Nouveauté : nous vous proposons pour cette fin d'hiver 2019/2020 (très particulière ...) différents articles pour vous permettre d'en apprendre d'avantage, en tant que pratiquant ou curieux, sur la météo et le climat en montagne.
Dans ce premier volet, présenté ici, je vous propose d'évoquer les différents type de temps possibles sur le pays et plus concrètement les conséquences pour l'enneigement de votre massif. L'idée est de cerner au mieux les caractéristiques locales (à l'échelle d'un relief) de telle ou telle circulation météorologique afin de prévoir au mieux les chutes de neige associées.
Le vent de Nord ramène souvent un temps sec sur les Alpes du Nord. Si la dépression est suffisamment proche, vers l'Europe-Centrale, des perturbations modérément actives touchent cependant le massif. L'air est souvent froid, avec de la neige jusqu'à basse-altitude. Ce courant enneige surtout les Préalpes (Chartreuse, Bauges, Aravis avec un maximum d'intensité souvent situé sur le Nord du Vercors ou le Chablais) mais également le Mont-Blanc, le Beaufortain, Belledonne et la Lauzière. A l'arrière de ces massifs, les perturbations perdent largement en intensité et touchent faiblement la Vanoise, la Haute-Tarentaise par exemple et peuvent totalement épargner l'Oisans, le Sud de la Maurienne et la Haute-Maurienne. Ainsi, il peut fréquemment tomber 20-30 cm de neige le long des Préalpes mais 0 à 5 cm de neige vers Val-Cenis ou les Deux-Alpes.
Fréquemment, ce type de temps produit un temps sec et doux sur les Alpes du Nord avec un "effet de foehn" marqué. Il est le cauchemar des stations de ski qui voient souvent la neige fondre en peu de temps. Plus concrètement, les précipitations se cantonnent souvent vers les Ecrins, l'Oisans, voire l'extrême Sud de la Maurienne, tandis que les autres massifs demeurent au sec avec une masse d'air bien douce et même des éclaircies. On observe alors les traditionnels "rouleaux-nuageux" le long de la frontière italienne et proche des Hautes-Alpes.
Mais il arrive que ce courant soit porteur de chutes de neige abondantes assez étendues. C'est le cas lorsque le décrochage d'une masse d'air polaire a lieu relativement proche de la France ou à même le pays. Ce fut le cas, le 1er février 2019 (carte ci-dessus), avec cette dépression polaire qui vient plonger sur la Bretagne. Les Alpes sont situées à l'avant de celle-ci (et donc sous le vent de Sud-Ouest), mais les précipitations parviennent à déborder sur le Nord des Alpes avec un foehn hésitant. Les quantités de neige sont importantes le long des Préalpes et sur une bonne partie des massifs avec seulement l'Est de la Vanoise et de la Tarentaise qui subissent temporairement un effet de foehn.
C'est aussi le type de courant favorable à une isothermie importante (abaissement de la limite pluie-neige bien en-dessous de l'isotherme 0°C) avec des chutes de neige collantes jusqu'à basse-altitude. Ce type de situation se produit plus fréquemment vers les massifs isérois, jusqu'aux Bauges, que sur les autres massifs (soumis plus durablement au foehn). Ces derniers hivers, ou l'absence de courant plein Nord est remarquable, c'est par ce type de temps que les plus grosses chutes de neige ont été observées sur le Vercors par exemple.
Hormis lors des retour d'Est, phénomènes localisées mais parfois intenses qui feront l'objet d'un article à part entière prochainement : ces types de temps sont peu favorables à l'enneigement des Alpes du Nord.
Le courant de Nord finit en général de s'assécher sur les Écrins et ne laissent que voltiger quelques flocons vers le Lautaret au maximum. Le courant de Nord-Est lui est souvent froid mais sec avec simplement de très faibles chutes de neige possibles localement.
Deux options pour ce type de courant :
Il s'agit là du type de flux qui enneige le plus abondamment les Alpes du Sud. L'influence méditerranéenne s'accentue avec une masse d'air qui se charge en humidité sur la mer et produit donc, parfois, des précipitations très importantes. Dans ce contexte les chutes de neige sont généralisées avec de fortes variations de la limite pluie-neige en fonction de plusieurs paramètres :
Le climat de la chaîne est particulièrement hétérogène avec une influence atlantique prépondérante sur la partie Ouest et une influence méditerranéenne très marquée sur la partie Est. Dès lors, l'enneigement diffère d'un bout à l'autre en fonction du type de circulation rencontré.
Ce courant peut enneiger globalement une bonne partie du massif. Les précipitations les plus importantes se produisent sur l'Ouest de la chaîne (Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées) puis faiblissent en gagnant l'Est et deviennent pratiquement inexistantes sur les Pyrénées-Orientales.
La problématique de ce type de circulation réside sur la masse d'air associée. Elle est souvent bien douce, notamment lorsque l'anticyclone des Açores et très proche. Il peut alors pleuvoir jusqu'à 2300/2500 mètres même au coeur de l'hiver. A l'inverse des Alpes, aucun lac d'air froid ne vient ici permettre aux chutes de neige de tenir plus durablement.
C'est le courant le plus humide sur la majeure partie du Massif-Central là où se situe le plus grand nombre de stations de ski (monts du Cantal, Monts-Dore). Ce type de temps est fréquemment rencontré et est particulièrement humide sur l'Ouest du Massif. Problème : la limite pluie-neige. Elle est souvent élevée avec un fort contraste d'enneigement en fonction de l'altitude. Lorsque le vortex polaire s'abaisse suffisamment bas en latitude, comme sur la carte ci-dessous avec cette immense dépression d'origine polaire sur les îles-britanniques, les chutes de neige sont importantes et durables en montagne sur l'Ouest du Puy de Dôme et le Cantal en particulier mais également vers l'Aubrac voire la Margeride. Plus on gagne vers l'Est, moins les chutes de neige sont importantes avec un assèchement très important sur les Cévennes et le plateau ardéchois par exemple.
Enfin, en courant de Sud à Sud-Ouest des chutes de neige peuvent survenir par isothermie du côté du Jura lorsqu'un front froid circule tandis qu'elles sont beaucoup plus rares sur les Vosges.
En conclusion, vous l'avez compris : il est très difficile voire impossible de trouver une circulation atmosphérique qui sert copieusement l'ensemble des massifs français en même temps. La France se trouvant au carrefour de plusieurs influences (méditerranéennes, océaniques, continentales), cela n'a rien d'étonnant. Chaque grand ensemble de relief, voire chaque massif à l’intérieur d'une même zone, possède ses propres caractéristiques climatiques. En soit cela rend le climat montagnard de notre pays particulièrement passionnant !
6 Commentaires
Merci Thomas
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