Mon smartphone s'excite. "Ping, ping", je pianote comme une adolescente. Après avoir tourné en rond et jonglé entre les dates de repas familiaux et autres réjouissances, on se met d'accord : objectif de la sortie, 31 décembre.
Après plusieurs jours de mauvais temps, la neige est arrivée en abondance dans les Pyrénées, merci Bella, comme dirait maitre Gims.
C'est tombé drû, et il a fait froid comme rarement dans nos montagnes du sud, la neige restant fraiche plusieurs jours après les chutes.
Pour clôturer l'année, on va s'en mettre plein les nasaux. Et avec le soleil en plus.
On échange sur le topo à choisir : pas trop pentu, pas trop bas (gare au Gorille redoux, dirait Georges), mais bas quand même, pour profiter des rares conditions en bas de vallée. Et puis, un endroit un peu planqué aussi, car on a repéré quelques nouveaux pratiquants de rando cette année (tiens, tiens), et c'est pas qu'on aime pas les gens, mais quand même.
On se décide pour le département 31, et un départ depuis une mini station dotée de 3 téléskis, Bourg D'Oueil, direction le Pic du Lion.
Le réveil sonne toujours trop tôt depuis Toulouse, mais je me lève sans difficulté (ce qui contraste avec la semaine et surprend toujours ma moitié). Aujourd'hui, le Lion, c'est moi.
Au départ du covoiturage, seul le masque porté dans la voiture nous raccroche encore à cette année 2020 que nous avons hâte de mettre derrière nous.
Le soleil se lève à peine lorsque l'on sort le matériel. L'ambiance est superbe : un grand calme, une route enneigée, des sapins frigorifiés… Notre petit groupe chausse au pied de la voiture, les premiers pas se font en silence, chacun absorbe la fraicheur du matin, le paysage qui se découvre devant nous, la sensation d'avoir les skis aux pieds, le goût de la liberté.
Nous remontons par la forêt, suivant le cours du ruisseau, brassant pour faire la trace avec nos gros skis et splitboard. En moins d'une heure, nous nous ferons doubler par quelques randonneurs "light", qui nous feront gagner une partie de la trace : merci.
Je suis un peu à la traine, j'ai pris du retard pour filmer, j'essaie de rattraper le groupe : j'ai les jambes lourdes, c'est le moment de manger un peu. Enfin, quelques conversions plus loin, je sors de la forêt, retrouve le soleil, un second souffle et mes collègues un peu plus haut : on voit l'objectif, les faces autour sont magnifiques, le spot regorge de petits runs qui donnent plus envie les uns que les autres !
La motivation revient et nous nous retrouvons rapidement à enchainer les conversions sur le dernier raidillon jusqu'au sommet Deres Hèches, attaché au Pic du Lion, mais présentant un meilleur potentiel de descente.
François, qui faisait la trace depuis un moment, bataille avec la corniche pour nous faire une sortie impeccable sur le sommet. Enfin, je grimpe à mon tour et en prends plein les yeux : une vue à 360° garantie 4 étoiles.
Nous ne sommes pas très haut (à peine plus de 2000m !) mais le panorama est superbe : tempête de ciel bleu, la blancheur se déroulant sous nos pieds jusqu'en bas des vallées, l'alternance des forêts et pentes douces nous fait frétiller les spatules.
Je sors rapidement le drone (merci Père Noël), et enfin la récompense arrive : chacun lâche son run de quelques centaines de mètres dans une neige parfaite, froide et légère, et sans toucher le fond ni les cailloux. C'est rare que l'on puisse ouvrir sans arrière-pensée à ces altitudes, et les sourires partagés en bas de la face ne laissent pas place au doute : aujourd'hui, à cet endroit, avec ces copains, c'est le jackpot.
Une seule chose à faire : on repeaute. Il reste de la place ! Malgré nos 6 premières traces, la face nous permet une seconde rotation, dont la qualité rivalise avec la première.
Je me motive, fait chauffer les cuisses, sors mes câbles, et descend en télémark : quelques virages en génuflexion dans la poudre, gagnés à la force de la bête, ça n'a pas de prix.
Le soleil tourne doucement, la lumière rasante du dernier jour de l'année sublime la combe suivante : nous n'avons qu'à ressortir l'hélico bonapp' pour atteindre le col du Port de Pinate, quelques centaines de mètres plus haut, pour mériter notre ultime descente.
Nos derniers efforts sont accueillis par les rapaces qui tournent au vent du Port de Pinate, et alors que 2 motivés de groupe s'offrent une descente (et une montée !) de plus, nous nous tournons vers la combe qui va nous ramener en bas.
La descente est orgasmique : la pente est plus soutenue, et une forêt de bouleaux nous offre un superbe terrain de jeu. Je me prend pour Cody Townsend (en moins bien) entre les arbres, dans une neige froide comme je n'avais pas vu depuis bien longtemps !
Enfin les sapins remplacent les bouleaux, et nous dénichons le passage de sortie dans une combe qui forme un half-pipe naturel, terrain de jeu privilégié des snowboarders qui lâchent les chevaux en grandes courbes.
Quelques dernières courbes et un peu de border cross dans le chemin nous ramènent aux voitures, skis au pied. La vie a repris à Bourg d'Oueil pendant la journée, où les quelques luges rivalisent avec les concours d'igloo et de bonhomme de neige. En plus, l'accueil de la station (minuscule!) nous offre le café bien chaud à la fin de notre pique-nique : royal.
Voilà qui conclut 2020 pour moi : coupés du monde, en excellente compagnie, dans un lieu superbe, méritant notre plaisir par l'effort. Je n'aurais pu rêver mieux, et ma tête est pleine de virages carte postale lorsque je m'endors le 31, bien avant minuit…
A 2021.
15 Commentaires
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merci !
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j'adore la citation au milieu simple, efficace, mieux que n'importe quel évangile .
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Mention spéciale pour les photos et la vidéo, ce qui te vaut d'être notre article de la semaine avec Glisshop !
Pourrais-tu m'envoyer ton adresse postale, la couleur de sac à dos ITWT et un 06 à redac@skipass.com !
Merci encore pour ta contribution !
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