Un raid à ski début décembre, c'est possible !

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Un raid à ski début décembre, c'est possible !

Ou comment découvrir le parc national de la Vanoise en haute tarentaise
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Théo Kadono
Texte :
Photos :
Theophile Bublot, Thibaut Tarlié
Cet article est issu du mag communautaire skipass.com, dans lequel les membres de notre communauté peuvent partager librement leurs plus belles histoires de montagne. Publiez la votre !

Un début d’hiver prometteur ?

Fin novembre, je tombe sur un article montagne mag qui présente un raid à ski autour de val d’Isère. Alléché par l’idée, je propose à un ami qui répond présent au pied levé.

Les premières chutes de neige nous laissent espérer que ce raid pourrait être possible, mais 45cm de cumul en nord, c’est quand même pas la folie. La haute Tarentaise a été plutôt bien enneigée, ça devrait le faire, malgré la pluie qui a lessivé le manteau neigeux jusqu’à 2800m.

L’avantage c’est qu’avec cette neige, le risque avalanche chiffre à 1 sous 2500m, 2 au dessus.

Une boucle de 3 jours autour de val d’Isère, environ 2000m de dénivelé et 20km par jour. L’avantage c’est qu’on sera toujours au dessus de 2400m, avec un point moyen à 3000m.

Ce qu’on a prévu sur le papier :

J1 : le fournet (val d’Isère) - col Bobba - glacier du fond (Italie) - pointe de la galise - refuge de prariond

J2 : refuge de prariond - grande aiguille rousse - col de l’ouille noire - col des fours - refuge du fond des fours

J3 : refuge du fond des fours - pointe de la Sana - col de la leisse - col du santon - val d’Isère

Conscient que c’est un peu ambitieux, on sait très bien que ça ne se passera pas comme sur le papier, mais on se laisse libre sur l’itinéraire : pas de pression, on adaptera en fonction des conditions. 

Jour 1 : Un depart tardif

Le temps de faire la route, le check materiel, ce n’est qu’à 10h qu’on décolle du parking du fournet. 2000m d’altitude : on recherche activement la neige. La première montée en SW direction la Tsantelina nous laisse perplexe, c’est sec.

On croise 2 skieuses qui montent avec les skis sur le dos, perplexes elles s’étonnent de notre ambitieux projet. On ne croisera personne d’autre avant le dernier jour. 

La grosse inconnue du col Bobba

Le crux de l’itinéraire, c’est bien le col Bobba, premier col du raid. Ce couloir orienté Est nécessite un bon enneigement pour franchir le verrou inférieur. Ce n’est pas de la pente raide (4.2), mais c’est assez exposé et une chute serait difficile à enrayer. Si ça ne passe pas il nous reste toujours la possibilité de monter 200m jusqu’à la Tsanteleina, puis rejoindre la glacier italien par le col éponyme, mais ça rajouterait du dénivelé, de la distance et du temps.

La neige sur le versant de la montée est moyenne, on est sceptiques sur la descente.

Mais grosse surprise en arrivant au col : le couloir est en vieille poudre, un peu tassée/limite croutée par endroit, mais ça skie très bien ! L’ambiance est sympa, le couloir d’abord large se rétrécit et la pente se raidit jusqu’au verrou inférieur. On tombe sur un relai, mais une rampe de neige nous permet de désescalader 100m pour rejoindre le glacier. 

Le temps tourne, la météo aussi

Pas le temps de traîner, il commence à être tard, et le ciel s’assombrit peu à peu de nuages menaçants. On file vers le col de Bassagne pour rejoindre la France. Au col, vent brouillard et neige nous accueillent, plus qu’une descente dans la nuit jusqu’au refuge. Heureusement qu’on tombe sur des traces de montée que l’on suivra jusqu’au luxurieux refuge du Prariond. 

Prariond 5 etoiles

Le refuge ne paie pas de mine de l’extérieur, mais l’intérieur a été refait à neuf en 2021 : on se croirait à l’hôtel. Lumière, poêle efficace, douches/toilettes (fermées l’hiver), dortoir propre, carte géante en guise de parquet : c’est byzance. 

Jour 2 : du bon ski !

Au réveil, il a neigé 5 à 10cm non venté. Enveloppés dans la brume jusqu’au premier col, on décide de ne pas monter à la grande aiguille rousse car l’itinéraire est plus évident par le col du montet.

Avec la chute de la nuit, la neige devient excellente à skier. Contrepartie : les sharks sont tous masqués sous quelques centimètres de fraîche, et on laisse chacun des beaux morceaux de semelle.

Les cols s’enchaînent, les chamois sont partout, et à la fin de la journée, je décide de faire un petite détour jusqu’à la pointe de Méan Martin alors que Thibaut file au refuge.

Coucher de soleil à 3330m

J’arrive sur la crête sommitale de Méan Martin au moment ou le soleil disparaît. Orienté Ouest, je suis au bon endroit au bon moment. Mais pas le temps de se pavaner au sommet, il fait quasi nuit et il me reste un long plat jusqu’au refuge. J’arrive une fois de plus dans la nuit, lessivé par cette grosse journée. 

Un refuge à l’ancienne 

Le refuge du fond des fours est composé de 4 cabanes distinctes avec une seule pièce commune. Ça nécessite de remettre les chaussures de skis entre le dortoir, la pièce chauffée et les toilettes sèches : pas très pratique dans la poudreuse.

Le poêle chauffe moyennement, rien à voir avec le luxe du Prariond, le refuge est un peu vieillissant.

Jour 3 : retour à la civilisation 

Au départ du 3ème jour, il faut -10 et on récupère le vent catabatique de la pointe Méan Martin, autant dire que ça caille !

Une longue traversée nous mène à la base de la pointe de la Sana, où nos yeux se posent sur un couloir en face NE qui semble en condition. Au sommet, la vue sur la face sud de la Grande Casse est magnifique. Le couloir NW n’est pas en condition donc on tente de descendre le couloir NE qu’on a repéré, malheureusement la neige est plaquée et très moyenne, on finit par descendre directement par l’itinéraire de montée, puis on se laisse glisser jusqu’à val d’Isère. 

La voiture qui ne démarre plus : un classique

Une navette nous ramène à la voiture stationnée au Fournet. Mais le froid aura eu raison du vieux kangoo, rien à faire il ne veut plus démarrer. Et un camion s’est garé au milieu du parking, nous bloquant la sortie, la manœuvre s’annonce serrée.

On se lance dans 1h de manœuvres en poussant, tirant, bloquant le volant avec une sangle, etc, le tout sur un sol gelé. Après moultes efforts, la voiture sort enfin du parking, une bonne descente, la seconde enclenchée, et ça démarre ! 

On est parti dans ce raid sans connaître le coin, et ce fut une belle découverte. L’itinéraire n’a pas été respecté à la lettre, mais peu importe, on a trouvé ce qu’on était allé chercher : une belle aventure en montagne. 

Théo Kadono
Texte Théo Kadono
Passionné de montagne sous toutes ses formes, avec un penchant pour les longues missions aventureuses. Snowboarder ou skieur, en fonction des conditions, parapentiste quand ça s'y prête, toujours en quête de dépassement

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