[Vidéo] 3 Questions à Romain Grojean

Romain Grojean revient sur sa saison en 3 questions, une vidéo et quelques photos !

Le pire, c'était un jour de shooting aux Arcs. La dernière chute de neige remontait à quelques semaines. On a donc décidé avec Scalp (photographe) d'aller skier une petite face nord à l'abri du vent et des traces. Je repère rapidement la ligne du bas, je devais faire un turn sur une épaule de neige et ensuite sauter une petite cliff à travers l'aérosol que j'avais soulevé pendant le turn. Bref, je m'élance plein gaz du sommet de la face, j'engage mon virage et là CRAC : un gros shark pile poil sur l'épaule me déséquilibre complètement. Voyant la cliff arrivée alors que j'étais complètement en vrac, j'ai donné une impulsion sur mes deux jambes au dernier moment comme si je voulais me décoller des rochers... S'en est suivi un triple tête pied sans gravité. Une fois ma chute finie, ayant tout posé dans la réception, je suis remonté à pied pour récupérer mon masque, bonnet... J'étais retombé à 20 cm de la fin de la cliff... Je suis sagement rentré à la maison, cette journée n'était pas la mienne (rires). J'ai eu beaucoup de chance, j'aurai pu me blesser très gravement et Scalp a eu également une grosse frayeur en me voyant survoler les cailloux la tête à l'envers. Voici quelques photos qui explique ma chute! J'en ai encore froid dans le dos de regarder ça aujourd'hui !

Quant à mon meilleur, difficile de n'en retenir qu'un avec l'hiver exceptionnel que nous avons eu l'an dernier... Il y a la journée du 6 janvier 2012 aux Arcs, 70cm à 1m de poudre tombée par endroit! Nous avons quand même décidé d'aller shooter. En plus j'ai le souvenir que cette journée était tombée un samedi, pas un chat dans la station... Je n'avais jamais skié dans autant de neige de toute ma vie, je crois que ces photos résumerons mieux mes dires....

2- Tu as pas mal voyagé l'hiver dernier, mais partir loin est-ce vraiment la garantie d'avoir de belles images à la fin ?

(rires) Cela dépend des fois ! Il est vrai que voyager est une chose importante pour un rider "d'images". C'est vraiment génial, cela permet de découvrir de nouvelles montagnes, de nouvelles cultures, aventures et de proposer des images différentes, exotiques, qui sortent un peu de l'ordinaire.... Partir sur un trip c'est comme une partie de poker, dès fois tu gagnes et dès fois c'est un peu comme mettre son tapis et tout perdre, tu repars avec rien... c'est un peu ce qu'il s'est passé pour moi cet hiver sur les 2 trips que j'ai pu faire...

Février 2012 : la neige ayant cessé de tomber dans les alpes, nous décidons de partir filmer en Colombie Britannique (qui fait partie des endroits normalement les plus enneigés du monde) avec une équipe PVS. Nous avons passé 15 jours sur place sans AUCUNE CHUTE de neige juste du brouillard et un temps humide. Bref le genre de temps qui fait que même si tu es à 10 000 kms de chez toi tu n'as pas envie d'y aller... 

Mars 2012 : Movement (le sponsor ski de Romain) décide nous envoyer shooter pour les pubs de l'an prochain en Islande ! Tellement emballés par cette destination et sûrs de ramener des images de qualité, nous montons une équipe avec une sacrée envie de revanche par rapport à ce premier trip raté en BC. Nous arrivons sur place dans un lodge au milieu de nulle part (comme c'est souvent le cas dans ce pays), Movement avait fait les choses en grand, lodge confortable, hélicoptère dans le jardin à notre disposition pour une quinzaine d'heures de vol échelonnées sur les 12 jours de trip, un super guide et un ancien Silverstar de l'armée Islandaise en pilote. On avait du mal à réaliser notre situation, tout d'un coup les choses paraissaient si simples....  

Seulement ce que l'on à tendance à oublier c'est que lorsqu'on est en Islande, on est juste à quelques centaines de kilomètres du cercle polaire et quand il se met à faire mauvais, il fait vraiment très mauvais et ça dure... C'est ce qui nous est en effet arrivé les dix jours qui ont suivis cette 1 ère journée : 10 jours de tempête avec 110 km/h de vent, pluie, brouillard. Impossible de skier.

C'est donc après ces 10 jours d'attente qu'une fenêtre de soleil est enfin arrivée, le dernier jour, obligé de changer les billets d'avion et de prendre le dernier vol de la journée. Ce trip sera pour moi un souvenir exceptionnel mais je dois avouer que les images ramenées ne sont pas à la hauteur de ce que l'on aurais pu produire avec des conditions météorologiques normales. Décidément on ne gagne vraiment pas à tout les coups... 

3 - Tu es un rider assez complet, à l'aise aussi bien sur un rail en street, un big air que sur une face enneigée. Penses-tu que la polyvalence est importante dans ce sport ? 

Tout dépend de quelle manière tu pratiques le ski. Pour ma part, je ne me suis jamais trop posé cette question, j'ai toujours fait un peu de tout car je prenais avant tout du plaisir à le faire ! Le mois prochain j'aurai 26 ans et c'est vrai que cela fait déjà un petit moment que je skie, je suis passé par les différentes pratiques du ski freestyle. Etant accro de snowpark il y a encore quelques années, aujourd'hui je suis plus passionné de lignes BC. C'est une évolution logique pour un skieur ! Par contre pour moi, un bon freeskier est avant tout quelqu'un qui sait skier (proprement dit).

Enfin polyvalent ou pas, un skieur doit avant tout prendre du plaisir ou qu'il aille et quoi qu'il fasse dans la montagne !