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Quatre premières au Denali
<p>Chris Davenport et sa bande ont ouvert <strong>quatre couloirs inédits</strong> sur le sommet de l'Amérique du Nord, le <strong>Denali (6193m, appelé aussi mont McKinley)</strong>, en Alaska. Poudreuse, ciel bleu : trop beau pour être vrai et pourtant... Le photographe Adam Clark était là, il a tout vu.</p>
Dix minutes après avoir dit "oui", j'ai vraiment flippé. Dans quoi m'étais-je embarqué ? Après avoir passé dix ans à shooter du freeride en Alaska, je savais que cette proposition était une occasion unique dans ma vie de photographe : skier des couloirs vierges de toute trace sur les flancs du Denali (ou mont McKinley), le sommet du continent à 6193m. Je n'avais aucune expérience de la haute montagne mais j'étais bien entouré puisque mon pote Clark Fyans (en photo ci-dessus à 5181m) est guide pour Chugach Powder en Alaska et qu'il a déjà atteint le sommet du Denali dix fois. Chris Davenport vient juste de terminer de skier les 52 sommets de plus de 14 000 pieds (4267m) du Colorado. Le plus jeune du groupe est Nick DeVore, un télémarker de 20 ans, phénomène aux poumons d'acier venu d'Aspen qui a déjà ridé le Denali l'été d'avant. Le cinquième membre est Kristen Kramer, vieux routard du freeride en Alaska. J'étais le maillon faible de l'équipe mais ma peur s'effaça rapidement pour laisser place à l'excitation de skier une neige vierge sur le plus haut sommet du continent.
Le Denali a été vaincu pour la première fois en 1913 : 70 jours de montée en vêtement de laine et avec des cordes de chanvre. Nous, nous allions atterrir en avion au camp de base à 2100m d'altitude et de là attaquer le sommet du Roi, signification de Denali, pour lui voler ses joyaux : quatre couloirs vierges. En prenant place dans l'avion, je me demande combien coûterait de changer mon billet de retour pour repartir maintenant, tout de suite... Les histoires de morts, de crevasses, de ponts de neige qui cassent, de gelures terrifiantes, de -60°C et de vents terribles me poursuivent depuis notre passage dans le bureau du ranger. Je peux voir, du cockpit, le sommet impérial et blanc du Denali qui pousse haut vers le ciel. En ce moment même, les conditions sont brutales là-haut : froid et vent. Même avec des nuages autour, le Denali écrase ses voisines. C'est une montagne géante.
Après avoir quitté l'avion, déchargé notre matériel et réalisé où je me trouvais, nous randonnons un bon kilomètre pour atteindre le premier camp de base. Ces premiers pas sur le glacier sont une catastrophe : mon traineau ne veut pas rester droit, à chaque pas j'ai l'impression que je vais tomber dans une crevasse, mes pompes de ski semblent vouloir exploser sous le poids... et la pente ne fait que 20°. Je n'ai jamais été sentimentale avec les objets, mais ma doudoune devient à ce moment-là ma meilleure amie contre le vent et le froid et malgré son état de dépérissement avancé dans un placard à la maison, je me refuse à la jeter.
Nous passons les quatre premiers jours à monter le matériel au camp de base, en skiant de nuit et en dormant le jour : la neige est plus froide, les ponts de neige plus solides. En plein jour il peut faire 40°C à la surface du glacier. La réflection du soleil sur la neige transforme paradoxalement le glacier en four qui peut te brûler la langue si tu gardes la bouche ouverte et te griller l'intérieur des narines. Au matin, soit je m'endormais en oubliant de manger, soit j'étais tellement excité que je ne pouvais pas fermer l'oeil. Ensuite, le camp est installé à 3560m et nous reprenons un rythme humain : skier le jour, dormir la nuit. Le vent est encore puissant en altitude, nous patientons en traçant la poudreuse autour du camp.
Deuxième camp à 4270m, au Main West Buttress Base Camp : les choses sérieuses commencent. Ce camp est un véritable village de tentes, de murs de neige, d'igloos... avec deux toilettes. En pleine saison il peut y avoir 250 personnes ici. Pour le moment nous sommes seuls. Le temps est magnifique et nous repérons nos couloirs tant convoités. Même si ces couloirs sont visibles par 99% des alpinistes qui atteignent le sommet, personne n'a pensé à les skier. Pendant les quelques jours d'acclimatation, notre sang se goinfre d'oxygène.
Ce sont Davenport et DeVore qui atteignent le sommet les premiers, habillés simplement d'un sous-vêtement et d'un coupe-vent. Ils descendent par le Mezzner Couloir, le plus évident, et nous sentons tous que notre expédition prend une belle tournure. Tous les indicateurs sont au vert : météo, neige, forme physique.
Réveil dans un matin immaculé. Les premiers pas sont difficiles, tout mon corps est au ralenti, mes muscles grincent. Nous traversons une pente de 60° avec les crampons plantés dans une neige dure. Chaque pas remplit toute ma conscience, il n'y a pas la place pour d'autres pensées. Clark, à quelques derrière moi, est en réalité à des années-lumière. Je sens la pointe de mes crampons qui s'enfoncent dans la neige, le poids de mon corps à équilibrer à chaque pas. Chaque respiration est plus vitale que jamais.
Arrivé au sommet, la vue me sidère : ça ressemble à la lune recouverte de neige, les flocons sculptée en formes impossibles, avec en toile de fond d'immenses formations nuageuses de 6000 m de haut. Nous nous retrouvons, excités : nous y sommes, il est là l'aboutissement de tous nos efforts. Je choisi le plus gros couloir, nommé plus tard Thunderbird, déjà skié par DeVore, Kramer et Davenport la veille. La neige condensée m'offre l'un des plus beaux runs de ma vie.
Le lendemain, avec Clark, nous nous réveillons tôt. Un bol de flocons d'avoine dans le ventre et nous partons pour le sommet sud et deux couloirs que nous avons nommé les Black couloirs. La montée est encore plus rude que la dernière mais avec un nouveau but en ligne de mire et une météo parfaite, l'énergie coule dans mes veines. En montant, laborieusement, pas après pas, je me dis qu'au moins nous n'aurons pas à redescendre à pied ! J'ai l'appareil photo autour du cou, je shoote en automatique, si je l'avais eu dans le sac, je crois que je ne l'aurais pas sorti. Mon cerveau sevré d'oxygène tourne au ralenti mais je comprends au moins une chose : la neige dans laquelle nous marchons, et bientôt skierons, est poudreuse. De la poudreuse à 6000m d'altitude, c'est inimaginable !
Cette dernière descente est mémorable : le ciel est pur, la neige parfaite. Après quelques virages nous prenons chacun l'un des Black couloirs vierges de toute spatule. Le mien est facilement accessible, Clarke doit marcher 30 mn pour atteindre le sien. C'est incroyable que personne n'ai songé à les skier avant nous... En bas, je suis épuisé, l'estomac noué par la faim, déshydraté mais avec un sourire grand comme ça. Nous avons réussi. L'autre bonne nouvelle, c'est qu'il reste des rations de whisky au camp de base.
Texte et photos : Adam Clark Traduction : Guillaume Desmurs
illidankan
magnifique recit et encore mieux pour les photos ! certaines sont vraiment exceptionnelles (le coucher de soleil avec Chris davenport ds la peuf... *_*)
nantraldam
Encore un reportage et des photos magnifiques. Bravo skipass, le magazine envoit du lourd en ce début de saison! Pourvu que ça dure et vivement le prochain article!
facialbelch
"Grosse journée de poudre" encore: on peut voir sur la droite le virage sous les "géants de glace" effectué par le télémarkeur de la photo n°8
18 Commentaires
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STYLEEEEEEE !
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Merci de nous montrer ça.
Yann
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Ca envoie du lourd.
Cheeky
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: )
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de beaux couloirs et de magnifiques photos. Bravo encore.
Quel était le matériel du télémarkeur ? Chaussures ? Surbottes ? Fix ?
Par avance merci, ludo
NB : si tu sais pas, donnes moi son mail STP ? merci
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