La Légende me racontait depuis quelques saisons déjà qu'il existerait un endroit magique où l'on pourrait profiter d'une poudreuse de type japonaise sans personne pour vous piquer la trace et ce dès le mois de novembre. Et que s'appelorio "La Sibérie"
Ma curiosité piquée, c'est en octobre 2019 que je contacte Skiing In Russia pour voir ce qu'il serait possible d'envisager par rapport à notre quête du Graal à nous qu'on a. Le contact est plus que bon avec le boss, Grigory, qui vit à Chamonix une partie de l'année : quelques semaines plus tard, nous embarquons sur le vol Lyon - Moscou. Direction Luzhba pour une semaine de ski de rando.
Cet (long) article est le premier d'une série de deux. N'oubliez pas de lire la suite.
Dire que l'on va en Sibérie, c'est un peu comme dire "je vais en Europe" sans donner plus de précision. En effet, ce seul territoire est plus grand que l'Europe ou que les États-Unis. Ah oui, quand même.
En revanche, les différences de climat sont moins marquées qu'entre l'Espagne et la Suède. Souvenez-vous de vos cours de géo, le Père Mafrost, la Mère Zlota, tout ça... ici c'est le règne du climat continental : il fait froid et sec l'hiver, avec des degrés dans le froid.
Le village de Luzhba est situé plutôt en bas au milieu un peu à droite pour les géographes dans la salle qui sauront apprécier cette débauche de précision. A quelques centaines de km de la Mongolie, et à 3000 km à gauche du Japon. Vous pouvez pas le rater, y'a une sorte de grosse épingle rouge plantée au milieu du village.
L'hiver, très peu de maisons sont occupées. Il n'existe aucune route, même 4x4, qui ne mène ici, la vie est rythmée par les passages réguliers des trains et le jingle improbable de la gare qui résonne de temps à autre dans la montagne. Bref, vous êtes paumés au milieu de nulle part. Et c'est bien.
Luzhba au petit matin, alors que nous attaquons la journée de ski... Le Père Noël aurait pu être russe.
elle servira de teaser pour ce qui suit dans l'article
Arrivés à l'aéroport international d'Abakan, il convient encore de faire 2 heures de route pour rejoindre une petite gare qui vous permettra d'accéder en train au village de Luzhba. Hiver comme été, aucune route n'y mène.
Descendus du train, il vous restera à marcher une vingtaine de minutes (et franchir une rivière en zodiac en fonction de la saison). Vos bagages sont eux acheminés par motoneige, ce n'est pas le goulag non plus (ça, c'est fait).
Un petit parfum de bout du monde qui n'est pas pour nous déplaire.
Ca va dépendre, mais à plusieurs milliers de kilomètres de la mer, le froid sec est étonnement facile à supporter, à condition évidemment d'être correctement équipés. Le Sud de la Sibérie, là où nous étions, n'est normalement pas soumis aux ultra grands froids (le record est de -70° tout au Nord).
Nous aurons bénéficié de températures clémentes, entre -15° et -25°, ce qui tient quasiment du redoux en Sibérie. Pas de vent, du soleil, des conditions de rêve en somme. Il arrive qu'il fasse bien plus froid.
Il y a quand même un signe qui ne trompe pas : quand en haut de la pente vous décidez de prendre un peu d'eau dans le Thermos et que vous vous dites "tiens je ne me souvenais pas avoir mis de l'eau chaude ce matin". Alors qu'il s'agit juste d'eau du robinet mais qui par contraste semble tiède.
En gros, prévoyez une couche de plus que dans les Alpes (double doudoune, double collant), et évitez les grosses suées à la montée sous peine de le payer en glaçons sonnants et trébuchants au bout de quelques minutes de pause. Les guides recommandent aussi des dispositifs type chaussettes chauffantes si vous êtes sensibles. On n'en a pas ressenti le besoin mais encore une fois il ne faisait pas si froid cette semaine. Photographes : rien de neuf, il va falloir protéger vos doigts. J'avais pour ma part (enfin) investi dans des moufles spéciales, que j'alimentais en chaufferettes.
Ceci étant dit, il fait quand même suffisamment froid pour que Skiing in Russia ne propose pas de séjours au mois de janvier, le plus piquant. Le meilleur moyen de fidéliser de client n'est pas de le congeler (même si ça peut marcher pour une fidélisation extrême).
C'était pour la Sibérie un début de saison "moyen". Normalement, il y a encore beaucoup plus de neige. Cela se sentait parfois en bas de quelques runs, mais pas du tout sur la plupart, copieusement profonds. Des débuts de saison "moyens" comme ça, je signe tout de suite pour 10 ans.
Freerider local croisé dans le train. Il s'agit très probablement d'un chasseur avec des skis traditionnels typiques de la région.
La Sibérie, du moins ce coin là, c'est un mélange de Japon et de Vercors (je ne connais rien d'autre), sans les australiens et la fête du Bleu. Avec une neige plus froide aussi, à l'abri des coups de pluie, qui se conserve parfaitement et surtout qui est présente en abondance dès la mi-novembre. Le relief est vallonné, le terrain joueur, ne manque pas de pente et vos runs feront entre 400 et 700 mètres de dénivelé (le plus haut somment alentours fait dans les 1000 mètres). Le ski de forêt est tout simplement fabuleux, la forêt est beaucoup moins dense qu'il n'y parait sur certaines photos et les clairières sont nombreuses.
C'est vraiment très très bon. et quelle ambiance...
en haut des runs de l'autre coté de la rivière. En bas, à gauche le village de Luzhba. Ca skie des deux cotés de la rivière. Les runs sur la gauche de la photo sont top (et on n'en voit qu'une petite partie), et la rotation y est rapide depuis le Lodge (pas besoin de traverser la rivière)
Ah, oui, serait peut être temps de vous présenter les 3 artistes que j'avais conviés sur ce trip :
- Jérémy Prevost, la valeur sûre, le poids de l'expérience. Chef de projet virage carte postale depuis notre trip en Valais le printemps dernier. Ne saute pas en novembre.
- Antonin Raso et Pierre Marchionni : croisés au Japon l'an passé, ce sont les jeunes fougueux du trip, toujours prêts à se mettre la tête à l'envers et pas trop regardants sur la qualité des réceptions. Antonin est aussi discret que Pierre est, comment dire, "pas discret". De bons jeunes qu'on ne regrette même pas d'avoir mis dans nos bagages.
Nos hôtes de Skiing In Russia disposent de leur propre lodge, très récent. Les chambres de 4 sont confortables, spacieuses et il y fait bien chaud : vraiment pas besoin de prévoir de pyjama en duvet. Une pièce est dédiée au séchage intensif des chaussures et vêtements, car il n'est pas envisageable de partir le matin avec la moindre trace d'humidité.
Il faudra parcourir 20 mètres pour rejoindre l'unique restaurant / bar du village qui sert de camp de base et accueille tous les repas, les nôtres comme ceux des quelques locaux, qui ont leur table attitrée (et leurs bouteilles). Bonne sélection de bières à pas cher.
Luxe ultime, le lodge dispose peut-être des seuls "vraies" toilettes du village, ce qui vous évitera de devoir sortir par -30° pour rejoindre les fameuses petites cabanes pointues et leur trou dans le plancher. Un confort non négligeable !
En revanche, tradition russe oblige, pas de salle de bains : l'hygiène corporelle se conjugue avec la détente après le ski au Bania, bain de vapeur traditionnel situé dans un bâtiment annexe. Il y est de bon ton de s'y flageller avec des branches de bouleau séchées, vous verrez c'est très sympa.
Pas de douche le matin, c'est toujours ça de sommeil de gagné ! Après un bon gros petit dej, chacun prépare son sandwich (fromage, charcuterie...), charge ses poches de barres de céréales (gracieusement fournies), et c'est parti pour une belle journée. Les randos se font en étoile en mettant les peaux dès la porte du lodge franchie, d'un côté comme de l'autre de la rivière et de la voie ferrée. Les accès sont faciles, réguliers, les traces des guidos parfaites : tout est réuni pour enchainer les runs. En configuration normale, vous ferez entre 1200 et 1500m de dénivelé par jour.
Un gros gouter chaud est servi au retour du ski vers 17h. Les diners sont copieux et de bonne tenue, avec une mention spéciale pour les raviolis locaux de fin de séjour ! Bref, tout est fait pour que vous ne manquiez pas d'énergie.
Voilà exactement ce que j'avais en tête quand j'ai invité les deux cascadeurs que sont Pierre et Antonin. On voulait des cascades, on a eu des cascades. Contrat rempli.
le tout en matos de rando s'il vous plait!
Dans le second article, vous trouverez encore plus de poudreuse (si si c'est possible), la voiture la plus classe de Sibérie et pleins d'autres bonbons pour les yeux.
14 Commentaires
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Aller je fonce voir la suite de l'article ..
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Merci
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Et totalement improbable/inconnu... c'est chouette le bout du monde
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(faudra y penser pour le prochain reportage, pour fidéliser la prochaine génération au plus tôt)
Par contre ils sont déjà intéressés pour réserver une semaine fin-Novembre 2032
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