Teaser du nouveau film des Falquet

Les frères Falquet, les frères Lumière du freeski, ont laissé la poussière se déposer sur leurs lentilles l'hiver dernier pour cause de manque de neige et de pénurie d'action à filmer. Après une suite de très belles productions : Une nuit d'hiver, Legends, Nomads (un résumé de leur filmographie est ici), ils préparent leur prochain film : Secret Spot, retraçant leur carrière et ayant pour cadre la vallée qui a accueilli la plupart de leurs virages, la vallée du Trient. Double interview avec un Nicolas et un Loris remontés comme des coucous suisses.  

-Parlez-nous de ce film Secret Spot ?

-Le projet n'est pas si nouveau que cela. Il devrait être terminé aujourd'hui, mais avec notre dernier hiver catastrophique, on a décidé d'abandonner et de le réaliser en 2012. Il sera quasiment entièrement tourné dans la vallée du Trient, juste avant la frontière suisse à Vallorcine. On a appris à skier là, on voulait y revenir, parler de notre carrière. C'est là aussi qu'on a fait nos armes sur le tournage de nuit (dans Une nuit d'hiver, ndlr). On voulait s'attarder sur la vallée toute une saison, avec des images d'action et des archives.

Il y aura d'autres skieurs, comme Phil Meier ou Jérémie Heitz. On ne peut pas parler de notre région sans parler de ces deux skieurs ! Ensuite, il y aura toute notre équipe : Guido, Jancsi et Myriam, ce sont eux qui nous ont fait, en quelque sorte. A travers ce film, on va se plonger dans le making-of, suivre l'actu du tournage sur le web (ça avait bien marché avec Nomads) jongler entre le documentaire et l'image léchée. 

-Vous connaissant, vous êtes des perfectionnistes. Tout doit être écrit ?

-C'est très compliqué d'écrire dans les détails le film qu'on veut faire. On ne peut pas tout prévoir. En revanche, on planifie dans le plus de détails possibles nos idées. La frustration avec Nomads a été de faire vite, de compresser une session en 2/3 minutes. On réfléchit pour notre nouveau film à une structure originale. On va rester dans le documentaire, articuler la partie actuelle et historique pour ce que ce soit un peu plus attirant qu'un documentaire didactique. 

-Quel est votre pitch alors ?

-Le pitch est : voici la vallée magique qui nous a fait, à la fois dans le ski et dans la réalisation de films. En fait, c'est plutôt : "comment faire un film sur nous-mêmes sans avoir l'ego de le dire" (rires), alors on fait un film sur la vallée ! Si il y a un dénominateur commun dans tout ce qu'on a fait, c'est cet endroit magique. 

-Comment se passe le financement ?

-C'est la galère... Cela dit, contrairement à Nomads où Nico a quasiment tout sorti de sa poche, nous avons le soutien de la vallée du Trient. Les différents villages participent à notre projet, Mammut l'un de nos sponsors est de la partie. On n'est pas dans une superproduction, on va faire avec les moyens du bord. C'est souvent avec le moins de financement qu'on fait les meilleures choses. Dans notre film, on n'aura pas les millions de Travis Rice, on va chercher quelque chose de plus authentique, on n'aura pas d'hélicoptère, on va essayer d'offrir un autre spectacle, une autre approche. L'hiver est quasiment là et on cherche encore du financement, on passe du temps au bureau pour trouver des budgets... ce sont les joies du freeride aujourd'hui !

-Vous avez vu les vidéos de ski de l'hiver ?

-J'ai vu quelques trailers de ce qui est sorti. Il y a des performances hallucinantes avec de la très belle image, mais bon, tu as vu le trailer, tu as tout vu. Ce n'est plus ce qui nous fait frissonner, ces plans incroyables et ces performances délirantes, je ne regarde plus un film de ski comme je le regardais il y a quinze ans en attendant la plus grosse performance. Travis Rice, c'est un peu : "la mienne est plus grande que la tienne", c'est Disneyland, comment je peux m'amuser avec tous mes jouets ? Notre carrière est longue, ça fait 15 ans qu'on a été influencé par nos premières images de ski. J'ai quand même le sentiment que si ce sport est perçu comme un phénomène de foire, on a des choses plus authentiques à montrer que deux hélicos et des motoneiges.

-Vous avez toujours cherché à vous différencier.

-On a basé notre carrière en refusant de faire de la compétition, amener de l'originalité avec un scénario. Qu'amener de nouveau ? Pour l'hiver 2012-2013, on aimerait passer la porte de la télévision, ce qui est très difficile (les diffuseurs prennent leur public pour des débiles). On aimerait pouvoir créer quelque chose de télévisuel, on avait d'ailleurs commencé avec des télévisions locales suisses. 

-Le film Legends (teaser ci-dessous), assez classique, lorgnait déjà vers cet aspect authentique. 

-Oui et non. On était déjà un peu pris au piège du film de commande. On s'est retrouvé avec ce besoin de surenchérir et de faire de la communication sensationnelle. On a essayé de se raccrocher à des rencontres, on a essayé de tirer au maximum le drap à nous. J'ai morflé, mais ça m'a appris à travailler avec des moyens et pour quelqu'un d'autre !

-Comment va se dérouler le tournage de Secret Spot ?

-On va essayer d'intégrer les gens de la vallée, leur faire un beau cadeau avec ce film. On va filmer des paysage dès que la neige est là, de belles cartes postales. A partir de mi-janvier, on va tourner l'action. Il y aura des images de nuit au programme évidemment ! En revanche, on ne sait pas encore si on intégrera le bus qui a été entièrement repeint.

-Comment le film sera-t-il diffusé ?

-Il y aura un suivi sur internet par épisodes. On va le montrer dans les festivals (le coeur de notre diffusion). On met de l'énergie pour un beau tournage, une belle présentation mais est-ce qu'on va pouvoir faire de l'argent avec ça et entrer dans nos frais ? Je n'y crois pas trop...