13 février 2020, retour à Hokkaido après un hiatus de plusieurs années pendant lesquelles j'ai plutôt exploré les grands classiques de l'ile principale d'Honshu, à savoir la région d'Hakuba et de Myoko. La dernière fois sur l'ile du nord, c'était 10 ans plus tôt, en 2010, en compagnie de la fine équipe qui allait devenir Bon Appétit.
Le contexte est particulier : la pression monte autour du Covid dans le monde, les touristes sont peu nombreux mais c'est aussi une des plus mauvaises saisons depuis bien longtemps (une décennie peut-être?) coté enneigement au Japon. Mais comme on le verra, tout est relatif en ces terres d'orient mystérieux.
Mon périple avait commencé par un road trip solo photographique sur les routes du nord, avant de prendre le petit train magique entre Asahikawa et Furano où je retrouve Chuck de Hokkaido Powder Guides. C'est là que l'histoire reprend...
Terme classique chez nos amis anglo-saxons, il ne s'agit pas ici de traquer un quelconque gibier mais la poudreuse. Le Land Rover est remplacé par un van japonais typique, le fusil par des fat et Chuck, notre guide installé depuis des décennies au Japon, nous emmène chaque jour là où ça se passe. La flexibilité est maximale pour profiter au mieux des conditions et des spécificités nivologiques de chaque spot : les régimes météo insulaires sont très particuliers et les différences locales marquées. La science du local vous permet d'optimiser vos chances de faceshots, et coté sécurité, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de vous expliquer l'utilité.
Mais la journée ne s'arrête pas avec la dernière courbe : votre guide vous dégottera le bon petit resto en dehors des sentiers battus et le Onsen parfait pour conclure chaque journée. Venu seul au Japon cette année là, je me tape l'incruste dans un petit groupe cosmopolite composé de 2 australiens et 2 potes tchèques. Liv, Matt, Peter et Jan auront été mes pro-skiers (et skieuse) pour la semaine, merci à eux d'avoir joué le jeu et pris la pose!
Le programme de cette semaine : de la route et de la poudreuse
Le trip commence doucement : l'enneigement à Furano n'étant pas fou, nous ne nous y attarderons pas. Mais la chance est de notre coté, nous sommes arrivés à la fin d'un cycle sec et la météo change déjà, nous mettons le cap sur Tomamu et ses tours que ne renierait pas le Corbier. Les choses sérieuses commencent vraiment, les giboulées intenses font grimper le manteau neigeux à vue d'oeil. C'est le Japon : il n'est pas rare qu'il tombe plus de 2 mètres en une semaine.
ceci n'est pas un sapin nain : c'est juste la cime d'un sapin
Les runs s'enchainent et seuls les têtes de bambous (ils font dans les 2 mètres quand même) nous rappellent qu'il manque encore un peu de sous couche. C'est la particuliarité du Japon : à moins de 2 ou 3 mètres de sous-couche, le ski en forêt est vite problématique du fait de la densité de la végétation. Ici, on skie au dessus des arbres : ce n'est pas qu'ils ont des petits troncs, c'est qu'il y a beaucoup de neige.
Chuck nous emmène directement sur les meilleurs runs, et surtout ceux qui permettent un retour station sans galère avec juste une dizaine de minutes de peau. On gagne en qualité de ski et en tranquillité d'esprit, car je me verrais mal naviguer en solo dans cette tempête (ce serait même passablement dangereux, à proscrire au Japon).
Pile au centre d'Hokkaido, le parc national du Daisetsuzan concentre la quasi totalité des spots de la partie principale de l'ile (est de Sapporo pour simplifier). La plupart des stations et itinéraires de rando sont accessibles facilement à la journée depuis votre camp de base d'Asahikawa, une solution sympa car elle vous permet de gouter aux charmes de la vie nocturne japonaise, et de bénéficier d'un super rapport qualité / prix coté hébergements. Cela sous-entend en revanche que vous disposiez d'un véhicule et du permis ad-hoc.
Si le ski de randonnée est de plus en plus populaire au Japon aussi, on ne croisera pas plus d'une demi douzaine de personnes ce jour là sur l'itinéraire de montée, et personne à la descente. La montée en question est régulière, sans difficulté tant que vous n'avez pas à faire la trace. Car coté enneigement, on est toujours sur ces conditions de plus mauvaise saison depuis 10 ans, avec de la poudreuse jusqu'au nombril, voire même un peu plus. Dur.
La tempête nous rattrape, et la journée se conclue par une petite bière au distributeur et un onsen extérieur absolument parfait. Comme je suis sympa je vous donne le nom qui vous permettra de le trouver : Fukiage Hot Spring Health Center. Vous me remercierez.
* à ne pas confondre avec la station de Furano, qui est de l'autre coté de la vallée
C'est ma station de coeur sur Hokkaido, celle qui m'a apporté son mètre de poudreuse à presque chacune de mes visites. Ce 21 février 2020 ne déroge pas à la règle, c'est encore une ce ces journées où il y en a objectivement trop pour un snowboarder, surtout s'il fait des pauses pour les photos. Plus mauvaise saison depuis 10 ans, ouais ouais c'est ça. Ca brasse comme jamais, la visibilité n'est pas optimale, l'appareil photo est en mode survie... Le katsu ramen de midi à la très bonne cafétéria du téléphérique fait du bien.
Les runs ne sont pas forcément les meilleurs du Japon, les replats sont très pénibles en snowboard mais l'ambiance bout du monde avec son téléphérique (et les fumerolles du volcan actif sur lequel il est installé, par beau temps) contribuent à en faire une expérience inoubliable. Et que dire des Onsen... Ne ratez pour rien au monde celui de l'hôtel Yukoman (même si vous n'y dormez pas).
Moins drôle, c'est l'armée qui est là pour rechercher un snowboarder américain qui s'est égaré 3 jours plus tôt. Ces histoires de skieurs qui se perdent et qu'on ne retrouve jamais ou au printemps, j'ai l'impression d'en être témoin une à chacun de mes séjours, sur Hokkaido comme sur Honshu d'ailleurs. La montagne japonaise, ses quantités de neige hallucinantes et ses tempêtes ne sont pas à prendre à la légère. Jamais.
Nous mettrons de nouveau les peaux à l'assaut du Mont Kurodake pour la première journée d'ouverture de la saison du téléphérique, et je vous partagerai mes meilleures adresses de sushis et de pizzas à Sapporo, parce que je suis un peu blogger food à mes heures perdues...
Le guide qu'il vous faut : Hokkaido Powder Guides. Ce seront également vos guides si vous organisez votre voyage avec les copains de Destination Poudreuse, qui se charge de tout.
Hébergement à Furano : Hôtel Munin, clairement coté chic / design. Confort impeccable, belle déco , beaux espaces et petits déjeuners à tomber.
Hébergement à Asahikawa : simple, efficace et pas cher, le JR Inn au dessus de la gare est particulièrement bien situé et super pratique si vous arrivez depuis Sapporo en train.
Hébergement à Asahidake : il est sympa de rester une nuit sur place afin de profiter des exceptionnels Onsen (stop obligatoire avant de reprendre le volant dans tous les cas). Le choix est limité.
Location de voiture : toujours le même conseil, l'indispensable Japan Experience (anciennement Vivre le Japon). Même prix qu'en direct, le conseil francophone en plus. Je conseille la lecture de mon article sur la conduite au Japon ainsi que mon article consacré au road-trip qui a précédé le ski sur ce voyage.
17 Commentaires
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Perso je n'ai fait que Tokyo, mais partir au japon pour moins de 15 jours pleins, c'est très dommage.
1) le décalage horaire, pas tout le monde s'en remet rapidement
2) s'habituer au pays, après 7 bons jours, j'ai vraiment commencé a bien m'y sentir, et du coup, tu voyages vraiment différemment.
3) Tokyo étant la capitale, en terme de prix, à part le logement qui était équivalent a nos métropole (voire moins qu'a Paris) tu peux te loger sans trouer le porte feuille. Les repas sont vraiment très bons, et moins cher qu'en France (je suis de Nice, je paye le soleil et la notoriété... Tokyo m'a paru moins chère ainsi. Donc je suppose que dans les coins reculés, à part la distance qui peut faire hausser les prix, ça ne doit pas couter plus cher qu'en France.
4) Quitte a se taper 16h de vol, autant rester minimum 15 jours pleins afin de, comme tu dis, skier 1 semaine et entrecouper ou faire avant/après de la visite et prendre le temps de prendre le temps (oui, oui).
5) Pour mon voyage j'en ai eu pour 2600€ tout compris (avion aussi, mais il m'avait couté 600&euro
Je pense qu'il faut prévoir 4000€ +/- vol non compris. Juste histoire de ne pas se dire "ah non, ça je ne fais pas car j'suis limite."
Ce que je n'ai pas fait, et en fin de compte, sur un budget de 3000€ j'ai économisé 500€.
Bref, c'est le genre de voyage qu'on planifie bien à l'avance financièrement, surtout si on passe par des "groupes" que présente Guillaume, leur expertise c'est pas gratos, mais ça doit rendre le voyage tellement plus serein et ouf d'avoir les petits trucs et astuces des locaux!
De mon côté je mets de côté pour partir dans 2/3 ans avec ma bande de potes, on se prévoit 20 jours histoire de pouvoir profiter à fond, et on économise, beaucoup ahaha!
(On passera surement par les bons plans des Guillaume O )
Merci a toi d'ailleurs pour cet énième article laissant rêveur, je serai curieux de savoir tes trucs et astuces de photographe pour que la neige "rende bien" en tout temps (j'y connais rien, mais simple curiosité, je crois que tu en avais parlé lors d'un article sur le Fujifilm que tu testais)
Coté photo, c'est une histoire de balance des blancs, et un peu post prod pour "re-illuminer" un peu les photos qui sortent pas forcément top du boitier dans la tempête. Et désaturer un peu les bleus dans certains cas aide bien
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