En décembre 2023, nous avons embarqué Jeremy Prevost et Enak Gavaggio pour aller skier la poudreuse de l'Altaï au Kazakhstan, à l'invitation de Altai Mountain Lodge and Yurts. Après quelques jours au sud à Almaty (lire notre premier article), c'est parti pour une semaine de grande neige et de grand grand froid.
Attention : l'article est trèèèèès long !
Après avoir récupéré le jogging d'Enak et son propriétaire à Almaty, nous gagnons le nord-est du pays, direction les montagnes de l'Altai. Il fait chaud dans le Delica (meilleure voiture au monde au passage), mais les paysages qui défilent sont figés par la glace. Ces quelques heures de voiture sont (presque) le dernier segment d'un long périple pour rejoindre le campement. Presque car il nous restera une quinzaine de minutes de motoneige pour rejoindre le camp. Il fait -40°, c'est pas le moment d'avoir le nez qui dépasse.
Un des gros atouts de la région est de disposer d'un enneigement généreux dès le début de saison (mi-novembre sur une saison "normale") avec des conditions de froid constant permettant à la neige de ne pas se dégrader. Et même si l'hiver cette année a mis un peu plus de temps à arriver après un automne "exceptionnellement" doux, nous sommes accueillis par un enneigement très satisfaisant : une sous couche suffisante, et 30 à 50 cm de poudreuse ultra légère selon les expositions. Et comme il fait très froid, ça ne bouge pas.
Dites vous bien que les conditions décrites dans cet article sont coté enneigement les "moins bonnes" qu'aura connu la région de tout l'hiver. Tout est relatif.
A la premiere descente, nous avons tous halluciné, la neige était tellement froide, que malgré les 30/35 degrés de pente, impossible de glisser, les skis ne faisaient même pas ventouse, ils ne voulaient pas glisser, c’était fou !
en deux mots : tranquille et joueur! On est plus proche du Japon ou du Vercors que de l'Alaska. Les lignes sont directes, sans piège autres que les arbres qu'il est toujours recommandé d'éviter.
Ah si un troisième mot : c'est beau!
Les runs au départ du camp de base sont plutôt courts, il faut donc prévoir de nombreux repeautages dans la journée, ce qui implique des peaux de bonne qualité et de de la discipline pour en prendre soin! Me connaissant modérément soigneux, j'avais joué la sécurité avec une seconde paire de peaux dans le sac, mais au final je n'en ai pas eu besoin.
L'intensité est calée sur le froid : hors de question de se prendre une suée à la montée, le rythme se fait donc tranquille, ce qui n'est pas pour me déplaire.
* bon ici, ils la mangent aussi.
Les ballades étaient belles, courtes, et finalement tres joueuses et tant mieux pour le dénivelé, car personnellement je préfère faire 4 runs de 400 mètres de dénivelé et repeauter, plutot que 1600 d’un coup !!!
Le code couleur de décembre 2023, c'était jaune. Citron pour Enak, un peu plus ocre pour Jérémy
61 degrés de différence entre l'intérieur et l'extérieur de la yourte au petit déjeuner. Il est urgent de ne pas se presser et de reprendre un café. On ne part pas tant que la température ne passe pas au dessus de -35°
Je recycle ce proverbe sibérien déjà publié dans mon article de 2019. Mais nous étions alors de petits joueurs avec un mimimum de -26° degrés. Caniculaire comparé aux -45° pendant une semaine enregistrés au Kazakhstan.
Par -40 °, tout casse... Le matos aussi. Il est essentiel d'amener des pièces détachées pour un peu tout, car il n'y a pas de Vieux Yourteur dans le coin pour vous dépanner, même si les guides ont forcément développé un goût pour la bricole. C'est d'autant plus important si vous êtes splitboarder.
L’organisme lui s’habitue, dès lors qu’on comprend qu’on ne mourra pas de froid en parcourant les 10m qui séparent notre yourte de la yourte diner ou les 10 supplémentaires pour aller aux toilettes (sans doute l'endroit le mieux chauffé du campement). On peut même se permettre de naviguer en tenue normale et sans gants. Pour 30 secondes hein. Restez 5 minutes dehors et l’histoire ne serait plus la même.
Au final, en une semaine fluctuant entre -30 et -45, je n’aurai pas eu froid. Du petit inconfort pendant certaines phases de shooting, exclusivement au niveau des doigts, mais contrôlables facilement avec le combo moufles / chaufferettes. Cela semblait plus dur pour les skieurs qui n’arrêtaient pas de se plaindre., mais bon voilà quoi... c'est des skieurs...
L’idée générale c’est d’ajouter une couche ou 2 par rapport à ce que feriez une journée très froide en Europe. En pratique, je suis monté à 4 couches en bas, et idem en haut avec une grosse doudoune de secours en plus dans le sac. Au cas où.
Andrei est le responsable du bois et des poêles. Sans lui, la survie est impossible. Local de l'étape, son boulot cette semaine est sérieusement compliqué par les conditions : chaque poêle doit être alimenté en continu (toutes les heures) , et il y a une demi-douzaine sur le camp. Jour et nuit, pas le choix par -45°. Sans gants parce qu'Andrei c'est un vrai. C'est donc Andrei, en rotation avec les autres membres du staff qui passera plusieurs fois par nuit pour qu'il fasse toujours chaud dans la yourte.
Quand nous sommes repartis, on sentait quand même un petit début de fatigue.
Organisées en étoile les yourtes dortoirs sont très confortables et le matos sèche sans problème autour du poële. Les matelas sont très épais, les couettes sont très agréables, et chaque yourte compte 4 "compartiments" cloisonnés de 2 lits : il ne s'agit pas de chambres mais vous êtes séparés visuellement de vos voisins. Visuellement mais pas phonétiquement : comme en refuge, vous restez à la merci d'un ronfleur.
Et puis vous sentirez bon le bois de chauffe en rentrant, de quoi travailler votre réputation d'explorateur.
Si nous ne sommes pas non plus totalement isolés du monde, le camp en lui même est totalement auto suffisant, en termes d'énergie, chauffage et eau puisée dans la rivière voisine.
Et sinon pour la question que tout le monde se pose : oui il y a des toilettes (mais il faut sortir et parcourir 30 mètres jusqu'au bâtiment dédié), et oui ils sont modernes et chauffés! Le luxe en somme.
Le Banya (sauna russe) permet pour sa part d'allier détente et hygiène. Je sais, c'est super vendeur comme slogan.
Enfin, il y a la yourte commune pour les repas, un temps fort de la vie du camp, avec sa cuisine ouverte sur l'espace.
de gauche à droite : Andrei, Anna (guide en visite), Roman (pilote de motoneige émérite et guide), Dmitri le boss de la base et guide, et enfin Vladimir, le super cuistot.
C'était l'obsession d'Enak sur le dernier jour : il faut faire un backflip pour que le trip soit complet. Pari réussi et de fort belle manière. Jérémy n'a pas d'autre choix que d'enchainer.
Le rythme du camp s’organise en fonction des temperatures. Rien ne sert de partir trop tot si c'est pour perdre un morceau dans l'affaire. Au petit déjeuner, les regards sont braqués sur le thermomètre extérieur : la règle est plus ou moins de ne pas partir tant que la température ne repasse pas au dessus des - 35°. En pratique, cela signifie un départ vers 10h, et un retour avant la tombée de la nuit. Car quand le soleil tombe, ça ne rigole plus du tout et le froid envahit la montagne comme un tueur silencieux. Ambiance film d'horreur, quand l'ambiance change du tout au tout avec les derniers rayons de soleil. La musique change alors et "au fait, quelqu'un a vu Brenda"?
Précision : l'épisode de froid que nous avons connu était tout à fait exceptionnel pour la région. On était content de pouvoir relever le défi, mais il ya très peu de chances que vous y soyez confronté à votre tour si vous décidiez d'aller gouter la poudreuse kazakh.
le chef nous a régalé de plats variés et succulents. Mention spéciale à ses soupes / bortschs et bouillons qui étaient là pour le goûter après le ski. Rien de mieux pour clôturer ces journées dans ce froid polaire.
De retour dans les Yourtes vers 15-16h, nous sommes accueillis par les délicieuses soupes du chef, qui font office de déjeuner tardif / pré-diner. S'ouvre alors une séquence de plusieurs heures partagées entre gouter, apéro, banya et diner servi vers 20h30. Les repas sont tous sans exception délicieux et variés, un plaisir pour (presque) tous!
moi je mange pour me nourrir, donc je peux manger de tout et suis incapable de dire ce qui est bon ou mauvais…en tout cas, je n’ai pas eu faim !!!
Le plus compliqué cette semaine : savoir sur qui faire le point pour gérer les susceptibilités... Il y avait il faut le dire une place à sécuriser sur le prochain trip skipass.com, donc la concurrence était forte entre les deux skieurs, chacun s'efforçant de marquer des points (et d'en faire perdre à l'autre) pour ne pas quitter l'aventure. Enak m'amadoue en m'offrant un masque Julbo, tout en desserrant les fixations de Jérémy qui lui, me connaissant bien, me ressert un verre de vin. malin.
De mon coté, ne souhaitant vexer personne et ne pouvant faire preuve de favoritisme, je suis forcé de rater autant de photos de l'un que de l'autre.
ce portrait, c'est pour me faire pardonner de celle du dessus où Enak semblait penser qu'il serait la star de la photo, puisque le premier dans la trace...
Alors on s'est quand même vite rendus compte que si mettre les peaux dans la salopette était sans doute la meilleur façon de les garder au chaud et de conserver leur pouvoir, c'était en revanche un accident industriel en termes de photogènie. Confirmation avec cette photo de la bedaine de Jérémy au sortir d'un déjeuner bien arrosé, photo que j'ai évidemment promis de ne pas publier.
La dernière photo du trip est pour Jérémy. Pas de bobos, le sentiment réconfortant d’avoir fait le job, la dernière remontée signe aussi la fin du combat contre le froid. La vigilance va bientôt pouvoir être levée.
La dernière soirée est chaleureuse, mais l’on se garde bien de (trop) abuser à la veille d’un trajet de retour qui s’annonce long (et le sera encore plus avec de multiples retards). Avec l'âge on sait que Vodka et 15 heures de trajet ne font pas bon ménage.
Un immense merci à toute l'équipe, c'était une top aventure, du super ski, de la grande bouffe, et on n'a pas fini de se le raconter avec cette histoire de -45° !
Merci à toute l'équipe de Altai Mountain Lodge & Yurts, en France et sur place au Kazakhstan. C'était vraiment une superbe semaine !
2 Commentaires
Même si c’est un article à but promotionnel , on sent vraiment que vous vous êtes régalés ..
je suis partant pour tester des destinations Guillaume
Bravo pour ce récit et ces images Waouhh , pour le moment ici cet hiver les virages poudreux sont pas légion
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