compliqué. Et c'est sans doute quand la réponse semblera trop évasive qu'il faudra sérieusement considérer à renoncer.
Cette systématisation du questionnement amène à l'autonomie, autonomie de la prise de décision dans un premier temps puis autonomie de l'évolution en milieu montagnard de façon plus générale. Mais encore faut-il se poser les bonnes questions, acquérir les bons réflexes, et c'est là que réside la richesse de ces journées MAOS.
Si le but premier de la journée est la formation, le but juste pas bien loin derrière c'est aussi de se faire plaisir sur les skis. C'est l'occasion de profiter du van magique de Romain et de tester toute la gamme Freeride et Rando de Salomon. Selon les conditions et les goûts de chacun, il y a forcément une paire qui va bien dans la gamme. Chacun avait pu indiquer ses préférences au préalable et la remise de la marchandise s'effectue à la sauvette sur le parking.
Apres quelques cafés et viennoiseries clandestines, l'heure est venue de chausser les skis. La météo est changeante, on passe d'une belle éclaircie à des giboulées de neige, mais l'ambiance est plaisante, lumineuse. De toute façon, il ne viendrait à personne l'idée de se plaindre. Aujourd'hui, on skie. Sur le haut de l'itinéraire, il y a juste ce qu'il faut de neige douce pour se faire plaisir, tout en restant vigilant. Ça tombe bien, c'est la thématique de la journée.
La montée se fait à un rythme tranquille, en empruntant pour partie les pistes damées, sans avoir à se soucier plus que ça du trafic descendant. Les discussions vont bon train, c'est l'occasion de faire connaissance, mais aussi de brancher le cerveau et d'ouvrir les yeux car en ski de rando la montée est une précieuse source de renseignements, d'indices sur des dangers potentiels. Sans oublier aussi qu'une avalanche ne se déclenche pas qu'à la descente.
Quelques conversations et conversions plus tard, arrivés à notre point culminant du jour, Tony met en place une démonstration sécurisée (tant qu'à faire) de coupe du manteau neigeux pour en évaluer la stabilité. Cela fait partie des nombreux exercices que vous serez amené à pratiquer lors d'une session MAOS.
Une Mountain Academy, c’est éviter l’incident, anticiper et prendre les bonnes décisions plutôt que de devoir gérer le post-accident.
On n'oublie pas pour autant qu'on est plutôt du genre à privilégier la descente, même en cette année 2021. Notre petite troupe profite des hors pistes joueurs des Arcs, dans une configuration d'affluence que l'on espère ne jamais revoir en plein mois de mars. Et même si ce n'est pas une journée grosse poudre, les chutes de la nuit ayant été plus faibles qu'espérées, le haut de l'itinéraire est excellent, et le plaisir est bien là. Il n'y aura qu'une descente aujourd'hui, donc on ne multiplie pas les pauses photo, histoire de ne pas ruiner le rythme et d'en profiter au maximum avant le combo crêpe/bière réparateur qui nous attend à la station.
Coté sécurité, le risque du jour, ce sont d'avantage les pièges cachés par la petite couche de neige mais aussi la fougue liée à l'émulation de groupe qui peut pousser à la faute dans une saison où l'on enregistre un déficit certain de D-. L'avalanche est loin d'être la principale cause d'accident en montagne.
La recherche DVA ça a été un peu la claque par rapport au petit entrainement qu’on fait avec des potes dans un parc en ville et un sac planqué dans les fourrés, où tout le monde court dans tous les sens. On se rend compte que ça ne suffit vraiment pas.
C'est LE grand classique dès que l'on parle sécurité Avalanches, et pour une bonne raison. Mais ce n'est pas pour autant la pierre angulaire des MAOS dont la mission est de fournir un cadre de réflexion et de connaissances permettant une prise de décision la plus éclairée possible, à même idéalement d'éviter le pépin avant qu'il n'arrive. La meilleure recherche DVA est celle que l'on a pu éviter.
Mais quand bien même toutes les bonnes informations auraient été collectées, toutes les questions posées, le risque zéro n'existe tout simplement pas (ou encore : vous êtes témoin d'une avalanche, et premier sur zone). Le jour où ce pépin surgit, un groupe entrainé et préparé sera tout simplement plus efficace dans la course contre la montre qu'est la gestion d'une recherche avalanche. Inutile de vous faire un dessin sur ce que cela peut signifier à la fin de la journée.
La perception de succès d'une recherche dépend beaucoup de l’issue. Tu peux sortir tout le monde au bout de 45 mn en vie, tu diras que c’est un bon résultat. Mais si tu sors tout le monde au bout de 5mn mais avec des décès, ce n'est pas pareil.
C'est une des questions abordée lors de la journée : qu'est ce qu'on met dans son sac? Car si tout le monde sait (on l'espère) que pelle, sonde et barre de KitKat sont obligatoires, ce sont loin d'être les seuls éléments qui pourront vous aider à vous sortir d'un mauvais pas. Bout de corde, trousse de secours, alimentation, couches thermiques supplémentaires, gants de rechange... Tout ne sera pas nécessaire en fonction du programme de votre journée et du lieu d'évolution : encore une fois, il va falloir se poser les bonnes questions, s'adapter, car le même pépin matos ou physique n'aura pas les mêmes conséquences dans un hors piste de proximité ou au fin fond de la Sibérie où il ne sera pas idiot de trimballer de quoi bricoler et faire du feu...
Le sac de Tony, vieux reste de pain au chocolat ou de chocolatine?
Une journée passionnante, en bonne compagnie, mais tellement trop courte, comme le résume parfaitement Maxime :
On passe notre temps à se nourrir des expériences de chacun et c’est vraiment génial. Les MAOS, je recommande vraiment, cette journée m’a donné envie d'aller plus loin, si possible sur une version de 3 jours
Une MAOS type se déroule sur 2 jours (la journée à laquelle nous avons participé était une formule condensée spécialement conçue pour skipass.com)
Des sessions sont organisées dans la plupart des massifs , des Pyrénées jusqu'au chorums du Dévoluy (celui-là, il nous fait de l'oeil) en passant par des destinations mythiques comme Chamonix ou la Grave. Il y a même une date en Suisse aux Marécottes! A chaque fois, l'organisation fait la part belle aux guides locaux, qui apportent une connaissance précieuse du coin (et leurs bons plans!).
Pas encore sur le calendrier mais proposés cet hiver : une Maos splitboard (merci!), deux Maos Pente Raide en avril/mai et même une Maos Ski-bike !
Deux "Shift Camp" de 3 jours sont pour l'instant programmés à La Grave et à la Dent Parrachée en Maurienne. C'est sans doute l'expérience la plus complète et la plus enrichissante.
Les inscriptions se font sur le site maos.salomon.com
5 Commentaires
Est ce qu'il serait possible de récupérer les photos en format original ? Merci !
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire