Depuis le début de cette saison si particulière, j’ai rencontré de nombreuses personnes débutantes en ski de randonnée et/ou raquettes, taraudées par des questions typiques de novices. Certains se disent qu’il suffit d’une paire de ski doublée de peaux de "phoques" pour partir à l’assaut des montagnes.
Au fil des discussions, on se rend compte que ces néophytes sont certes bien équipés mais ne se sont pas formés à la sécurité en montagne et ne savent pas utiliser le matériel permettant de réaliser un secours. Nombre d'entres eux ne disposent pas du matériel de sécurité approprié. La montagne, c'est une culture voire une religion pour certains; il faut s'informer, s'équiper, se former, s'entraîner, partager, écouter.. pour découvrir et se faire plaisir et ce, sur le long terme.
Sans être un professionnel de la montagne, tout juste un amateur passionné et expérimenté, mon seul but réside dans le partage d'une synthèse non exhaustive des indispensables pour découvrir la magie des randonnées enneigées tout en réduisant leur facteur de risque.
Avant tout, il est primordial de partir bien équipé : vêtements, sac à dos, outils et accessoires.
La liste du matériel à emporter ne sera jamais exhaustive. Course à la journée ou itinérante, les indispensables seront à compléter avec les outils et accessoires en lien avec l’objectif visé. Une balade en forêt ne s'appréhende pas de la même manière que l'ascension d’un sommet, même modeste, ou encore 3 jours en itinérance.
Les indispensables, à moduler selon la typologie de la randonnée :
S’il y a une chose à ne pas laisser à la maison ou à la voiture, ce sont les couteaux : il peut toujours y avoir un passage où l'on peut les regretter. Concernant le pantalon et la veste, il vaut mieux disposer de larges ouvertures latérales pour aérer la bête lors des ascensions.
Le principe des trois couches reste d’actualité et le mieux est de partir avec une première couche chaude et se couvrir uniquement avec la veste avant d’attaquer la montée. La doudoune peut rester dans le sac. On dit qu’il faut avoir de petits frissons avant de démarrer la randonnée. La règle d’or étant d’essayer de ne pas transpirer, parce qu’une fois mouillé, on a froid !
En fonction de l’objectif et de la difficulté technique :
Une fois le matériel sélectionné, il faut savoir comment on va l’organiser. Chaque chose a sa place et chaque place a sa chose. Le bon rangement sera plus pratique lors de la course et économisera de la fatigue/douleur. Pour moi, un volume de 25 à 30 litres est assez idéal pour caser tout le nécessaire le temps d'une course à la journée.
Il est plus confortable d’avoir des rabats confortables au niveau de la ceinture. Ceux-ci doivent être bien placés au niveau des os de hanche afin de supporter la majeure partie du sac. Bien ajusté, on est d’autant plus libre de ses mouvements ! Comme disent les guidos, on porte avec les hanches, pas avec les épaules.
À commencer par la zone dorsale (A) du compartiment principal : il faut la réserver pour le matériel lourd comme crampons, dégaines, quincailleries, thermo de café.. Le matériel lourd ne doit pas être placé trop haut, sinon le sac à dos risque de danser. Quand un sac à dos est bien équilibré, il tient debout tout seul lorsqu'il est posé sur le sol. Toujours avoir son matériel de sécurité (tryptique DVA/Pelle/Sonde) accessible facilement et rapidement en fonction de votre sac. En cas de pépin, chaque seconde compte. Préférer les sacs avec emplacements prévus pour la pelle et la sonde.
La zone avant (B) est plus destinée aux vêtements et affaires pas trop lourdes. Le rabat supérieur (C) offre souvent une grande poche qui permet de mettre les petites choses devant restant facilement accessibles. Lunettes de soleil crème solaire, mouchoirs, topo-guide, frontale, aliments énergétiques.. J’aime bien répartir avec les poches de la veste : ainsi, on enlève son sac un minimum de fois.
Toute la zone basse du sac (D) est à réserver pour les affaires légères comme la doudoune, le matériel de bivouac. Quand on a un accès par un zip, c’est quand même un gros plus pour accéder à un accessoire rapidement ! Personnellement, je prends une micro-pharmacie et une couverture de survie en fond de sac. J’y rajoute une mini-trousse de toilettes si c’est pour une ou plusieurs nuits.
Avant ou pendant la randonnée, on évite au maximum d’avoir des choses qui pendent sur le sac, il faut qu’il soit le plus compact possible en montée, comme en descente. Même quand il faut amener une corde, on la glisse sur le haut du sac ou fixe sous le rabat supérieur et stabilise les lobes avec les systèmes de fixations du sac.
Selon la conscience de chacun, pour le casque, soit il se trouve sur la tête soit il est bien rangé dans ou sur le sac.
T’as vu le B.E.R.A. ?
Le Bulletin d’Estimation du Risque d’Avalanche (Méteo France) est le communiqué quotidien par massif montagneux estimant donc les risques d’avalanches selon les orientations des pentes. Au-delà du chiffre caractérisant le niveau de risque, il donne de précieuses informations sur la nivologie en faisant la synthèse des derniers évènements météorologiques. En l'absence de remontées cette saison, ils ne sont pas aussi précis que lorsqu’ils sont nourris des informations quotidiennes remontant du terrain (pisteurs, professionnels,).
Dixit l’Association Nationale pour l’Etude de la Neige et des Avalanches (A.N.E.N.A.), les questions à se poser : « quel niveau de risque est annoncé pour le massif, quelles pentes sont particulièrement concernées par un risque de plaque ou bien de purge spontanée ? Doit-on s’attendre à une évolution importante au cours de la sortie (chaleur, nouvelle chute de neige, transport par le vent ?). Comment est constituée la surface du manteau neigeux, etc. »
Il est préférable de comparer quelques météos surtout quand il s’agit de prévisions pour des montagnes. La situation du matin peut être bien différente de celle de l’après-midi, alors autant anticiper et choisir un itinéraire qui en tient compte. Une carte topographique au 1/25000 est importante pour préparer sa course (à condition de savoir la lire). Il existe même des cartes papiers en 3 D (à noter aussi le site GeoPortail, bien utile). Ceci peut bien compléter les topos de ski ou de raquettes.
Ne jamais partir avec uniquement une trace GPS : en suivant, on réfléchit souvent moins et puis un téléphone peut si vite être sans réseau ou déchargé (exemple classique par grand froid). La boussole sert très rarement mais un jour de brouillard soudain, elle peut être bien appréciable et même sur une zone que l’on connaît.
Selon l’endroit de la balade, il est bien aussi de contacter un local comme un guide, gardien de refuge, service des pistes qui constituent souvent les meilleures sources d’informations.
Motivations, attentes, tous en phase ?
Pour certains, le bon nombre de personnes, c’est 2 car au-dessus, il y a un premier et un dernier. Pour d’autres, c’est 3 et en cas de blessé, un part chercher des secours et l’autre reste sur place. Ce qui est sûr, c’est que plus l’équipe est grande, plus le niveau technique risque de ne pas être homogène. D’autant plus important pour le franchissement de difficultés. Il faut aussi s’assurer que tous les membres de l’équipe possèdent bien l’équipement nécessaire en rapport avec l’objectif choisi.
Attention à bien connaitre ses partenaires et à se méfier de l’effet groupe qui pousse parfois à devenir irresponsables..
Ne pas négliger la prévision la plus pessimiste. Le froid et le vent étant intimement liés, il faut bien regarder comment cela va souffler à différentes altitudes. Ainsi, pour une température réelle sous abri de -5°, avec 30 km/h de vent, on obtient -13 de température ressentie. Avec 50 km/h de vent, cela donne -15 !
Cf Supra
Trop de pratiquants n’ont jamais fait d’exercices de recherche de victimes. Dans les Pyrénées comme dans les Alpes, nous avons des stations de ski équipées de parc à balises pour s’entraîner et se tester en mode recherche de victime. Il est aussi sympa de le faire en pleine nature lors d’une pause casse-croûte. Après les moyens de se former ne manquent pas : les guides, l’A.N.E.N.A., les formations organisées par les marques de ski… Une fois formé, entraîné, ben c'est comme pour tout, il faut maintenir un certain entraînement.
Autant en été, on peut arriver à s’en sortir avec des sources et encore, si on ne se trouve pas dans un désert minéral. Sur des montagnes toutes blanches, un approvisionnement sera plus compliqué à trouver. Il faudra veiller aussi à protéger la poche ou gourde en cas de froid bien négatif. Un guide m’a dit un jour : « Un litre par 1000 mètres de dénivelé positif ».
En cas de doute sur la nature du terrain, de la découverte d’une nouvelle montagne, cette règle permet de repérer les dangers cachés et pouvoir anticiper la descente.
La journée est planifiée depuis longtemps, la fenêtre météo parfaite, la route est longue, le compte en banque est vide après l’achat de tout le matos: toutes ces raisons peuvent pousser à s’obstiner mais il faut savoir faire demi-tour parfois. C’est d’autant plus dur de faire marche arrière à l’approche de l’objectif visé : que du mental, comme pour la victoire !
Il faut observer, écouter son environnement et encore plus dans un environnement neigeux. Mieux vaut laisser son lecteur MP3 de côté et écouter sans cesse le silence de la nature, cela serait dommage ne pas entendre les douces sonorités du manteau neigeux.. S’interroger sur la situation actuelle ou à venir permet aussi d’anticiper et de décider le plus objectivement possible.
Les stations sont malheureusement fermées mais il ne faut pas oublier que la sécurité n’est pas la même que d’habitude. Le nombre de déclenchements préventifs plus que limité et les pistes peu ou pas damées font que la sécurité n’est pas bien supérieure à un endroit complètement sauvage. Il faut donc s’interroger même si on est sur un domaine skiable : des itinéraires, des raccourcis sont peut-être à éviter..
Il existe aussi de plus en plus de parcours de ski de randonnée en station.
Même avec le smartphone dernier cri, il ne faut pas miser sur la disponibilité du réseau de son opérateur chéri. Quand je vois des traileurs faisant des gros sommets dans une journée et simplement avec short/tshirt/2 flasques de 400 ml et un sac à dos juste suffisant pour 3 barres énergétiques, je me dis qu’ils ont tort.
La dernière fois que j’ai déclenché un secours pour un randonneur bloqué dans un pierrier à 2700 m et avec une cheville entorsée, il a fallu une bonne heure et demie pour l’arrivée de l’hélicoptère..
C’est en sortant régulièrement en montagne que l’on connaît le mieux l’historique météorologique et donc nivologique. Après la synthèse des prévisions, on a déjà en tête les observations faites sur le terrain les jours précédents. La magie des réseaux sociaux nous permet aussi de lire des comptes-rendus de sorties presque à volonté ; c’est d’autant plus intéressant sur des secteurs que l’on connaît peu ou pas.
Pour le coup, ce sont des choses propres à chacun et moins facilement maitrisables.
Après la préparation matérielle et intellectuelle, il vous reste encore de quoi (re)lire avec la préparation physique détaillée par profil, ça date un peu mais tout reste d’actualité :
La préparation physique pour les nuls 1/3
La préparation physique pour les nuls 2/3
La préparation physique pour les nuls 3/3
16 Commentaires
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Ben c'est pas le sujet de l'article mais tu peux écrire sur cette thématique, cela pourrait compléter l'article skipass.com
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