Tout part d’une conversation avec le père d’un ami qui, lors de son service militaire, a fait parti du 27e bataillon des chasseurs alpins. Après avoir discuté des exercices effectués par le bataillon, des difficultés, mais aussi des souvenirs uniques créés lors de ces sorties, nous avions décidé d’essayer un de leur exercice de survie en montagne : la creuse d’igloo en haute altitude, cela sans utiliser de bois provenant des sapins ou mélèzes et d’être entourés seulement par de la neige.
Pour réussir cette sortie, il nous faillait : du temps (au moins 3 jours de libre), de la neige en quantité, du soleil et afin de profiter un maximum de notre expérience : un terrain vierge loin de la population sans skieurs, ni remontés mécaniques!
En ce début de pandémie européenne (mars 2020), la fermeture précoce des stations et la météo très clémente, nous avons commencé à nous préparer et à étudier la manière dont on pouvait réaliser l’exercice de survie.
Le choix de l’endroit a été primordial. A cause des restrictions en France et du « Lockdown » imposé sur tout le territoire nous nous sommes tournés vers la Suisse. Pour des raisons de sécurité, de connaissances du terrain et afin de réduire les risques surtout en ces moments difficiles pour nos hôpitaux, nous avons pris la décision de monter proche d’un domaine skiable. Nous avons donc choisi de partir sur un domaine que nous connaissons et apprécions en Suisse : Verbier.
L’idée était de partir sur trois jours dont deux jours en autonomie, avec une première ascension du village (1 780 m) jusqu'à la zone prédéfinie (2 400- 2550 m) en face du fameux Bec des Rosses, pour y creuser notre igloo, y passer la nuit et monter le lendemain jusqu’au Mont Fort (3 229m).
Concernant le matériel emporté : comme souvent en montagne, il devait être résistant, ergonomique pour la monté/descente et léger. En plus de nos skis de randonnée, peaux et chaussures de ski, nous avons emporté par personne : un DVA, sonde, pelle (pour notre sécurité mais aussi pour la creuse de l’igloo), après-ski, sac de couchage, tapis de sol et couvertures de survie (afin de limiter au maximum les contacts entre la neige et nos sacs de couchages), 3 L d’eau, plats lyophilisés et un réchaud.
Le départ s’est fait un beau jour de mars 2020, au début du premier confinement strict français. Nous avions, nous en Suisse, un peu plus de chance : les sorties étaient autorisées et nous pouvions profiter du grand soleil qui a régné tout au long de ce confinement !
La station de Verbier était déserte par rapport à son habitude surtout en jour de grand soleil ! Loin de toute angoisse et psychose sur le virus, nous avons commencé l’ascension vers 9h du matin depuis le village en direction de la zone prédéfinie. Après 2h30 de montée (avec un équipement plus lourd que prévu et en plein cagnard), nous trouvâmes un spot parfait pour notre igloo dans une zone abritée par le vent et de toute avalanche possible !
Le début de la creuse a été très rapide et assez simple : il s’agissait de creuser une tranchée d’environ 2 mètres de haut sur 4 mètres de long, la moins large possible afin de pouvoir refermer l’igloo en fin de creuse.
La deuxième partie a été plus complexe, physique et longue… Le plan était de creuser une alvéole assez profonde à partir de la tranchée pour pouvoir s’allonger entièrement et assez haute pour tenir assis en laissant un mètre de neige au-dessus de nos têtes pour éviter l’effondrement. La neige était beaucoup plus compacte et glacée que lors de la première partie ce qui nous pris beaucoup d’énergie et de temps ! Après 4 heures et demie de pelletage, notre igloo était enfin prêt !! Ce qui nous a laissé un peu de temps pour profiter, d’un coucher de soleil sur le Bec des Rosses… seuls au monde ! Au réveil de notre nuit dans notre mini camp de base, nous avons chaussé rempli d’excitation nos skis en direction du Mont fort rêvant d’une descente sans trace sous le soleil jusqu’au village, 3 229m - 1800m…
À cause/grâce au semi-confinement imposé en Suisse, la station de Verbier était déserte, nous avons donc profité au maximum du calme des montagnes! La montée s'est faite sans croiser une personne et nous avons vraiment pu l'apprécier au rythme des oiseaux, du vent avec nos téléphones en mode avion c'était un régal.
Une fois l'igloo terminé, il n'y avait plus un bruit: pas une voiture, pas de remontées ouvertes, pas d'autres skieurs... Nous avions très rarement vécu un tel silence c'était très surprenant pour nos oreilles et cela faisait vraiment du bien!
Lors de la descente, le calme nous a permis de prendre les bonnes décisions en prenant le moins de risque possible, prendre notre temps, de belles photos et profiter un maximum de nos longues courbes dans des pentes non tracées!
En cette période stressante et angoissante, cela a été important pour nous et nous sommes reconnaissants pour ce moment. Merci mère nature!
Je m’appelle Mathieu Mohr, je suis né en 1995 en Lorraine dans l’Est de la France. Chanceux, mon grand-père avait un petit appartement à Saint Jean d’Arves sur le domaine des Sybelles où j’ai appris le ski et me suis perfectionné pendant mes années de collège et lycée et croyez-moi pour rester accroché au ski en habitant si loin, il faut vraiment être passionné !! Après avoir passé mon bac, j’ai commencé mes études à Lausanne où j’ai vraiment profité des montagnes et pratiqué d’autres activités d’hiver comme le ski de fond, le ski de randonnée, les raquettes… Lors de mes années de master d’école d’ingénieur à Lille dans le nord, j’ai fondé le ski club de l’école (@heiskiclub) afin de participer au GEM Altigliss challenge à Val d’Isère : la coupe du monde étudiante de ski (3 participations : chalenge ski et montagne (2)). Je suis aujourd’hui de retour en Suisse à Lausanne afin de commencer un job en tant qu’ingénieur civil dans le département des travaux souterrains, géotechnique et barrages. J’ai toujours été passionné par le ski en commençant par le ski freestyle avec mes idoles d’enfance (Tom Wallisch, « the king of afterbang » et Simon Dumont) puis en suivant le ski alpin notamment Jean pierre Vidal qui venait de la Toussuire aux Sybelles et enfin le ski freeride/backcountry grâce aux films diffusés à l’IF3 à Annecy puis au High Five Festival dont j’ai été l’ambassadeur lors de mes années dans le nord. Je suis aussi beaucoup le ski de bosse et notre championne française!
J’ai toujours fait gaffe à mon matos, tant au niveau de l’entretien (que je fais moi même) que de la qualité de mes paires : de peuf, de park, de rando et de piste !
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