C'est avec gourmandise que j'ai lu les articles de la presse dite "généraliste" s'emparant d'un sujet comme les X Games. Alors, comment un journaliste "généraliste" parle-t-il de notre sport ? Petite revue de presse... sur le ton de l'humour, hein ?
C'est avec gourmandise que j'ai lu les articles de la presse dite "généraliste" s'emparant d'un sujet comme les X Games. Un domaine que nous, media "spécialisé", connaissons bien. Alors, comment un journaliste "généraliste" parle-t-il de notre sport ? Petite revue de presse... sur le ton de l'humour, hein ?
D'abord les titres. On nous a épargné "la rentrée des glaces", mais pas grand chose d'autres. Les clichés sont convoqués en lettres grasses : "show devant" (Direct Sport et L'Equipe Mag), "Des riders nés sous X", "Un évènement XXL" (L'Equipe magazine), "Les cadors de la glisse extrême dévalent sur Tignes" (TV Grandes Chaines), "La réunion des acrobates de neiges" (Télé 2 Semaines), "Duel au soleil" (Le Dauphine Libéré), "Une avalanche de sensations" (Air, le mag), "La neige tombe sur Canal" (France Soir) et, peut-être le plus obscur : "Extrême limite" (Télé TNT).
Logiquement, la plupart des articles sont centrés sur la figure de Kevin Rolland, la star qui répond au plus grand nombre d'interviews, une "accroche" évidente pour le public français. Kevin est "le golden boy du freestyle", tandis que "Torah Bright est une jolie petite poupée blonde" (Dauphiné), Toto Krief la "dernière petite merveille du ski freestyle français" et Mathieu Crépel, tout simplement, est "l'étoile des neiges" (Sport). Xavier Bertoni, quant à lui, fait l'objet d'un étrange portrait dans le supplément de l'Equipe Mag, une prose non dénuée d'une certaine profondeur obscure : "livré à la naissance avec les deux clignotants, Xavier Bertoni est le seul du circuit à tourner dans les deux sens, mais comme ça ne paie pas à tous les coups, il est en mode revanche". Je suis sans voix.
On sent que les touches "copier-coller" ont bien fonctionné sur les claviers des journalistes. Ces deux touches sont indispensables pour reprendre les communiqués de presse. On ne peut pas les blâmer, quand on ne connaît pas un sujet, on fait confiance aux attachées de presse. Laurent Daviet, une belle plume ski du Dauphiné, tente cependant une légère analyse dans son édito intitulé "Il n'y a plus d'inconnue X".
En cessant d'être critique, il faut reconnaitre que les journalistes font des efforts pour vulgariser la discipline, donner des points de repères, comme dans Metro : "la production de neige équivaut à recouvrir de poudreuse la distance Paris-Rouen, soit 112 km !". Sport se sent obligé de préciser, curieusement : "Non, les Winter X Games Europe ne sont pas une obscure compétition porno disputée en extérieur, au coeur de l'hiver alpestre... Les X Games sont les officieux Jeux Olympiques d'hiver des épreuves fun et déjantées". Les X Games sont aussi, au gré des formules toutes-faites, "Le festival de Cannes des sports extrêmes" et la réunion du "gratin des casse-cou".
Enfin, passons sur :
-les erreurs factuelles : "un slopestyle déjà gigantesque l'an dernier qui passe de six à huit modules", alors qu'il passe de 8 à 6 modules.
-les fausses analyses : "surfant sur la lancée du ski acrobatique qui a connu la consécration aux Jeux de Vancouver en 2010, les X sont comme chez eux en France". (Metro).
-la grammaire étrange : "même si Shaun White reste imprévisible, il peut atterrir en jet privé pour la saison 2". C'est justement parce qu'il est imprévisible qu'il peut atterrir en jet privé, non ?
-la syntaxe qui fait grincer les dents : "le plus grand terrain de jeu probablement jamais construit en Europe" (Dauphiné).
-le franglais : "la french touch en pole".
-le vocabulaire d'un autre âge : "du fun, du fun, du fun !" (Metro).
-de la bêtise pure et simple : les spectateurs sont "pour la plupart des garçons au look de postadolescents et plutôt de bonne famille, les lunettes de soleil vissées sur la tête et leur snowboard cloué sur l'épaule"... bravo le magazine TV Grandes Chaines pour cette clairvoyance sociologique.
S'il y a 400 journalistes accrédités, on se demande si ce sont eux qui écrivent les articles repris dans cette petite revue de presse. Et puis, pour terminer, on peut préciser que Skipass a envoyé sur place à Tignes le plus gros contingent de la presse française... ce qui ne nous empêche pas de faire des fautes d'orthographe.
10 Commentaires
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Oh oui ! J'aime ahaha !
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Les athlètes, eux sont surrement contents et fiers de cette couverture dans la presse bien qu'elle soit hasbeen ou legere. Il faut passer par là.
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Guillaume (l'autre, parce qu'on est 2 hein)
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Au moins les journalistes font des efforts...remarque si l'équipe cherche un chroniqueur sur le freeski je veux bien déposer un cv.
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+5000 pour Gregroot
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Mais faire passer les riders pour des jeun's qui font les casse-cous c'est ridicule. Le pire c'est quand ça vient de magazines sensés être "sportifs"...
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On ne parle pas de critiquer dans cet article, juste de rire : quelques journaux manquent clairement de crédibilité, parce qu'à mon sens ils ne sont pas objectifs.
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