Interview Pierre Guyot (photos et vidéo)

Pierre Guyot, 23 ans, trimballe sa déconne, sa nonchalance et sa lucidité dans le monde freestyle depuis huit ans, après avoir immolé ses snowblades. Nous l'avons rencontré et, quand il veut, il peut dire des choses intéressantes.

-D'abord, peux-tu nous livrer une courte biographie de toi-même ? Tu ne viens pas de la montagne, tu es même, il faut le dire, parisien et snowblader de la première heure ?
-Oui, mais à cinq ans, j'étais asthmatique et il a fallu que j'habite à la montagne. On a habité à Font Romeu, Briançon et puis Les Menuires. A Briançon j'ai commencé le ski études et j'étais mauvais.

-Tu as donc commencé par l'alpin ?
-Oui, j'ai toujours aimé l'alpin, encore aujourd'hui. J'étais le mec atypique, un peu fou, qui partait rider en peuf avant les entraînements. A la fin du collège, je ne suis pas allé en FIS et donc du coup, à l'inverse des autres, je n'ai pas échoué en FIS, l'alpin n'est resté que du plaisir et des bons souvenirs. L'alpin m'a donné les bases physiques et techniques pour le freestyle. Comme j''étais au club avec Manu Pascaud et aussi Matt Wecxsteen, tous deux venus du roller, on s'est mis au snowblade. J'ai attaqué le freestyle par le snowblade, pas longtemps... en 99/00 je me suis mis au ski freestyle avec les Snow&DJ. J'en ai gagné 3 ou 4, toujours des podiums en big air, tout en poursuivant mes études. Je restais amateur, je skiais le week-end.

Fab Maierhofer et Matt Wecxsteen m'ont pris sous leur aile sur les Coupes de France, j'arrivais de nulle part, j'étais pas mauvais mais pas au-dessus du lot. La saison d'après, en 03, je gagne la Coupe de France (devant Loïc Collomb-Patton). Je rentre dans le groupe France de Fabien Cattanéo, une bonne structure d'entraînement mais sans sponsors. Je me suis dis :"j'ai une carte à jouer". L'hiver suivant, en Coupe du monde, je termine 8ème au général ! Je rentre chez Zag et Sun Valley. C'était le début avec les premières parutions dans la presse. Ensuite IUT d'Annecy, DUT tech de co, bac +2. Le diplôme n'est pas un fin en soi, c'est un joker qui me servivra pour la suite, je ne veux pas redevenir moniteur de ski quand mes sponsors ne voudront plus de moi.

-Tu commences à ne plus être jeune, maintenant que tu vieillis, comment vois-tu l'arrivée de la génération suivante de freestylers ?
-Je rencontre des skieurs plus dans mon feeling, dont le but est de se faire plaisir, ils me poussent à progresser, je m'entraine beaucoup avec eux. Ils sont sérieux, avant il ne faisaient que fumer des joints (ce qui n'est pas mon esprit), les jeunes savent qu'en étant forts il pourront peut-être en vivre. Ils voient le freestyle en tant que vrai sport.

-Le freestyle est maintenant bien spécialisé ?
-Oui, on a trois types de riders : park à fond (Jon Olsson), FSBC (Ju Réngier, Fab Maierhofer, Pep) et ceux qui font tout (Tanner, Candide). Moi j'essaie d'être dans la dernière catégorie, tout en étant moyen de partout ! Je ride avec Julien, j'ai fait des step-up avec JPAuclair, Cusson et Boronowski cet hiver. Pour moi, c'est cool de rider avec ces riders que je n'ai vus que dans les vidéos, je vois que leur niveau est accessible, il y a moyen de l'atteindre. C'est ça qui me manque, trouver ma voie, parce que tout me plait. Je n'ai pas l'esprit de compétition vraiment sérieux, j'essaie juste de faire les choses bien.

-Tu as toujours regardé le monde du ski avec beaucoup de lucidité ?
-A la base pour faire du ski, il faut du fric, on est tous des privilégiés, ceux qui peuvent se permettre de faire du ski sont ceux dont les parents peuvent payer forfait, le matos, j'ai pas de honte, mais il faut en être conscient. Libre à nous de saisir cette chance. Maintenant les sponsors on pris le relais de nos parents, il faut penser à l'avenir (c'est une connerie d'arrêter les études trop tôt). En France, peu en vivent. Est-ce que le gamin qui a arrêté ses études à 16 ans sera capable de faire une carrière comme Julien Régnier ou Candide ? Il faut être réaliste et ne pas se mettre à rêver. Je ne veux pas donner de leçons, mon exemple n'est pas celui à suivre. Ce qu'on fait reste du ski, un sport basé sur un phénomène de mode, comme le ski de bosses, je m'attends à ce que ça devienne ringard. Il ne faut pas s'enflammer, ce n'est pas du golf, on ne passe pas à la télé, la cible est restreinte, c'est une audience de passionnés.

-Le mot de la fin ?
-Rien n'est sûr.

Itw : Guillaume Desmurs
Photos action : Lucile Vidaud (sauf mentions)
Photos portrait : Guillaume Desmurs
Sponsors de monsieur Guyot : Adidas eyewear, Sun Valley, Head.


Les 10 dates de ma vie, par Pierre Guyot :
-Le 10 juillet 1998, jour où je suis allé ou commissariat de police avouer que mes amis et moi étions bien les personnes à avoir volé une dizaine d?extincteurs d?un camping pour se faire une bataille avec.
-Le 1er décembre 1999, jour où je me suis juré de ne plus jamais refaire du snowblade car c?est pitoyable.
-Le 28 aout 2002, jour où j?ai mis l?Opel Corsa de ma s?ur dans un arbre (ça c?est sûrement le plus beau jour de ma vie aussi !)
-Le 7 juillet 2003, jour où j?ai raté mon BAC ES car j?avais rien branlé en cours depuis environ 18 ans.
-Le 17 janvier 2006, jour où Guillaume Lahure m?a expliqué qu?il avait supprimé mon pseudo (Le coukin) des forums de skipass car j?avais trop dit de conneries. A force d'en dire, on avait réussi à ce mettre à dos toute la communauté de skipass...
-Le 15 juin 2006, jour où j?ai traité de "connards" les policiers municipaux qui passaient à vélo, ces derniers m?ayant bien évidement entendu?
-Le 6 octobre 2006, jour où je me suis fait pété la gueule et le nez par cinq types à Ugine.
-Le 23 juin 2007, jour où j?ai vu Slayer en concert lors du Hell Fest.
-Le 20 décembre 2007, jour où j?ai reçu un courrier de la société d?autoroute AREA me demandant de payer 100 euros, pour avoir fraudé au péage.
-Aujourd?hui, jour où j?attends toujours que Morgan Murray me file mes 100 euros. Donne-moi mon fric !

Toutes ces anecdotes sont bien sur vraies, reproduisez-les et dans la plupart des cas vous aurez pas mal de problèmes.

La part vidéo de Pierre dans le film de David Allemoz, en épisodes sur Zapiks.