Ce message de Toshi achève de sceller ma conviction : beaucoup de route et pas grand chose à voir, cela me semble un plan parfait pour 4 jours d'errance photographique.
4 jours de solitude que j'espère créatrice avant d'enchaîner sur 7 jours de ski. Le tout au nord du nord du Japon, sur l'île d'Hokkaido, direction Wakkanai la ville la plus septentrionale de l'archipel.
Cet article est à la fois un carnet de voyage de ces instants vécus seul mais qui se veulent partagés, et une expo virtuelle de mes clichés préférés, telle que je l'imaginerais dans un bouquin ou sur des murs (suis ouvert à toute proposition d'expo!). Si vous aimez ce que vous voyez, dites vous bien que c'est 1000x plus beau sur papier. C'est pourquoi il est possible de faire l'acquisition d'un beau tirage Fine Art en édition limitée, pour faire vivre mes photos sur vos murs (merci pour elles!).
Toutes les photos ont été réalisées avec un boitier moyen format GFX 50R prêté par Fujifilm France. Une expérience enthousiasmante sur laquelle je reviendrai, et la garantie d'une qualité hors du commun pour les tirages grands formats.
La localisation des différents lieux photographiées est volontairement floue, pas tant pour limiter la sur-photographie de la génération Insta (ça ne se bouscule pas vraiment dans le coin, surtout en ce moment), mais plutôt pour ne pas spoiler le plaisir de la découverte à quiconque irait trainer ses objectifs dans ce coin du monde. Si je recommande un bouquin à un ami, je ne lui raconte pas tout...
Pour simplifier, toutes les photos ont été prises au nord d'Asahikawa et au sud de Wakkanai. Y'a pas des tonnes de choix d'itinéraires, surtout en hiver.
Prenez la route, et ouvrez les yeux, surtout s'il n'y a pas grand chose à voir. Ce n'est pas compliqué, c'est tout droit et beaucoup sur les côtés.
La toute première photo du trip, mon péché mignon, une thématique récurrente...
Au Japon, en Alaska, ou au Svalbard, il semblerait qu'il y ait toujours un vestige en train de rouiller au milieu de nulle part. Sur Hokkaido, je suis gâté : tout semble rouillé, même la végétation orangée. (tirage photo)
Vénération pour les paysages et la nature d'un coté, villages abandonnées, carcasses rouillées, aménagement du territoire au sabre de l'autre : depuis mon premier voyage au Japon en 1997 et une grosse douzaine de séjours plus tard, j'ai été confronté aux nombreux paradoxes du pays dans sa relation à l'environnement. De nombreuses années que je photographie autant ensembles industriels que montagnes, rues de Tokyo que forêts profondes, sans l'intellectualiser plus que ça.
Mon objectif de départ en prenant la route n'était pas de documenter ces paradoxes. Je n'avais pas d'objectif. C'est à mon retour que ce fil conducteur s'est imposé, révélé par l'essence même de ma production photographique de ces quelques jours. Confronté à cette ambivalence, j'en avais fait le thème inconscient de mon voyage.
Dans cet esprit, je recommande le visionnage de Pompoko d'Isao Takahata (studio Ghibli), chef d'oeuvre évoquant l'urbanisation galopante du Japon des années 60 et la résistance de la nature, avec en chef d'armée le Tanuki, l'animal le plus cool de la Terre avec le super-pouvoir le plus improbable de la Terre.
Dire que j'ai failli ne pas faire le détour ce matin là. Je me méfie des cascades, ça sent l'aimant à cars de touristes, un vieux traumatisme qui remonte à l'Islande je crois. C'est un peu con parce qu'en général, les coins à touristes le sont pour une bonne raison.
Il a neigé cette nuit. Et les touristes... ben y'en a pas un seul. Le repli sur soi du Japon en cette mi-février de la covidesque 2020 est palpable.
Je n'avais pas préparé ma venue, je ne savais pas à quoi m'attendre, n'avais pas réfléchi à un cliché. Je n'étais pas sûr d'avoir envie de faire un cliché.
Je suis seul sur le pont immobile qui domine cette rivière colorée en bleu cobalt par les minéraux quand à 9 h 09 et 13s le temps s'arrête pendant un tiers de seconde. Clic Clac. Je l'ai capturée : la photo que j'aurais voulu faire et sans doute ratée si je l'avais planifiée. Et je l'aime d'autant plus, malgré l'absence totale de rouille.
tirage disponible : osez le grand format, c'est saisissant!
Oui, j'ai fait 10 000 kilomètres pour photographier un toboggan de piscine. Mais c'est un super beau toboggan de piscine. bleu. organique. Un grand écart photographique avec la photo précédente, et 2 clichés que j'aime tout autant, même si j'imagine que l'un rencontrera un plus grand succès que l'autre. (tirage photo disponible ici)
Des arbres, de la neige, un ciel bleu et des nuages. Si le casting est presque banal, la mise en scène de la nature est parfaite, dans la plus pure tradition japonaise. Je passe quelques heures à circuler de colline en colline entre les fermes, prenant les routes de traverse pour à chaque fois découvrir un nouveau point de vue. Ce voyage aura été un roller-coaster photographique.
Seuls quelques panneaux en anglais incitant les touristes à ne pas piétiner les champs rappellent que l'endroit est touristique. Sauf cette année évidemment, comme l'impression d'être seul au Louvre.
Le long des côtes, les bateaux hibernent alors que les villages sont désertés, pour partie vraiment à l'abandon du fait notamment de la crise démographique qui frappe le Japon. Les modèles envisagent que le pays, qui comptait en 2018 167 millions d'habitants, voit sa population passer sous les 100 millions dès le milieu de ce siècle.
Ici, le bateau n'est pas de plaisance, c'est un outil de production dont on prend soin en le remisant à terre pendant l'hiver. Jusqu'à ce qu'on n'en prenne plus soin s'entend.
Balayées par les tempêtes d'hiver, les plages d'Hokkaido se chargent de tout ce que la mer charrie. Un bric à brac dans lequel le sable noir volcanique, contrastant avec la neige, se pique des pointes de couleur des déchets plastiques, ancrés dans les forêts de bois flotté.
Sur les berges du plus grand lac d'Hokkaido, figé par l'hiver et cette curieuse lumière qui m'accompagnera tout le voyage.
Les ports en cale sèche d'Hokkaido, innombrables et deserts en hiver, sont une source inépuisable d'inspiration.
J'espère ne pas offenser mes amis japonais en baptisant cette photo Hinomaru, du nom donné au drapeau nippon.
Disponible en tirage, la résolution du Moyen Format vous fera ressentir chaque point de rouille, chaque craquelure du pneu! Idéal pour un garage ou une chambre d'enfant.
on reste dans la thématique des drapeaux rouillés avec ces fonds plats de barques de pêcheurs, remisées pour l'hiver.
rythme très particulier, horaires décalés, Kit Kat et café en canette, demi tours, stationnements à l'arrache, tergiversations, attente dans le froid, essais, erreurs, déjeuners à 16h... : si la photographie est le but, soit vous voyagez avec quelqu'un qui est exactement dans cette démarche, soit vous voyagez seul.
Puis de toute façon, le siège passager est réservé pour le sac photo.
Si j'en crois mes enfants, il s'agit de la meilleure photo de ce trip, bien devant les "trucs rouillés et les poubelles" qui caractérisent selon eux l'essentiel de mon travail hors ski. Un grand écart de plus.
le Kitsune (renard) est un Yokai ("monstre") central du folklore japonais, capable -entre autres pouvoirs- de prendre forme humaine, et protagoniste de Pompoko que j'évoquais précédemment. Et lui aussi affiche cette couleur rousse orangée, celle de la rouille et du bambou. La boucle est bouclée.
Hébergement : je gérais tout en dernière minute avec réservation en ligne, en fonction de ma progression du jour. Expedia, Japanican... l'offre était plus que satisfaisante, et la dispo aisée. Et si vous ne parlez pas japonais, vous gagnerez beaucoup de temps et éviterez les malentendus.
Location de voiture : toutes les locations sur Hokkaido sont équipés de pneus neige. Si le budget vous le permet, le 4x4 est une tranquillité d'esprit supplémentaire, surtout pour vous garer à l'arrache en bord de route. Un trip comme celui-ci est impossible à réaliser en transports en commun. Je recommande la lecture de mon article "conduire au Japon"
Carte Sim avec data 4G illimitée : idéal en solo, en groupe préférez le pocket Wifi 4G qui vous permet de partager la connexion. Quasiment indispensable au Japon pour le guidage, les traductions et les réservations d'hôtel de dernière minute. Et comme il peut vous arriver d'être loin de tout, ça vous permettra en cas de pépin de contacter des secours qui ne vous comprendront pas. Comme pour la voiture, je passe par l'agence française Voyage Expérience.
Au second plan, le Mt Asahidake et son téléphérique... un rappel du changement de programme qui s'annonce...
Coté enneigement, c'était la plus mauvaise saison au Japon depuis une décennie. Du coup, je vous mets juste une photo de la semaine qui a suivi ce petit road trip, en guide de teaser pour les articles à venir dans l'automne...
A suivre également un petit portfolio consacré à Sapporo, qui avait la lourde tache cette année de remplacer Tokyo dans mon itinéraire. Ce sera l'occasion de placer quelques photos de rouille.
21 Commentaires
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merci
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Juste un point : Les personnages du film Pompoko sont des "Tanukis" pas des kitsunes. Le tanuki partage, cependant, avec le Kitsune l'art de la metamorphose et du deguisement
Pour les tanuki je sais bien (j'en ai un à la maison, en poterie hein) c'est d'ailleurs précisé dans le 3eme paragraphe sur la nature c'est juste que le Kitsune est un protagoniste reccurent de Pompoko.
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ça me rappelle de très bons souvenirs de janvier 2019 dans cette partie de l'île.
A défaut d'y retourner un jour (prise de conscience environnementale), ces photos me font voyager, merci.
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NDA : photo prise dans le cratère du Yotei !
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