C'est tout ou rien dans le premier run de cette finale du Dew Tour : normal, c'est une finale.
La moitié des skieurs tombe, dont les deux français, alors que parmi les rescapés on enregistre 3 scores de plus de 90 points : Ferreira, Wise et Yater-Wallace. Mais on sent bien que c'est entre ces deux derniers que ça va se jouer et qu'on va peut-être enfin avoir droit au choc des titans attendu depuis 2 ans, mais qui n'avait pas pu avoir lieu la saison dernière, Torin s'étant justement blessé lors du Dew Tour.
Avec 94.75 points, David Wise prend l'avantage. Deux points derrière, la mission est compliquée pour Torin, il devra skier mieux que bien, plus gros que gros.
Au WOWmètre, c'est Simon Dumont qui l'emporte : plus de 10 ans après ses premiers airs stratosphériques aux X Games, il n'a rien perdu de son amplitude et de sa capacité à faire vibrer le public. Il n'a sans doute jamais aussi bien skié qu'aujourd'hui.
Taylor Seaton tweake trop sur son premier hit : son ski déchausse et est projeté parmi les spectacteurs alors que le skieur s'écrase lourdement dans le pipe. L'américain s'en sort avec une blessure au poignet (à confirmer) et le ski n'a tué personne.
Ben Valentin réussit un bon run, un peu nerveux : ses 88.5 points sont plus qu'honorables et confirment sa place dans l'élite mondiale. Mais cela ne sera en revanche pas suffisant pour un podium : il finira en 6ème position.
La tension monte d'un cran pour le second run de Torin Yater-Wallace. Son run est parfait, hallucinant d'amplitude, de style, d'engagement. Double cork 1260 , 1080, switch 7, alley-oop double enchainé avec un double flat 900 sur le dernier hit. 3 doubles, c'est le tarif de nos jours.
Mais voyez plutôt :
Le public hurle. S'il avait été roux et avait fait du snowboard, il aurait sans doute récolté 100 points ce soir, mais devra se "contenter" de 95.25 points. Avec 0.5 points de plus que David, il reprend le dessus, et on imagine mal comment il pourrait être délogé. Spoiler pour ceux qui n'avaient pas lu le titre de l'article : il ne le sera pas.
le run de Kevin Rolland
David Wise, déjà devant Kevin au classement, tombe. Fait rarissime, acte manqué, ce soir c'est pour Torin, c'est un fait dorénavant accepté. On n'imagine pas Gus pouvoir le détrôner. En revanche, Augustus est tout à fait capable de bouter Kevin en dehors du podium pour le repeindre intégralement aux couleurs de la bannière étoilée, ce qui est toujours une bonne chose pour le commerce des céréales outre-atlantique.
Pour Kevin, c'est le stress, le stress de ne rien pouvoir contrôler, le chaos schizophrénique de ne pas savoir si 30 secondes plus tard il aura le sourire aux lèvres ou la déception au coeur. Il ne peut plus influer sur le résultat final, spectateur impuissant dans la raquette d'arrivée. Il a besoin de ce podium pour lancer la saison : pas plus qu'un autre il ne veut être quatrième. C'est pourri quatrième.
En dernier recours tactique, le clan français prend alors en otage un petit chiot tout mignon qui passait par là. C'en est trop pour Gus Kenworthy qui craque. Il échouera à un quart de points de Kevin. Pfiou, on l'a échappé belle. (plus sérieusement, la polyvalence de Gus Kenworthy, médaillé d'argent parce qu'il le vaut bien à Sotchi en SLOPESTYLE ne cessera jamais de nous impressionner).
Aujourd'hui ce podium en dit long sur l'état du sport et les batailles qui vont être menées cet hiver : Torin confirme son immense talent et son charisme devrait très rapidement le propulser au firmament médiatique. Ce gamin a tout pour lui. Par son amplitude, son panache, il me fait tellement penser au Simon Dumont des débuts, le sourire en plus. En face, le discret David Wise n'a certainement pas l'intention de s'en laisser compter. Et si l'on ne veut pas que le halfpipe soit médiatiquement réduit à un duel entre ces deux là, comme ce fut le cas en son temps entre Tanner et Simon, il va falloir que des gars aillent au charbon. Ca tombe bien car aussi marqué que soit l'écart aujourd'hui, aucun des riders présents, qui consacrent tous leur vie au sport, n'a l'intention de leur abandonner le bac à sable. Kevin en tête.
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