Les glisseurs à gros centimètres sous le pied étaient réunis à La Grave ce week-end pour tester du fat à l'occasion de la Swallowmania. Un reportage qui donne des courbatures.
Le petit salon d'exposants est posé au coeur d'un paysage magnifique, à 3200 m d'altitude, derrière la gare d'arrivée. Au milieu, un teepee indien crache la fumée de son feu de bois. L'air est à peine froid, le soleil démesuré. On y trouve des grandes marques (Salomon, Dynastar), des plus petites (Zag, Black Diamond, Arbor, Movement), des plus petites encore (Black Crows, Amplid, Dupraz) et des artisans aux mains pleines de colle (Swell Panik, Bumtribe, Clone, Rabbit on the Roof, Backside). Des skis fats et un domaine à la mesure des produits.
Francky Moranval, également organisateur du Derby de la Meije, est aux commandes. "La Swallowmania est un événement qui réunit des petits fabricants pour tester du matos sur plus de 2200 m de dénivelé, dans les conditions réelles de test pour avoir une idée correcte du produit. Des guides font également découvrir le domaine. Le but est aussi d'inciter les petits fabricants shapers à avoir accès à un stand pas cher pour présenter leurs produits et pouvoir en discuter avec les visiteurs". Samedi a connu une belle affluence, avec les stands dépouillés de leurs skis, dimanche a été plus calme. "Les skis fats et le freeride restent une niche, tout comme la Grave est une niche", poursuit Francky, "je viens de parler avec le proprio du téléphérique de la Grave et c'est compliqué pour eux de le faire tourner, notamment avec les question de sécurité et de responsabilité dans notre société de sur-sécurité". Les discussions devant le couscous de midi tournent justement autour des efforts d'information aux dangers de la haute-montagne, point sur lequel La Grave fait d'énormes efforts. Domaine non sécurisé accessible depuis un seul téléphérique et par le domaine des 2 Alpes, La Grave est depuis toujours en sursis aux yeux du Préfet. La pression est montée d'un cran dans les derniers jours après plusieurs interventions de l'hélico de la Sécurité Civile.
La Swallowmania, c'est à la fois l'occasion de découvrir et tester des skis rares et de discuter avec les constructeurs, comme ce passionné qui échangeait des infos techniques sur les moules avec Kafi de Swell Panik. J'ai pu par exemple tester le ski de Clone aux lignes assez droites, en 191 cm de long. Il avait un comportement étonnant que les 2100 m de dénivelé de la rotation test jusqu'au village ne m'ont pas permis d'explorer à fond. J'avais la chance de descendre avec Philippe Bongini, shaper de Clone justement, qui me donnait les explications sur le comportement de son ski. Très maniable et joueur, il semblait perdre ses moyens dès que je prenais un peu de vitesse, il se mettait à flotter. "Il faut vraiment lui rentrer dedans, et ensuite il tient. C'est le noyau, j'utilise des fibres de bois horizontales, comme sur mes snowboards. Elles sont assez souples mais plus tu appuies et plus elles résistent, à l'inverse des noyaux à fibres verticales, serrées, qui réagissent immédiatement". Effectivement, en poussant un peu, le ski reprend sa tenue et ne bronche pas. J'ai appris un truc.
Bumtribe est toujours là, la marque de Seb Ducroz étant dorénavant vendue en direct. Il vient de terminer l'atelier de construction chez lui, en Haute-Savoie et fait partie des petits artisans passionnés parmi lesquels on compte Peter de Rabbit on the Roof, un ébéniste du neuf-deux spécialisé dans les meubles et les attelages de chevaux de trot. Autant dire que ses "top sheet" en bois sont de petites oeuvres d'art. Enfin, Backside, une nouvelle marque inconnue au bataillon. Parmi les petites marques qu'on connaît mieux, on trouve Dupraz, avec un Serge (à droite) toujours fidèle au poste. Il refait le monde de la glisse au thé de midi et nous offre son inextinguible enthousiasme en guise de dessert : "il y a encore un énorme potentiel pour le snowboard, il faut imaginer de nouveaux produits !".
La journée se termine par un petit massage dans le teepee indien pour dénouer tous ces muscles malmenés et par la dernière descente, jusqu'au village, qui me sèche littéralement les jambes. On est à la Grave ici, et 2200 m de dénivelé d'un coup, faut être habitué. La neige compacte, ventée est dure mais saine (et les couloirs nord, paraît-il, en parfaites conditions). Dans le dernier chemin bosselé et gelé, c'est la bataille pour garder le cap. C'est là que Bruno Compagnet de Black Crows nous dépasse en sautillant de bosses en bosses comme un cabri aux couleurs vives de sa combi Norrona, rendant risibles nos efforts pour négocier l'obstacle. En bas, il a un grand sourire paisible : même sur neige béton, Bruno se fait plaisir et arrive à être élégant. Je le remercie pour cette belle démonstration de ski et je rampe jusqu'à ma voiture. La Grave, ça se mérite.
Texte et photos : Guillaume Desmurs
6 Commentaires
En esperant que ce domaine d'exception reste ouvert à tous bien que nous nous dirigions inévitablement vers une socièté totalement aseptisée...
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Je confirme pour le toucher de neige de Bruno Compagnet, c'est vraiment hallucinant.
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une fois de plus
mais si vous rider sur le glacier oublier pas votre baudrier!!!!
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De même labuche c'est pas juste en rapellant que faut un baudrier sur le glacier que ca changera grand chose (malheureusement!). Le problème est qu'il y avait un système mis en place qui fonctionnait (relation commune-télé-guidos) et que tout est en train de s'effondrer par des querelles intestines (a la grave) et sous fond d'électoralisme... C'est triste !
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