Ce matin je me lève, et je pense aux lignes que je vais tracer. Il est 7h, le soleil vient de laisser ses premiers rayons se poser sur les cimes enneigées.
Mon café coule, et je pense. J’imagine les zig et les zag se dessiner derrière moi comme des droites régulières sur un cahier d’écolier. Tantôt longues, bientôt courtes, l’angle qui les sépare étant parfois grand, et parfois minuscule. Le ski de randonnée ne serait-il qu’une histoire de mathématiques ? Une science exacte ?
Posté devant la fenêtre, je pense aux derniers mètres qui nous séparent, les copines et moi, du sommet convoité. Je pense à la dernière pente de neige, raide, ne nous laissant pas le choix que de chausser les crampons et de mettre les skis sur le sac, pour atteindre le haut du couloir. Étroit et majestueux, impressionnant et forçant le respect. Un pas devant l’autre, la progression est difficile, la neige est abondante, le souffle est court. Mais la motivation est à son apogée. Nous nous encourageons. Nous partageons la force qu’il nous reste. Le mental est notre dernière ressource.
J’allume mon DVA, et je pense à la force de la montagne. Aux dangers qu’elle met face à nous. Contre nous. Aux copains qu’elle nous a pris, et qui nous donnent leur force de là où ils sont, au dessus de toutes les montagnes de ce monde. Je pense aux choix qu’il faudra faire, à toutes ces fois où j’ai dû renoncer pour m’écarter du danger et continuer à penser.
Nous commençons à grimper, skis aux pieds, et je pense au chemin qui s’ouvre devant nous. À l’itinéraire long mais varié qui nous portera au sommet aujourd’hui. Aux mètres de dénivelée qu’il nous faudra encaisser pour y parvenir. Aux conditions qu’il nous faudra analyser. Aux décisions qu’il faudra prendre. Aux paysages que nous rencontrerons. À la faune et à la flore qu’il nous faudra respecter. À ces quelques heures où être à l’écoute de la montagne, de son corps et des autres n’est pas une option.
Nous y voilà. Le sommet. L’objectif.
L'espace d'un instant, mon esprit n’est plus capable de penser, il savoure. Il se délecte de cet accomplissement, du panorama qui me coupe le souffle.
Je reviens à moi, et je pense au sommet que nous venons d’atteindre. Ce sommet, j’y pensais déjà hier en préparant la sortie. Je le visualisais déjà bien. Je le visualise encore mieux à présent. Il est sous mes pieds, et je viens de le gravir à la force de mes jambes, avec l’aide de mon cœur, de mes poumons.
En dessinant les premiers virages dans la pente, je pense à la trace presque invisible que nous laissons sur la montagne. À l’œuvre que nous créons avec comme pinceau nos spatules. Je pense à l’apparence de notre ligne, aux prochains skieurs qu’elle inspirera. Qu’il est doux de se laisser porter par ses skis, de se laisser glisser sur l’or blanc. De profiter d’un terrain de jeu infini. D’admirer cette immensité, ces cimes enneigées, ce silence sourd. Les virages s’enchaînent, parfois larges, parfois serrés. La courbe continue de se dessiner, éphémère mais emprunte de nos émotions.
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