L'avantage quand on est un européen en goguette journalistique aux Etats Unis, c'est qu'on fait des économies de réveil. Tiré du lit par le jetlag aux alentours des 6h du matin, un coup d'oeil par la fenêtre suffit alors pour donner le ton de la journée : il est tombé à vue de nez 20cm de neige, et ça continue. Chouette, les conditions vont être idéales pour une finale de slopestyle, après une semaine sans nuages.
Censés commencer à 8h, les trainings sont repoussés, histoire de laisser le temps aux shapers de nettoyer le parcours de toute cette vilaine neige. Je me renseigne au passage sur la possibilité de l'envoyer en France plutôt que de la balancer dans le fossé, on en aurait bien l'usage de par chez nous.
Du coup, j'en profite pour faire une petite interview avec ce bon camarade qu'est JF Cusson, légende du ski, du golf et coach de l'équipe de slopestyle du Canada. Comme il parle très lentement, ça nous occupe un bon moment, comme deux idiots sur la terrasse, sous la neige. Regardez si vous avez 5 minutes, il y a quelques perles.
en 2013, c'était le vent , en 2012, le vent et la neige, en 2011, les filles étaient en bikini et en 2010 ben c'était pourri aussi. Conclusion : sur les 5 dernières éditions, 4 se sont déroulées dans de mauvaises conditions.
Cette finale de 2014 était donc météorologiquement assez banale : il neigeait mais pas toujours tant que ça, il y a eu un peu de brouillard mais pas trop et il y avait du vent certes, mais de la variété qui peut freiner, pas de celle qui vous envoie au tapis avec une rafale comme l'an passé. Bref, on a vu bien pire (si si!)
Ceci étant dit, les conditions ne permettaient clairement pas aux riders de s'exprimer pleinement et d'exploiter le magnifique parcours proposé par le Dew Tour. Dès lors, des critères autre que le pur niveau de ski entrent en jeu : la qualité du fartage, mais aussi le gabarit du skieur. Les petits gabarits étaient aujourd'hui clairement à la peine, ce qui ne veut pas dire pour autant que David Douillet aurait pu remporter cette finale si il avait réussi à passer les qualifs ... C'est un paramètre parmi d'autres, mais dont on ne peut nier l'importance quand il s'agit de prendre de la vitesse.
Ce n'était pas une grande finale en termes de technicité pure, mais c'était une belle finale dans le sens où les vainqueurs ont su surmonter cette adversité pour tirer le meilleur de ces conditions. Etre le meilleur, c'est l'être quelles que soient les circonstances.
Glisse exceptionnelle, originalité, agressivité, propreté des tricks grabbés à la perfection : Gus kenworthy a largement dominé le sujet aujourd'hui. Son 88.75 dans ces conditions vaut bien un 95 tant il semblait quasiment impossible de faire mieux (les autres concurrents l'ont confirmé d'ailleurs, en ne faisant pas mieux)
Derrière, les skieurs font tout leur possible. Mais aucun n'est de nature à inquiéter Gus qui rappelons le participait à la finale du Pipe hier, ce qui rend encore plus admirable sa performance aujourd'hui. Oystein Braten, qui avait remporté les qualifications, pose un super run, nerveux et stylé, mais il manque la petite étincelle que Gus a su trouver notamment sur le Wallride.
On l'avait honteusement oublié dans notre article sur les qualifs, saluons aujourd'hui la magnifique 4eme place du suisse Andri Ragetti, 16 ans, qui n'aura pas fait le déplacement pour rien.
L'idole du public c'est Henrik Harlaut, qui se prête volontiers au jeu des photos avec les fans. Et si vous vous posez la question : oui c'est bien un slip qu'il a sur la tête (enfin, un caleçon, mais avouez que Slip ça sonne mieux). Ca ne s'invente pas... si on nous avait dit qu'un jour, un des meilleurs skieurs de sa génération skierait avec un slip sur la tête...
Du coup, il remporte sa série de photos dans le portfolio, prise dans un intervalle d'une minute à peu près.
Et si cette victoire de Gus était prédestinée? Voilà en tout cas ce qu'a déclarée (de mémoire à un ou deux détails près) la speakerine du Dew Tour au micro à l'issue de la finale :
(Et, oublie-t-elle de préciser : ça vous poursuit toute votre carrière.)
En conséquence, on ne saurait trop recommander aux riders français de suivre l'exemple de Gus, pour à leur tour accéder à la plus haute marche du podium. Et s'ils choisissent un animal moche, ils n'en auront que plus de mérite. On pourrait même faire un calendrier ou un truc dans le genre. Voilà, c'était le conseil coaching du jour, qui conclut de façon spectaculaire ces quelques jours passés dans le Colorado à couvrir le Dew Tour. Il est temps de rentrer en France pour dormir un peu.
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