Pour la majeure partie de la population française (et pas que), bercée chaque mois de juillet par les exploits toujours plus incroyables (au sens premier du terme) des coureurs du Tour de France, le patronyme « Tourmalet » est étroitement lié à ce col mythique, au demeurant le second plus haut col routier des Pyrénées françaises. Culminant à 2115m, ce col de transfluence d'origine glaciaire (ça, ça en jette quand même !), permet de relier les hautes vallées de l'Adour à l'est et du gave de Pau à l'ouest. Et pour être complet dans ce résumé qui vous est offert par Wikipedia, la route a été construite en 1730, ce qui ne nous rajeunit pas !
Mais que ce soit à l’époque, ou de nos jours les cyclistes et les centaines de camping-cars qui les applaudissent 12 secondes, personne n’a d’yeux pour le sommet du même nom un peu plus d’un km au Nord, qui le domine de ses 2486m. Il souffre bien sûr de la présence juste à côté du Pic du Midi de Bigorre, plus haut (2876m), plus imposant, et avec son observatoire et son téléphérique.
Point de téléphérique pour le Pic du Tourmalet donc, ce sera à la force des mollets/cuissots des barbus qu’il faudra le gravir. Et comme la bande à Castex a décidé unilatéralement et sans consultation qu’aucune remontée mécanique ne fonctionnerait, sans que personne n’en comprenne vraiment les raisons, et bien il faut partir de plus bas, soit de Barèges, soit de la de La Mongie, station pourtant soi-disant chère à notre Président.
On met donc les peaux au parking du haut en ce lundi 18 Janvier, il fait beau et froid (le parking est une vraie patinoire, malheureusement inclinée, ce qui donnera lieu à un ballet de glissades de voitures, digne du Candeloro de la grande époque).
L’analyse du BERA et les conditions des jours précédents (l’avant-veille, la journée entière s’était déroulée dans de la neige croûtée en toute exposition) ne nous poussent pas à l’optimisme, mais bon, comme disent les vrais de vrais :
Donc nous voilà partis à remonter les pistes dans un 1er temps, pistes qui ne verront cette année malheureusement pas grand monde, alors qu’elles n’avaient quasi jamais été aussi bien préparées, quelle gâchis !
Une fois arrivés au haut du TS de Coume Lounque, spot qu’on appelle aussi le panoramique puisqu’il permet une vue sans égale sur ce fameux Pic du midi, et qui constitue d’ailleurs le point le plus haut de la station (2360m) en dehors du Pic du Midi, une fois parvenus là donc, le Pic du Tourmalet nous fait face, et il est immaculé : personne n’y est encore allé, pas la moindre trace. Ceci entraine chez nous 2 réactions, diamétralement opposées :
Mais comme à ce stade, et sous nos pieds, un petit couloir se présente, avec une exposition quasi identique, le débat est vite clos et la décision est prise en moins de temps qu’il ne fallait à Trump pour envoyer un tweet : on se balance dans ce couloir, on voit comment ça se passe, et on décide (ou pas) de monter au Tourmalet.
Une fois les 200m environ de ce couloir dézingués, le doute n’est plus permis : c’est super bon, le manteau est très stable, ça va le faire. Le moral est au maximum et la partie repeautage et remontée au panoramique se fait avec le smile XXL.
Après avoir parcouru la crête qui mène au pied de la face, il est temps de mettre les crampons. Et bizarrement, cela procure une immense joie, parce que, pour une fois, on ne les a pas trimballé toute la journée dans le sac pour rien ! Au passage, cela procure aussi un réel sentiment de sécurité, et même si la quantité de neige présente pourrait amener à s’en passer, on n’est pas mécontents de prendre 2 minutes (merci Petzl) pour les enfiler.
S’en suit une montée dré dans l’pentu les skis sur le sac où ça brasse quand même pas mal (jusqu’aux genoux) et où la difficulté est finalement plus au niveau cardio qu’alpi, même si c’est quand même pas mal penché (entre 35 et 40° à vue de nez). On se paie une bonne suée malgré le vent qui, comme presqu’à chaque fois arrivés en haut, refroidit bien l’atmosphère et nous rappelle qu’on est en haute montagne.
Et comme souvent, arrivés en haut, c’est le festival internationale de la photo, entre panorama au Sud avec tout le massif du Néouvielle, le Pic du Midi juste au–dessus de nous, et les crêtes vers le Pic du Costallat (2502m), ça mitraille de partout. Cela ne vaut peut-être pas un lever de soleil sur le Moucherotte, mais suffit à notre bonheur. Le soleil est magnifique, toutes les faces en dessous de nous sont vierges, on n’est pas loin des conditions parfaites. Ça sent bon le ticket gagnant !
Une fois le cardio redescendu, et les yeux apaisés (…et les cartes mémoires saturées !!), c’est le moment de mettre une (si possible) jolie signature sur cette belle face qui pour l’instant n’a pas encore eu l’honneur d’être visitée depuis la dernière chute, et ce n’est pas pour nous déplaire ! Le 1er virage se fait un peu la boule au ventre, mais le manteau a l’air bien accroché, malgré la pente bien prononcée (un petit 40° par endroit), et du coup, on lâche la bride, et ça envoie du lourd jusqu’en bas, avec le sourire aux lèvres :
C’était tellement bon que malgré le dénivelé à se retaper (un bon gros 300m D+ au moins), on décide d’y retourner ! Donc repeautage, remontée jusque sous la face, puis remise des skis sur le sac, et on reprend la trace. Mais là, c’est plus pareil, les marches sont faites ! La différence d’effort est notoire, on monte la 2ième fois sans aucune peine et sans la transpiration qui va avec ! La descente n’en est que plus agréable encore, c’était un peu inespéré, mais les conditions en faces Est ce jour-là étaient très bonnes. Il fallait donc monter pour le savoir, comme quoi, il faut toujours sortir, et la citation évoquée plus haut résonne parfaitement.
Après 3 descentes superbes, la journée ne pouvait pas se finir par une insipide redescente d’une vague piste Castex-ée, une solution évidente s’impose alors : on va passer par le couloir Sud de Pene Negre. A cette heure avancée de la journée, impossible de croire qu’il n’a pas encore été visité, mais ce n’est pas grave, et peut-être la neige aura transformé un peu ? On remonte donc à nouveau avec les skis sur le sac les quelques dizaines de mètres nécessaires pour atteindre l’entrée dudit couloir, c’est effectivement tracé, mais ça a l’air tout à fait accueillant :
Le couloir n’est pas en condition optimale, la neige y est un peu bizarre, sorte de petite croûtasse sur le haut, mais bon, c’est quand même agréable et on finit, quand la pente s’assagit et s’élargit, par des grandes courbes à Mach12. Même si la poudre ne vole pas trop, le plaisir est bien là, et à voir les yeux écarquillés et envieux des raquettistes présents en dessous à côté desquels on passe comme des avions, c’était quand même pas mal !
L'étymologie du nom Tourmalet est « mauvais détour », et bien en ce début de semaine là, ça ne s’appliquait pas, et au contraire, c’était une p… de bonne idée, comme quoi, des fois il faut forcer un peu le destin ou se dire que la chance, ça se provoque !! C’est la morale de cette journée ! S’offrir le luxe de 4 descentes dans la même journée, dont 3 en neige vierge et agréable à skier, c’est quand même la grande classe.
Et on pourrait aussi rajouter une 2ième morale : pas forcément nécessaire d’aller super loin et de mener une expédition à la Mike Horn, y’a des supers plans pas trop loin qui valent bien le coup, et cette face Est en dessous de la crête entre les Pics du Tourmalet et du Costallat, en est un de bon plan, définitivement !
7 Commentaires
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En plus vous avez encore bien efficacement déchiré le coin
Hâte d'être remis à 100% moi. .
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