Voilà le moment qui revient chaque année et qui pourtant me surprend toujours autant... Ce moment où je me dis : « déjà ! ». Comme un homme âgé qui n'a pas vu filer sa jeunesse entre ses doigts, je n'ai pas vu passer cette saison d'hiver. Le tournage du premier épisode reste un souvenir vif dans ma mémoire et pourtant le dernier est déjà dans la boite.
Alors finalement, cette histoire commence dans un café d'Albertville. Point de rendez-vous peu glorieux, d'une équipe de skieurs en plein questionnement. Là, pendus à nos téléphones, consultant les sites de prévisions météo comme des religieux devant une relique sacrée, nous guettons LE miracle. Le ciel Français, pris en sandwich par deux flux météos opposés, s'annonce être un vrai champ de bataille. Les flux de Sud et de Nord-Ouest se lâchent tour à tour un peu de terrain, ne laissant entrevoir que de brèves fenêtres de ciel bleu. (Enfin, des fenêtres.... Des vasistas tout au plus !) C'est alors que notre aventure commence à se dessiner, tant pis pour la programmation, nous partons là où le soleil perce les nuages. Pour ce voyage, nous disposons d'un fourgon de location avec kilométrage illimité, le plein d'essence, des skis, du matos d'alpinisme et même un maillot de bain. À nous les vasistas printaniers !
La Tête de Moise, notre premier petit miracle qui sonnera donc bien biblique, est une montagne de 3100 m qui fait la frontière Franco-Italienne. 1150 D+ nous attendent, ce qui semble une formalité pour des pilotes d'hélico Bon App aguerris, mais c'est sans compter les 4km de quasi plat à parcourir avant d'attaquer la vraie montée. Bref, la peau de phoque c'est toujours long, mais la montagne a bien de la gueule et notre pari contre la météo maussade est gagné. Il fait beau et bon, les pentes Nord restent froides tandis que la neige de printemps est parfaite au sud. Ça fait quand même du bien de savoir que le chat noir est resté coincé dans le moteur du camion... Si certains prennent leur pied à suer à la montée, nous notre truc ça reste la descente, et on est pas déçus du voyage ! Le couloir Nord-Est de la tête de Moise est un échantillon de Dolomites dans les Alpes de Haute Provence, représentant 400 m à 45°/50° entre de belles falaises. L'ambiance vaut le détour et, grisés par la glisse, nous oublions vite la longue montée... Bien que reboostés par la récompense, il nous faudra un bon coup de pied au cul pour repasser un col de 400D+ afin de rejoindre notre point de départ... Une belle journée dans la boite pour l'équipe, avec un lendemain prometteur niveau météo. Nous avions l'impression pour une fois, que provoquer la chance pouvait porter ses fruits... En effet, le lendemain fut tout aussi bon. Un autre couloir que nous avions repéré la veille s'offrait à nous, ne moyennant que 700D+. Bien sûr, nous sommes un peu les Carlos du monde de la peau de phoque, ça reste une bonne petite bambée pour nous autres, mais ce n'est que la moitié du parcours de la veille et nous avalons ça avec autant de facilité que Depardieu avalerait un bon Pommard. (C'est pas vrai, mais j'aimais bien l'image...) Après quelques gémissements, nous nous attaquons à skier un autre couloir bien sympa et à profiter une dernière fois des paysages sauvages de la zone. Cette frontière franco-italienne traversée par le col de Larche est un vrai petit paradis de la rando. Si vous souhaitez faire une belle rando sauvage, nous vous conseillons une escapade là-bas.
Voir la lumière se tamiser et devenir orange à 3500m d'altitude, en haut d'une grande pente vierge couverte de 40cm de poudre, ça fait aimer la vie...
Nous, on part vous concocter un long épisode pour l'automne prochain.
Pendant ce temps, profitez bien du printemps sur les skis. Il va y avoir de quoi faire ! Attention à vous les énormes cumuls de la saison vont être un gros risque ce printemps !
Merci beaucoup pour votre fidélité.
À bientôt on l'espère. Allez Ciao !
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