[l'Après Sotchi] Interview Ben Valentin

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[l'Après Sotchi] Interview Ben Valentin

Nous avons décidé de porter notre attention sur l'un des français qui nous a vraiment impressionné lors de Jeux Olympiques même s'il n'a rien gagné : Ben Valentin.

article Ben valentin

Comme vous, nous avons suivi les Jeux Olympiques à travers notre écran de télévision et vu évoluer les athlètes français en halfpipe et slopestyle pour la première fois sur cette compétition de renom. Au lieu de nous jeter sur les médaillés olympiques Marie Martinod et Kevin Rolland pour une interview exclusive que les télévisions auront diffusé avant nous, nous avons décidé de porter notre attention sur l'un des français qui nous a vraiment impressionné même s'il n'a rien gagné : Ben Valentin. Souvenez-vous de son premier run lors des qualifications du halfpipe, nous avons découvert un Ben Valentin à la fois confiant, aérien et stylé. Soyons honnêtes, nous l'avions rarement vu skier de la sorte. Ben étant plutôt disponible pour discuter avec nous de son expérience olympique, nous avons convenu d'un rendez-vous skype le 27 Février dernier (l'après-midi car la veille toute La Plagne fêtait le retour et la médaille de Kevin Rolland). 


- Que s'est il passé pour toi depuis que tu es rentré de Sotchi ?
- Il s'est pas passé grand chose encore. J'ai skié une journée à la Plagne avec Toto et Romain. J'ai fait la fête et j'ai vu ma famille, mes amis, je n'ai rien fait de plus, je suis vraiment en vacances jusqu'à la fin de la semaine.

- T'as échappé en quelque sorte à tous les plateaux télés, que tous les médaillés devaient faire (rires) ?
Kevin est rentré seulement hier soir, 18h, de Paris. Il a donc vécu un moment un peu long, mais bon c'est comme ça, c'est ce qui nous fait vivre aussi, c'est important de le faire. Mais oui j'ai échappé à tout ça j'ai pu rentrer directement à la maison !

- Comment se passe ce retour à la réalité après cette grosse semaine passée aux Jeux Olympiques ?
- Ca fait vraiment bizarre. Là bas il y avait toujours du monde, ça bougeait tout le temps. Et là d'un coup on arrive, on rentre et on se retrouve un peu seul… C'est tout calme mais ça fait du bien ! On revient des JO et je crois qu'on ne réalise pas trop. Ca fait 2 ans qu'on en parlait, qu'on se préparait pour ça et là la semaine elle est finie, on est déjà à la maison, c'est derrière nous !

[l'Après Sotchi] Interview Ben Valentin

- C'est passé vite ?
- C'est passé super vite, même la saison en elle même ! On a commencé à se préparer en début de saison pour les Jeux et au final, là en prenant du recul, les Jeux c'est fini. On a l'impression d'avoir skié seulement une semaine dans toute la saison.

-Est-ce que tu as eu l'impression que les JO sont vraiment une compet à part, que c'est complètement différent des autres ? Bien que d'un point de vu extérieur cela reste les mêmes tricks, les mêmes riders...
- C'est vraiment différent. Ce n'est pas la compet en elle même mais plus tout ce qu'il y a autour. On est dans un village olympique où il n'y a que des athlètes de toutes les disciplinesNous avons passé beaucoup de temps avec les skieurs alpins et plein d'autres et c'est ce mélange qui donne à la compétition une certaine profondeur. De plus, si on court c'est pour l'équipe de France, on court pour la France, on ne court pas pour nous en faite ! C'est moins individuel, il y a plus de solidarité entre les coureurs, on va se voir, on s'encourage, alors qu'aux X Games on ne connait pas ça, c'est vraiment plus perso. On ne se rend pas compte de l'impact quand on y est, ni de l'impact sur les gens en France. En tout cas moi, je ne m'en suis pas rendu compte avant de rentrer en France.  

[l'Après Sotchi] Interview Ben Valentin

-Tu ne pensais pas au million de personnes qui te regardaient derrière leur télé dans le monde entier ?
- Non je n'y pensais vraiment pas. Quand je suis parti j'ai gardé un peu allumé les réseaux sociaux, mais 48 heures avant la course j'ai tout éteint. On n'a pas été assaillis par les médias avant la course, ce qui nous a permis une bonne préparation et une bonne concentration. C'est seulement quand j'ai rallumé mon téléphone que je me suis rendu compte que ce n'était pas les X Games (rires). Aux X Games t'as 50 messages à tout casser, quand là t'en as entre 500 et 1000 entre tous les réseaux sociaux ! Et imagine Kevin...

- Comment tu t'es senti pour ces premiers Jeux Olympiques de halfpipe ? t'es là en haut du pipe, c'est ton tour : comment on se sent à ce moment là ?
- Je ne sais plus réellement, je ne me suis pas trop mis la pression. Quand je suis arrivé aux qualifs, j'ai beaucoup relativisé. Je me suis dis : les conditions sont pourries, ça va être très dur à skier mais c'est déjà une chance d'être là. Je suis content d'être ici, j'ai ma famille en bas. Je vais juste skier et montrer aux gens ce que je sais faire. Je lâche tout et on verra les résultats en bas. Je ne me suis pas du tout dis : olala le nombre de gens qui comptent sur moi, on est aux JO ce n'est que tous les 4 ans ! J'ai juste pensé aux côtés positifs et j'ai droppé !

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- J'étais à la Plagne quand tu as droppé pour ton premier run avec les supporters de Kevin et quand tu es arrivé en bas du pipe, tout le monde est resté bouche bée ! Alors Ben que s'est il passé, d'ou as-tu sorti cette amplitude de dingue et ce style qu'on ne te connaissait pas ?
- On a travaillé des runs dans le mauvais temps comme dans le beau temps. Il fallait choisir entre mettre du switch, comme ce que Kevin a fait et aller moins haut ou ne pas en mettre et monter plus haut. Mais si j'en mettais pas il fallait que j'aille plus haut que les autres, c'était obligatoire. Je n'étais pas à l'aise de skier en switch, c'était vraiment trop dur, y avait des bosses. J'ai pris la décision avec Greg de ne pas en faire mais par contre il fallait que j'envoie le beurre, que je monte plus haut ! Je n'avais que ça en tête : aller plus haut, toujours plus haut, j'avais les crocs ! Après le style, tout le monde m'a dit que j'étais propre. J'étais à l'aise car ce sont des sauts que je maitrise. Le reste je ne me l'explique pas vraiment, c'était juste le bon moment, c'est sur le coup que c'est venu !

-Aux qualifs tu finis 3ème, quand tu vois ton classement tu te dis qu'il a moyen d'aller chercher une médaille en finale ?
- Non même pas ! Je suis arrivé en bas, je pensais pas du tout prendre autant de points, je pensais taper à 80-83 à peu près. Je fais 87 et je vois 3, je suis devant Kevin sur le moment je reste sur le cul, bouche bée. Puis, je me dis : c'est cool je suis en finale, premier objectif rempli ! Ensuite j'essaye de rester dedans, de pas relâcher la pression pour pas perdre toute l'énergie que j'ai pour faire des choses encore en finale mais je n'ai pas pensé à la médaille du tout !

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- Passons à la finale ! Que s'est il passé, tu fais ton double cork sur le dernier hit et là t'as le ski qui part en recep ! Comment t'explique ça : tu fais un beau run et tu tombes un peu bêtement...
- Je n'ai pas vu mes runs encore. La dernière courbe posait beaucoup de problèmes parce qu'elle était fermée et qu'on posait tout en bas. Genre aux qualifs c'était quasiment sur le plat. En finale, j'ai posé un peu moins bas qu'en qualif, en sur-rotation car j'ai mis beaucoup d'énergie au départ et je pense que je me suis relâché un tout petit peu trop tôt au moment de poser. Il y avait une petite bosse qui m'a pris le ski et m'a fait faire ce 180 de merde ! Avec du recul, c'est vraiment une erreur de ma part ! Je m'en suis voulu, mais bon après c'est comme ça, on peut pas refaire le passé !

- Qu'est ce tu en retiens justement de cette première expérience Olympique ?
- j'en retiens que du positif ! J'oublie le négatif. Le négatif c'est la compet où je fais 10ème c'est dommage mais les Jeux je les ai vraiment vécus comme je voulais c'est à dire avec une première partie vraiment concentré dans la compet et une deuxième partie pour vivre les Jeux Olympiques, aller supporter tout le monde, on a vu le ski cross, le ski alpin… Pour moi c'est ça les Jeux, c'est ça que je trouve magique et je n'ai qu'une hâte c'est d'être dans 4 ans !

- Tu penses déjà à Pyeongchang ?
- Je n'y pense pas réellement mais je vise jusque là ! Il reste encore beaucoup de choses à faire avant ! On y pensera au moment où il sera temps d'y penser mais ça m'a vraiment donné envie de revivre l'expérience olympique. Peut être la gérer un peu différemment, l'expérience viendra avec le temps mais j'ai appris que quand je ne me mettais pas trop la pression j'arrivais bien à skier, c'est ce qu'il me reste à faire !

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- Tu revenais de blessure en plus cette saison...
- J'ai pas mal galéré, j'ai fait une très grosse rééducation hyper sérieuse et j'ai vraiment attendu 9 mois avant de remonter dans un pipe, mais je suis content d'avoir attendu si longtemps car j'ai jamais eu mal au genou par la suite.

- Comment tu vois les années à venir, les prochains JO sont dans 4 ans, mais il reste les X Games, le Dew Tour… Qu'est ce tu as en tête ?
- On va rester sur la même lancée. Tous les autres gars sont chauds de continuer à fond dans le pipe. Ca ne va pas changer, on est la même équipe, toujours le freeski project. On continue les X, le Dew tour etc et s'entrainer. Notre but est d'être les meilleurs toute l'année, pas qu'aux Jeux donc ça ne va pas changer pour les 4 prochaines années je pense !

- Quel est l'avenir pour nos disciplines (slopestyle et halfpipe) après ces JO ? D'après toi, certains vont-ils seulement penser aux Jeux en ne faisant que les coupes du monde et le circuit FIS ?
- Non ce n'est pas l'identité de notre discipline. Je pense qu'il y aura plus d'étapes de coupe du monde et ça serait bien car c'est vrai que l'on n'en a pas beaucoup dans l'hiver mais toutes les compet privées resteront ce qu'elles sont et tout le monde aura envie d'y aller. C'est ce qui fait l'âme de notre sport : les X Games, le circuit pro… Les Jeux ont été un coup de projecteur monstrueux pour notre sport et j'espère que cela lui permettra de se développer d'avantage ! Pas qu'aux États-Unis, mais aussi en Europe !

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- Tu penses que ça va motiver des petits jeunes ?
- Les petits jeunes sont motivés mais le pipe c'est un discipline un peu élitiste, comme le slopestyle. Ca demande pas mal d'engagement, il y a plus de peur et on peut se faire vite mal. Le gros problème reste le peu d'infrastructures. Il y a quelques stations qui se bougent, mais finalement très peu jouent le jeu, ça tombe vite à l'abandon dès que nous y sommes plus. C'est un peu dur de progresser et de voir une relève dans ces conditions ! 

- Une petite anecdote à nous raconter autour du village olympique de Sotchi ?
- J'en ai mais pas à raconter (rires) ! Ce qui m'a fait rire pendant les Jeux c'est que tout le monde vit à l'envers, vit en décalé. T'as ceux qui rentrent de soirée qui croisent ceux qui partent en compet… 

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Photo Samy Chardon, Feel Event Spirit

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