Du soleil, de la douceur, des inversions de températures, trois flocons pour l'anecdote : le temps est un peu monotone depuis le début de cette année 2020, avec des conditions de ski qui évoluent peu, et une forte inégalité d'enneigement en fonction des altitudes.
Cependant, le temps devrait évoluer en fin de semaine, avec une ouverture à une perturbation qui pourrait amener de la neige et du froid : Etat des lieux et perspectives dans cet article.
Ces articles précisent et complètent les prévisions automatiques, station par station, massif par massif, de notre Météo Skipass bien connue.
Cette réflexion étonnera sans doute certaines personnes coincées sous la grisaille en plaines et vallées, ou qui doivent racler leur voiture tous les matins depuis des jours : il fait remarquablement doux. En effet, nous sommes en régime dits "d'inversions de températures" depuis la toute fin du mois de décembre.
Le froid s'accumule à basse-altitude, tandis que l'air doux est bien en place en montagne au-dessus de ce couvercle de fraîcheur qui peine à s'évacuer en raison de l'absence de vent ou de perturbation bien active.Ainsi, si l'on prend l'exemple du massif alpin, la différence est frappante : la température moyenne depuis le 1er janvier est bien plus basse sous 1100 mètres dans les secteurs encaissés que sur les versants et sommets où elle est même positive ! L'illustration ci-dessous, issue des stations du réseau ROMMA, témoigne de cette situation.
Ce type de temps, malgré une timide incursion fraîche vendredi dernier, va se maintenir ces prochains jours sur le pays jusqu'à jeudi.
De fait, il s'agira probablement de la première quinzaine de janvier la plus douce depuis le début des relevés (en montagne, nous le précisons une nouvelle fois) étant donné que les 10 premiers jours de janvier étaient déjà record du côté de l'aiguille du Midi (74) et des nivoses des Ecrins ou encore du Maupas, du Soum Couy ou du Galibier. Les Pyrénées sont donc également touchées par cette douceur. Le Pic du Midi (65) où des relevés sont archivés (depuis 1882 tout de même) vient de connaître son début janvier le plus doux : exceptionnel !
C'est en effet ce qu'il ressort du graphique de gauche présenté ici. La carte de droite représente l'écart à la moyenne des températures observé entre le 1er janvier et le 11 janvier. Il en ressort un écart positif sur l'ensemble du pays. Mais on remarque surtout une anomalie exacerbée (atteignant les +3 à +7 degrés) sur les massifs français, en particulier sur les sommets pyrénéens et alpins. Une preuve supplémentaire de la douceur record qui règne en altitude en dépit du ressentie présent plus bas dans les vallées.
Enfin, ce type de temps anticyclonique est forcément associé en période hivernale à un temps particulièrement sec. Aucune perturbation significative (plus de 15cm) n'a touché nos reliefs depuis l'année dernière. Par endroits le temps demeure sec depuis près de trois semaines.
Alors que le soleil permet aux skieurs de profiter du beau temps : tous ces éléments ont, forcément, une conséquence sur l'enneigement.
Avant toutes choses, rappellons que :
- L'enneigement demeure très correct partout dans les Alpes au-dessus de 1800/2000 mètres d'altitude en particulier sur les pentes Nord.
- L'ensemble des domaines skiables d'altitude, dépassant les 1500/1800 mètres, proposent de bonnes conditions de ski avec l'ensemble des pistes ouvertes et du beau temps... Pourquoi se plaindre ?
Car la situation est très loin d'être idyllique partout. Les deux captures de webcam présentées ci-dessous présente une situation qui se reproduit un peu partout en France sous 1200/1500 mètres :
La première capture, de gauche, présente la situation en bas des pistes à la Sambuy, du côté des Bauges, dans les Alpes du Nord pourtant bien enneigées en altitude. Cette station demeure à ce jour fermée, et n'a toujours pas ouvert depuis le début de saison, en raison des conditions d'enneigement très mauvaises en bas du domaine. On devine en effet la terre ici, sur le front de neige.
La deuxième capture, de droite, témoigne des conditions de ski assez tristes qui règnent dans le massif des Vosges (ici du côté de la Bresse Hohneck). Le travail effectué par les services de pistes et personnels des remontées permet de pratiquer les sports d'hiver... Mais seulement sur une étroite bande de "neige". Pour l'ambiance hivernale, on repassera.
Bref, nous sommes le 13 janvier et la situation demeure très délicate niveau enneigement (les chiffres de réservations globaux de ce début de ce saison sont cependant très bons) dans certains secteurs : à basse-altitude sur les Préalpes, les Pyrénées et le Jura, sur l'ensemble des Vosges et du Jura. Tout ceci est dû à l'absence d'air froid depuis des semaines, les perturbations ont donné plus de pluie que de neige sur ces secteurs depuis le début de l'hiver.
Cette situation devrait changer dans les prochains jours (enfin !). A l'image de vendredi dernier, une anomalie dépressionnaire va venir perturber le calme anticyclonique en fin de semaine. Elle devrait circuler sur le Nord-Ouest de la France avant de s'isoler en petite goutte froide (dépression d'altitude) autour du golfe de Gênes. Et ce dernier point aura une importance capitale sur l'évolution de la masse d'air, nous y reviendrons dans quelques lignes.
Cette anomalie dépressionnaire, plus incisive que la semaine dernière, devrait donc piloter une perturbation. Perturbation la plus active de ce début d'année, cela fait peu de doutes. Pour autant, il est inutile à ce jour d'envisager des chutes de neige abondantes ou durables. Elles ne devraient pas excéder, au vue des modélisations à ce jour encore une fois, les 20 à 25 centimètres sur les secteurs les plus touchés. Notre article de jeudi prochain permettra d'affiner cette prévision et de réévaluer (à la baisse... ou à la hausse qui sait !) les cumuls de neige attendus. Affaire à suivre donc !
Quoiqu'il en soit, deux bonnes nouvelles (pour les amateurs de sensation plus hivernale) sont en vues :
- Au vu de l'apport d'air frais, la neige devrait s'inviter à des altitudes plus raisonnables (800-1200 mètres) et cela sur une très grande partie des massifs français.
- L'air froid pourrait perdurer en altitude derrière.
En effet, on vire enfin au "bleu" sur la carte de prévision d'anomalie des températures à 850 hectopascals (soit vers 1350 mètres). Nous prenons souvent cette carte car elle permet de se rendre compte du "vrai" état de la masse d'air à l'inverse des températures attendues au sol qui sont souvent biaisées par les inversions de températures.
Cet air frais, un peu plus durablement installé donc, est dû à cette dépression sur le golfe de Gênes. Dans un même temps les hautes-pressions (encore elles) devraient pousser vers la Bretagne et l'Irlande. Ainsi, entre ces deux systèmes le flux s'orientera au Nord ou Nord-Est et ramènera cet air plus hivernal. Mais, conséquemment, le courant perturbé neigeux durable n'est toujours pas en vue y compris à moyen/long terme puisque le champ de pressions devrait à nouveau devenir anticyclonique à l'arrière.
5 Commentaires
On attend maintenant avec impatience le retour de la "powpow"
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