Voici comment se déroule ma journée de skieur typique dans ces latitudes extrêmes : je me réveille le matin au beau milieu d'une baie calme, avec les pingouins qui nagent autour et les sternes arctiques qui volent autour du drapeau suédois. Du pont supérieur, ma vue est de 360° sur les montagnes. Chaque matin le paysage est différent et offre sa symphonie de lignes à skier - souvent avec l'obstacle d'un mur de 10 mètres qui plonge directement dans l'eau. Après le briefing, je rejoins un groupe et nous prenons place dans un zodiac qui nous amène à notre point de départ.
Chaque groupe de 4 à 8 personnes est accompagné d'un guide. Nous sommes nombreux mais le terrain est assez varié pour que chacun revienne à la fin de la journée avec sa besace pleine d'histoires mémorables et de photos à coupe le souffle. Il y a toujours un autre couloir, une autre face ou crête à skier le lendemain. La seule chose qui nous limite est le temps disponible et l'accessibilité des faces.
Arrivé à terre, une petite randonnée suffit pour m'emmener au paradis de la glisse arctique. Parfois il suffisait de glisser sur une face tranquille et de profiter du paysage pour se sentir comblé. Parfois, je choisissais l'option plus sportive de basculer dans un couloir ou une face glacée, raide, effrayante. Il fallait bien juger de ses capacités de skieur et de ses connaissances de la neige : l'Antarctique a les plus grandes crevasses du monde. La neige pouvait rapidement se transformer de charmante à maléfique, de poudreuse parfaite à de la glace dure comme de la pierre. Et tout est plus raide et plus long qu'il n'y paraît. Cela dit la récompense est à la hauteur des risques et le bonheur est là, bien présent, à la fin d'un run, entouré de pingouins au bord de la mer, quand je reprend mon souffle en enlevant mon masque.
Le cinquième matin, je shoote avec Tom Day. On se préparait pour un belle séquence après une randonnée d'une heure, il fallait juste attendre que les skieurs traversent la vallée en face. Je ne pouvais m'empêcher de regarder le sommet derrière nous... Avec un créneau de 45 mn, j'en profite pour terminer les 250 m de dénivelé qui m'en séparait. La neige n'était pas fantastique, le sommet n'était pas le plus raide ni le plus haut. Je recherchais juste la sensation de skier une pente où personne n'avait posé ses spatule, entouré dans un paysage grandiose qui accentuait le plaisir de chaque virage. Dans un voyage plein de moments forts, les moments de solitude et de contemplation comme celui-là sont encore plus précieux.
Je saisis alors le but de ce voyage. Ce n'est pas le ski. C'est la simple sensation d'être là. Même ceux qui avait posé leurs spatules sur toutes les neiges du monde confirmaient : aucun endroit ne ressemble à cet Antarctique. Je me suis éloigné du groupe, sur la grande plage de rochers, pour trouver de belles photos de pingouins. 50 mètres, ce n'est pas loin, et pourtant c'est tout un monde.
Un monde beau et brut, avec un air si pur, et je m'imagine vu de satellite comme un petit point coloré dans un océan de bleu et de blanc. Il suffit de faire quelques pas à l'écart de ses compatriotes, des discussions et du bruit du moteur et soudain les gigantesques glaciers et l'océan infini te rendent minuscule... tout en ouvrant ta vision. L'Antarctique m'a rapetissé et elle m'a grandit.
7 Commentaires
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Encore un superbe portofolio, mais comment pourrait il en être autrement avec Adam Clarck ...
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La photo n°2 résume bien l'aventure...
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paysage magnifique !
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