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Christophe Margot : de la photo à la vidéo

Christophe Margot est passé de l’image fixe à l’image animée sans perdre son regard affûté. Il nous explique en détail comment il travaille...

article Phil meier

Christophe Margot est l’un de ces photographes dont on reconnait au premier coup d’oeil l’univers graphique. Depuis deux ans, il passe de l’image fixe à l’image animée avec le même regard affûté, pour traquer les émotions qui parfois surgissent dans une scène, de façon inattendue. A défaut d'avoir son oeil, on peut toujours apprendre deux ou trois trucs sur ses méthodes de travail. Et comme le garçon n'est pas avare, il nous explique comment il bosse.

-Comment as-tu commencé la vidéo ?

-J’ai appris le montage sur le tas. Mavic (fabricant de roues de vélo basé à Annecy) m’a demandé la même chose que je faisais en photo mais en vidéo. J’ai toujours été passionné par la vidéo alors j’ai foncé. La première année, je n’avais pas la prétention de tout faire, j’ai bossé avec différentes personnes. Parallèlement, j’ai fait un projet perso sur Blaise (à voir plus bas) que j’ai monté sous Final Cut et pour la première fois, je réussissais à mettre ma vision dans un montage. J’adore le cinéma, c’est magique, une musique sur des images... J’ai toujours été fasciné par les mouvements de caméra, c’est une vraie chorégraphie. J’étais d’ailleurs souvent plus intéressé par les making-of que par les films. 

-Comment s’est déroulée la transition professionnelle de l’un à l’autre ?

-La transition a été rapide. En 2009, je connais ma meilleure année photo. En 2010, je produis 10% de vidéos. En 2011, la vidéo représente 85%. J’avais des acquis de photographe, mon métier roulait et d’un seul coup le vent a tourné, il fallait se réveiller. J’ai réalisé que les clients sont prêts à payer pour du contenu internet vidéo alors que les photos, il fallait les donner, c’était un bonus. Quand j’ai compris ça, j’ai foncé. J’ai retrouvé la passion de mes débuts en photo, quand tu es émerveillé, tu as envie d’apprendre, de progresser, tu as de l’énergie ! 

En photo, je savais exactement où j’allais, je savais ce que ça allait rendre, j’avais des acquis. En vidéo, en apprenant, je vais d’inconnue en inconnue. C’est une prise de risque mais aussi une excitation. Ca demande beaucoup d’énergie de réapprendre un nouveau métier.

-Quelle est la différence, dans tes méthodes de travail, entre la vidéo et la photo ?

-En photo, tu es seul dans ton coin, en vidéo tu travailles en équipe. Je suis parti la fleur au fusil au début, ensuite j’ai réalisé que la vidéo restait une image, avec du cadrage. Ce qui m’a aidé pour la vidéo, c’est ma capacité d’anticipation, héritée de la photo.

Le plus dur, c’est la fluidité d’un travelling, le mouvement de caméra à la bonne vitesse.  En vidéo, tu ne peux pas faire que des beaux cadrages, c’est aussi ce qui se déroule dedans, un regard, un mouvement. Au début, je passais mon temps à faire des trucs avec le soleil, comme en photo (rires), mais il faut raconter une histoire, il faut qu’il se passe quelquechose dans l’image, un détail. Quand tu as un mouvement de caméra et qu’il se passe un truc, c’est encore plus fort que la photo, tu le vis en temps réel.

Une autre grande différence pour moi, c’est que pendant 15 ans de photo, je n’ai jamais eu de zoom, alors qu’en vidéo, c’est obligatoire ! 

-En photo tu peux compter sur la chance, pas en vidéo ?

-Exactement. En photo tu es très tributaire de la chance. La magie, c’est le coup de bol, le petit détail qui fait la différence. En vidéo tu ne peux pas compter dessus, c’est trop de travail. Il faut préparer les plans, planifier, organiser... Faire une suite de beaux plans, ce n’est pas suffisant. Il faut trouver une alchimie entre plans esthétiques, les interviews, la musique. C’est un long processus, alors que la photo est très instinctif. Tu es toujours aux aguets, comme un sniper. La photo aide à être réactif et à anticiper. En vidéo, c’est moins dans le rush, c’est plus calme, tu dois réfléchir aux enchainements de plan.    

-Ce qui a changé, c’est le moyen de diffusion des vidéos, c’est à dire internet.

-Internet, c’est un outil de diffusion complètement fou. C’est ce qui m’a donné envie de faire de la vidéo, des films comme Dark Side of the Lens, une vision et un parti pris hallucinant. C’est une source d’inspiration exceptionnelle. La télévision est relativement formatée, mais en vidéo, il y des partis-pris visuel vraiment géniaux. On est submergé par de très bonnes images de ski, dans toutes les vidéos. Maintenant il faut trouver une belle histoire. Maintenant il faut mettre l’accent sur le fond.

-Comment travailles-tu au montage ?

-Quand je monte, je prends autant mon pied qu’au tournage, je m’éclate, comme quand je prenais mon papier multigrade sous l’agrandisseur, que je le glissais dans le révélateur. Dans ce sens, c’est assez similaire à la photo. Si j’ai beaucoup de rushes, je mets du temps au montage, sinon je prends entre un et trois jours pour dérusher et monter, sachant que je suis encore en phase d’apprentissage. 

Je ne fais pas des montages hyper compliqués. J’ai un niveau basique, je fais avec ce que j’ai, avec ce que je sais. Ce ne sert à rien de faire des montages très clipés, je fais des montages simples laissant de la place à l’image et à l’histoire. Pour moi, c’est ce qui correspond le mieux à ma vision. Je travaille avec un musicien et un designer sonore anglais. Je lui livre le montage avec les sons d’ambiances et les interviews, lui fait le mixage et compose la musique sur mes images. Avant je posais la musique et faisais le montage autour de la musique, mais de travailler comme cela m’a changé la vie. 

-Au niveau du matos, tu travailles avec des reflex ? 

-Oui. J’ai vu une équipe avec une Red One mais finalement, l’appareil-photo est l’outil qui me convient le mieux : c’est petit, tu peux être autonome, tu fais de beaux plans. C’est comme si je venais d’avoir mon permis de conduire, je ne vais pas conduire une Formule 1 ! Je connais l’appareil photo, je ne vais pas passer du temps à apprivoiser un nouvel outil. J’ai eu l’occasion de travailler avec un Red, c’est lourd et massif, il faut de gros trépied, de gros slider. Le fichier raw de la Red n’est pas utilisable de suite, il est gris et désaturé, très fade, tu as de l’information dans toutes les parties de l’image mais ensuite il faut le retravailler, il faut beaucoup de post-prod pour atteindre la bonne colorimétrie, c’est lourd, il faut des grosses machines. (Depuis cette interview, Christophe a changé de voiture puisqu'il a commandé la petite Red Scarlet, ndlr.)

-Racontes le tournage du film de Phil Meier ?

-Tu as une idée de plan, tu as les outils, tu vas bricoler pour que ça marche, il y a toujours du bricolage ! Avec Phil Meier, j’ai eu le temps. Pour sa maison, j’avais tout programmé, j’avais tout dans la tête, tout était élaboré. J’ai monté ça super vite parce que je savais ce que je voulais. Il ne faut pas tomber dans le kitsch. Si tu mets trop de beaux plans à la suite, ils s’annulent, je suis en train de l’apprendre. J’avais lu un truc sur Spielberg où il expliquait que quand ils entrait sur un tournage, tout le monde sait exactement ce qu’il doivent faire, tout est millimétré.

Pour l’action, c’est plus de l’impro, c’est là que la photo aide, il faut faire avec ce qu’on a. La photo de presse m’a beaucoup appris. Tu arrives à un endroit, rien n’est fait pour une belle photo, tu n’as pas le choix, il faut trouver un moyen de rendre l’image intéressante. Il n’y a pas de petit sujet, il n’y a que des petits traitements ! Il faut se creuser la tête, comme pour le plan dans l’escalier.

-Tu vas filmer plus d’action ski, ce que tu savais faire en photo ?

-J’ai beaucoup de respect pour les équipes de tournage ski, surtout depuis que je filme. Suivre le rider avec des beaux mouvements anticipés, c’est dur. En photo, avec 10 images par seconde, tu ne le lâche pas et même si le rider se loupe, même s’il n’a pas une bonne position, tu as toujours une bonne photo. En vidéo, tu peux jeter le plan ! Toutes les images d’action de Phil sont des images d’archives. Je n’ai shooté que le lifestyle. Je sais faire dans le documentaire, mais de la vraie belle image de ski, je n’ai pas encore les qualités.

Matériel : 

Canon 1D Mark IV (optiques Canon, mon préféré est le 24/105 mm macro f4, c’est le couteau suisse, il est stabilisé en plus. J’utilise aussi le 50mm et le 100mm macro).

Canon 5D Mark II.

Son : micro cravate branché sur le 1D avec une interface. 

Travelling avec une échelle et un chariot. 

Slider (rail pour traveling).

Trépied.

Logiciel Adobe Premiere pour le montage.

3 Commentaires

Jif13 C'est fou comme toutes ces paroles se ressentent à travers ces vidéos. Belle artiste et bon courage pour ton apprentissage dans la vidéo !
 

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mere_michele_prod J'avais trouvé le portrait de Phil très réussi mais je ne connaissais pas encore l'auteur de chef d'oeuvre. Maintenant je comprend pourquoi il est si bien réalisé!
Ca promet de belles vidéos!
 

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