Pour certains de nos ainés c'était l'âge de la retraite... Pour nous, on n'est pas prêts d'en voir la couleur ! Pour ma part, c'est un âge que j'aimerais atteindre - tout court, dans un premier temps - avec des genoux et un dos dans un état qui me permette encore de tracer de la peuf lorsque le soleil brille sur fond de ciel bleu azur. J'espère seulement qu'il en restera des journées comme ça en 2047 !
Pour moi, 60ans c'est déjà vieux. Tu as vécu la partie la plus excitante de ta vie et il ne te reste maintenant qu'à te reposer sur tes lauriers et regarder tes progénitures se construire une vie. Le T4 acheté sur plans à un demi-million dans le centre de Grenoble - le prêt à 4% signé pour 25ans.
Désolé je me fais déjà vieux con.
Pour d'autres, comme Dynastar, 60ans n'est qu'un chiffre, un cap symbolique à passer, mais qui n'est absolument pas une fin en soi. Bien au contraire ! 60ans, chez Dynastar, c'est l'expérience d'une marque française, "Made in Chamonix Valley", qui puise dans ses entrailles de compétiteur, la force de provoquer l'innovation et de s'épanouir comme fleuron familial authentique du ski tricolore.
Et oui, malgré son âge, Dynastar semble être possédé par un nouveau démon, qui va le pousser à performer pendant encore au moins 60ans de plus !
Invités à la soirée pour célébrer ces fameux 60ans, cet automne à Chamonix, dans le berceau de la marque, nous ne pensions pas que l'occasion était si importante : Tout le gratin international de Dynastar était présent : Des dirigeants, aux athlètes pro, en passant par les distributeurs de TOUS les pays dans laquelle la marque est présente, la salle était comble. L'air était électrique de la fierté que tous les invités portent à Dynastar. Fêter ces 60ans était une consécration pour tous : salariés, champions olympiques, vendeurs, représentants, figures historiques comme stagiaires fraîchement débarqués.
Plongeons donc d'abord dans l'histoire qui a composé les 60 premières années de Dynastar. Explorons quelques anecdotes sur sa création, son logo, ses premières victoires mais aussi défaites. Enfin nous tâcherons de comprendre où la marque souhaite aller ensuite et comment elle compte y arriver.
Certains d'entre vous ne le savent peut être pas, mais Dynastar fût créé en 1963 suite aux échanges inspirés en deux industriels alpins: Dynamic et Starflex. Le nom Dyna-Star nait donc de cette union qui a pour but premier de créer les skis performants de Dynamic et Starflex : Dynastar.
Starflex, de Sallanches, produisait - ou tentait de produire des skis performants grâce à sont expertise en plastiques synthétiques. Dynamic, iséroise, de l'autre côté, était déjà bien réputé pour son modèle VR7 et conseillait déjà Starflex depuis quelques années. Il ne restait alors qu'une étape à franchir : réunir concrètement les deux univers et savoirs-faire pour conquérir les pistes.
L'autre étape essentielle de l'époque, résidait déjà dans la communication et la performance en course. Il était alors impératif de trouver de bons skieurs (et skieuses) capables de ramener des médailles. Ce fût rapidement chose faite avec l'aide de Marielle Goitschel et Guy Perillat, qui, dès les championnats du monde de Portillo en 1966, ramenèrent 3 médailles d'or et 3 médailles d'argent à la nouvelle marque salancharde. Grâce à leur talent, nulle doute, mais aussi grâce aux skis MV2 qu'ils avaient sous leurs pieds. Une étoile était née.
Après l'anecdote de l'origine du nom, en voici une autre qui devrait vous laisser scotché : Le logo Dynastar n'est pas la représentation d'une montagne, d'un sommet ni simplement un graphisme fait pour représenter la vitesse, telle une pointe de flèche.
Ce "V" inversé représente en fait la forme du point de rencontre de deux rivières locales de l'usine, la Sallanche et la Frasse. Une confluence qui, outre sa forme poétique était symbolique dans la représentation du rapprochement des deux entreprises sus-nommées et aussi car l'eau est essentielle à l'homme a aux industries des vallées alpines. Un logo lourd de sens qui n'a quasiment pas changé en 60ans. C'est que le choix premier était le bon !
Côté skis et performances, Dynastar ne s'endort pas sur ses lauriers de 1966 et continue dans l'innovation avec la technologie Omeglass qui lui permet de proposer entre-autres les skis de slalom les plus légers et performants du marché dans les années 1975. Le noyau Omega composé de bois et de PU était une révolution à l'époque et fait désormais partie de l'ADN de la marque.
Toujours dans la quête de la meilleure skiabilité, les années quatre-vingt voient l'apparition d'un nouveau concept, celui d'un absorbeur de chocs sur le ski afin d'améliorer le contact ski/neige et gagner en confort et précision en entrée de courbe. Le logo en relief ainsi que la parure dorée de ces gammes là sera d'ailleurs mondialement connu et reconnu au point que ce ski devienne un accessoire de mode sur les pistes.
Quoi de mieux pour résumer une décennie compétitive, qu'une anecdote du fameux Jeannot Liard*, directeur du service course de Dynastar, rentré dans l'usine de Sallanches alors qu'il n'y avait qu'un toit et des murs en 1963 et parti à la retraite 40années plus tard après d'innombrables victoires de ses skis aux pieds d'athlètes :
"Pour la saison 1991-92 nous avions proposé à FR3 un sujet pour la Descente des JO de Val d'Isère. Le service course était entrain de créer un ski spécial pour la piste et le reportage allait s'appeler "un ski pour l'or". Nous avions revu les lignes de côte, la structure, les matériaux du ski: tout était nouveau. Un prototype a été filmé en sortie d'usine, puis une petite série préparée et testée. Les retours étaient très bons. On a fait des essais avec Aamodt et Girardelli (NDRL: les deux espoirs Dynastar pour l'or cette année là) et ils étaient confiants. Les entrainements officiels se sont déroulés et c'était très bon, les chronos des skieurs étaient tout le temps dans les trois premiers. Mais la veille de la course, le père de Girardelli nous prévient que les Autrichiens ont remarqué que les spatules étaient trop basses sur le ski et qu'elles n'étaient pas conformes au règlement... On risquait d'être disqualifiés !
Le soir même nous sommes redescendus à Sallanches, réouvert l'usine à 23h le soir, retravaillé les skis pour remonter la spatule comme on pouvait... le lendemain c'était la course. Vu les entrainements de la veille tout le monde était confiant malgré cette spatule ré-ajustée. Premier intermédiaire Girardelli était en avance, deuxième aussi, troisième aussi... Malheureusement c'est la chute de Girardelli dans les dernières courbes de Bellevarde et un rêve qui s'envole pour toute l'équipe."
*Retranscription adaptée de l'anecdote donnée par Jeannot Liard lors de la soirée des 60ans.
Malgré ça, Dynastar brillera lors de ces JO notamment grâce à un certain Edgar Grospiron et ses skis "Assault" qui lui permettront de glaner la médaille d'or. Le malheureux Marc Girardelli (Luxembourgeois!), prendra quand même deux médailles d'argent en Super G et Slalom alors que Kjetil André Aamodt sera sacré en Super G.
Autre versant des années 90, dans la suite des JO de 1992, Dynastar produit son premier ski parabolique, le Max Cut. Le but est de proposer un ski plus fun et plus facile. Cette modernisation de la pratique et cette skiabilité améliorée continuera à alimenter l'ADN de la marque. En même temps que les Bleus gagnent leur première coupe du monde (en 1998..), la marque sort son désormais cultissime 4x4. C'est leur premier ski freeride et il sera tout de suite mené sur le sommet du podium avec Arnaud Adam le chamoniard, champion du monde de freeride sur les pentes en Alaska.
Mis à part la médaille d'or de Jean-Pierre Vidal à Salt Lake avec un nouvel opus de l'Omeglass, ainsi que Guerlain Chicherit (les plus jeunes reconnaitront le pilote du Dakar...), qui dispose de son pro model au look d'époque, les années 2000 marquent l'arrivée d'une gamme Exclusive - exclusivement réservée aux femmes.
Et c'est une grande première ! Nulle autre marque n'avait daigné accorder une place marquée aux femmes dans ses gammes, ni encore moins adapter le design "physique" et pas seulement graphique, des skis à elles. Ces skis n'ont pas été inspirés par la compétition ou le haut niveau comme l'ont été la majorité des évolutions et des innovations chez Dynastar. Ici l'envie a été de cibler le grand public, la skieuse intermédiaire qui souhaite avoir des skis faciles aux pieds qui vont la rassurer. La technologie Autodrive du moment est conservée mais adaptée avec un talon sur-élevé ce qui permet d'avancer le centre de gravité de la skieuse et permet de mieux s'équilibrer sur l'avant. Cela résulte en un contrôle accru et moins de fatigue. Le deuxième point clé étant la légèreté, tous les skis femme de la gamme sont 20% plus légers que leurs équivalents masculins.
Les codes du ski sont à nouveau cassés quand on parle des designs graphiques de ces skis. La déco est véritablement féminine (et pas juste une variante de couleur "rose" comme de nombreuses marques se le permettent).
Enfin, les campagnes de publicité qui ont accompagné les lancements étaient eux aussi engagés et ont fait leur effet (cf. la pub ci-dessous représentant un urinoir décoré de fleurs: "matériel féminin, changer le décor ne suffit pas !).
Ces gammes Exclusive auront été un véritable défi de bout en bout. Il suffit juste d'imaginer le monde très masculin du milieu du ski (et notamment les commerciaux) tenter de vendre des skis à fleurs dans les magasins en station à des ski-men (oui, le mot ski-woman n'est pas très non plus très utilisé)... pour se rendre compte que de faire accepter ces skis ET réussir à les vendre aura été une vraie croisade au début.
On se rapproche tout doucement de notre ère et normalement les skis en photo parlent à de plus en plus de nos jeunes lecteurs. Alors ? Qui se souvient de ces Pro Rider couleur Arc-En-Ciel d'Aurélien Ducroz sur les podiums des FWT de Verbier ?!
La discipline Freeride explose et Dynastar fait partie des gros acteurs du segment avec ses gammes Pro Rider et plus tard les gammes Cham. Aurélien Ducroz sera par ailleurs l'ambassadeur parfait pour la marque pendant de longues années, chamoniard et très impliqué dans les développements de la marque "Made in Chamonix Valley".
Le ski de randonnée devient lui aussi une pratique dans laquelle la marque investit et réussit. Tout bon cafiste a eu entre les mains un jour une paire de Mythic !
Enfin, le concept de Factory Team, qui voit le jour en 2017 est un bon moyen pour Dynastar de montrer que les valeurs de la famille restent toujours au coeur de sa stratégie: Tous les skieurs pro partagent cette même passion et une déco transversale est accollée à tous les pro-modèles, du ski cross au slalom en passant par le freeride et le GS.
Aussi, qui serions-nous si nous parlions de Dynastar sans mentionner son phénomène de course : Clément Noël. Son sacre aux Jeux Olympiques de Beijing en 2022 restera bien évidemment dans les mémoires de la marque. La gamme des skis de course actuelle lui est presque entièrement dédiée. Le sérieux, la préparation et le professionnalisme qu'on lui connaît en course n'est bien évidemment pas sa seule nature. Retrouvez-le dans la dernière production PVS nommée Alpine Park où il rameute toute la station de Val d'Isère pour créer un parcours de slalom comme vous n'en avez jamais vu !
Enfin, la dernière performance Dynastar de ce début de décennie nous vient de deux femmes : Axelle Gachet-Mollaret et Emily Harrop qui ont tout simplement dominé la saison 2023 avec des M-Pierra Menta aux pieds. Avec de multiples titres de championnes du monde et des globes de cristal (petits et gros), elles ont su unir leurs forces et s'imposer sur la mythique Pierra Menta en mars.
Ok, nous venons de retracer en quelques lignes 60 années de vie. Mais qu'en est-il de la suite ? Une fois les coupes de champagne bues, il faut bien continuer à aller de l'avant. C'est presque là que Dynastar impressionne le plus : la voie semble déjà bien tracée. Malgré les insécurités du moment (inflation, coûts des matières, crise climatique), le nouveau dirigeant du Groupe Rossignol, Vincent Wauters à les idées claires.
Il faut continuer à être innovant. Ne pas se contenter de l'acquis et poursuivre avec les améliorations et avant tout, penser au futur que nous allons laisser à nos enfants. Dans cette optique là, le Hybrid Core 2.0, considéré comme un "Game Changer" par la marque, va être étendu à d'autres skis. Game Changer car il change de façon significative la manière habituelle de penser ou d'agir quand on parle de développer des noyaux de skis.
La principale évolution réside dans l'optimisation des fibres de bois qui composent la structure du ski. Habituellement, le bois utilisé est disposé puis usiné de manière à ce que les fibres soient orientées dans la longueur du ski. Avec l'Hybrid Core 2.0, les fibres et plis du bois sont utilisés dans 3 dimensions : longitudinal, transversal et vertical. Cela permet d'apporter plus de solidité et donc permet d'utiliser moins de matière première. Les ingénieurs ont aussi revu la forme des structures bois pour qu'elles aient moins besoin d'être usinées et ainsi éviter le gaspillage de matière.
L'utilisation tridimensionnelle des fibres de bois permet d'apporter plus de solidité au ski et renforce aussi naturellement son flex en torsion. Cela permet donc aussi d'utiliser moins de fibres de verre encollées. Ces matériaux nocifs sont donc moins présents dans la composition des skis.
L'utilisation de la construction Hybrid Core 2.0 permet donc les réductions suivantes sur les skis de la gamme All Mountain (M-Cross 88 et 82 et E-Cross 88 et 82).
Dynastar vise 45% de skis dotés de l'Hybrid Core 2.0 d'ici 2026 (alors qu'il n'y en avait que 13% en 2023) et souhaite avant tout opter pour une communication la plus transparente à ce sujet. Personne n'est parfait dans la lutte contre les causes du réchauffement climatique et l'érosion de la biodiversité, mais Dynastar estime qu'en communiquant des informations transparentes et claires à ces clients, ils sauront reconnaître les efforts réalisés pour faire bouger les choses et innover.
Le maintien d'une production française à Sallanches est donc aussi un gros enjeu pour la marque car elle permet aussi d'alimenter localement un des très gros marchés qu'est la France.
Nous souhaitons tous nos vœux de bonheur et de réussite à Dynastar pour ces soixante belles années et espérons que les soixante prochaines seront tout aussi remplies d'innovation, de réussite sportive et de belles courbes.
2 Commentaires
Bravo pour cet article sur cette marque qui a connu de belles heures, mais qui n’a pas su transformer sa position de précurseur sur le freeski après le départ d’Aurelien Ducroz, faute à une réduction budgétaire drastique du sponsoring du groupe rossignol, menant à un désintérêt des nouvelles générations pour la marque. Aussi, aux côtés des beaux noms cités, je suis surpris qu’il ne soit pas fait référence au ski qui a permis à la marque de gagner son premier titre aux winter x-games avec un certain Candide Thovex en 2001 et son style iconique rastafari de l’époque
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