Il y a des sorties qui vous marquent plus que d'autres, des sorties dont on se souvient encore des années plus tard, puis il y a celles qui tombent dans l'oubli ... faute de piquant, faute de choses qui vous marquent ou encore faute d'avoir pris une belle leçon. Bref, celle ci devrait me rester dans la tête encore un petit moment ..
Mi-novembre, un couple d'amis nous propose (ma conjointe, les enfants et moi), de passer le réveillon du jour de l'an dans le Vercors. Malgré la peur qu'il n'y ait pas de neige pour la fin d'année, comme cela a déjà pu se produire par le passé, on se dit que cela nous changera d'air et nous permettra de découvrir la région !
La réponse ne se fait pas trop prier :
Puis finalement, cette saison démarre sur des chapeaux de roues en termes d'enneigement. Le temps passe et je me dis que finalement je pourrais peut-être bien sortir les skis dans le Vercors pour le réveillon. Les rêves de sommets grandissent, je regarde les topos du secteur sur Skitour... Puis viens le jour du départ pour Villard de Lans.
Avant le départ, notre couple d'amis, qui avait un contact sur place, nous dit qu'il a beaucoup neigé avant les vacances de Noël, et que durant la semaine avant le réveillon du 31 décembre, il a plu pendant deux jours...
Effectivement, lorsque l'on arrive sur place le jeudi 30, on voit qu'il y avait de la neige mais que ça avait pris un sacré coup de flotte ! Bref on oublie la neige de cinéma.
Sur les 5 jours prévus sur place, on avait pas vraiment de programme, mais on voulait : faire des raquettes, faire prendre des cours de ski à nos enfants, aller à la piscine à vague, faire du ski de descente, des balades ... et puis je voulais bien me caler un petit plaisir égoïste, celui d'aller faire un bout de rando à ski dans le coin, si ça ne dérangeait pas le reste du groupe.
L'année dernière nous avons été privés de remontées mécaniques... j'ai haï cette décision, un peu comme tous les skieurs, et pourtant, je n'ai jamais fait autant de rando... D'habitude je n'en faisais qu'avec parcimonie, quelques sorties par saisons, dans le but de faire des descentes uniques et explorer la montagne ou bien pour participer aux formations du CAF de mon secteur, avec les copains, ...
Mais là je ne sais pas... Peut être une séquelle du Covid où je ne sais pas quoi, mais cette fois, LE truc de fou est que j'allais prendre un forfait et mettre les peaux ! ! Chose impensable dans mon esprit il y a 10 ans !! ...
Finalement le séjour se passe, nous parvenons à faire une après midi de ski de descente avec ma conjointe, le plaisir est là, les sensations aussi, et déjà, je repère que la neige est bien béton en dehors des pistes, mais comme on dit :
Il n'y a pas de mauvaise neige, il n'y a que des mauvais skieurs
Alors dans ma petite tête, je me dis que si je veux faire un peu de rando, il va falloir faire attention !
Puis viens le moment où ce dimanche 2 janvier après-midi, la porte s'ouvre, les planètes s'alignent et je vais peut être bien pouvoir ENFIN faire une sortie de ski de rando dans le coin... AllEluyah !!!
Ayant lu les topos du coin avant de partir, j'avais quand même une idée de ce que je voulais faire.
Mon objectif était donc d'aller faire un tour dans le vallon du Clos d'Aspre. Une rando qui paraissait facile, pas trop de dénivelé, 600 D+, et pas trop longue, dans les 3,5 km. Bref, pas un truc de fou, pas de difficulté majeure et à ma portée en fonction du temps imparti. Car je n’avais bien que le dimanche après-midi pour faire ma promenade.
Pour gagner un peu de temps et aussi pour des raison d'enneigement, je voulais partir du haut du télésiège des Marmottes, côté côte 2000, pour aller au pied de la Grande Moucherolle, côté Est. Le sommet n'était pas un objectif prioritaire, car j’étais seul et sans les crampons.
Côté conditions météo, beau temps prévu, des températures malheureusement trop chaudes, mais qui me laissaient espérer que le foutu carrelage observé la veille allait se transformer en moquette.
Après la petite séance de ski familiale à Corrençon avec les enfants, je quitte le groupe vers 13h30 pour me diriger vers mon lieu de départ prévu pour la rando. Bien entendu je leur donne un horaire limite ainsi que mon itinéraire au cas où s'ils n'aient pas de nouvelles, ils puissent lancer les secours.
Arrivé en haut du télésiège des marmottes vers 14 heures, je me mets sur le côté du domaine, derrière le téléski des Jaux, et colle les peaux pour aller rejoindre le départ du sentier du clos d’Aspre situé 100m plus haut. Jusque là, le plan se déroule à merveille !
La rando commence par une incursion dans ce beau vallon du Clos d’ Aspre, la montagne est superbe, je suis surpris car ces montagnes calcaires, vraiment abruptes, c'est un cran au-dessus de nos volcans auvergnats (en terme de spectaculaire), il n’y a pas un bruit, juste celui des oiseaux, bref décor 5 étoiles..
Puis au fur et à mesure de ma progression, je me rends compte :
Ce dernier point m'interroge, mais la direction suivie correspond à l'itinéraire prévu. La suite de la trace semble logique, je continue donc sur l'itinéraire tracé.
Puis, viens le moment où lors d'un petit coup de cul, ça manque de zipper. L'un de mes skis décroche et commence à partir en arrière. Mon deuxième ski suit le mouvement, mais je réussis à m'arrêter immédiatement en plantant les mains dans la neige. OUUUUUFF
Derrière moi, il n'y avait pas d'obstacle, en cas de glissade il ne me serait pas arrivé grand chose, mais quand même. Je relève mon niveau de vigilance, car au passage, mes mains ont été écorchées.. Oui, car comme il faisait trop chaud pour moi, mes gants étaient dans le sac !!.
C'est pas comme si mon frère s'était brulé les mains la saison dernière dans le Cantal ! (Cf article Skipass "Le cantal c'est Létal")
Sur ces entrefaites, je poursuis sur cette trace qui pars sur la pente, "côté droit" du vallon, et qui semble monter vers les falaises. L'objectif de la personne qui avait tracé me parait flou et plusieurs questions viennent à moi :
Je continue la trace, même si ça me parait illogique par rapport au cheminement auquel j'avais pensé, mais ne connaissant pas vraiment le secteur, à part sur la carte (que je consulte dix fois au passage), je fais confiance aveuglement à cette foutue trace.
Alors la balade se poursuit sur cette trace, puis un moment, la pente étant vraiment en dévers, je décide de me mettre à l'abri sur un ilot rocheux pour mettre les skis sur le dos et continuer à pied. Car cette fois en cas de glissade ça pourrait faire mal. Les Cham 97, en poudre c'est top, mais en montée déversante et carrelée, c'est nettement moins sympa...
Puis viens un moment ou c'est le craquage, je ne vois plus l'intérêt de suivre cette trace, ça devient vraiment dangereux! A la base et sur le topo, ça devait être une rando pépère! Alors, vite, je me mets à l’abri sur un petit replat que je trouve, enlève les peaux, chausse et décide de descendre dans le creux du vallon. Il y aura bien une issue à tout cela !! La descente fait environ 80 mètres, sur une neige carrelée.. Le truc dégeu où tu finis ta descente avec les chaussettes en bas des bottes! Mais bon c'est pas pire, Dans le Cantal c'est parfois pareil ...
Arrivé dans le creux du vallon ... une autre trace de montée ! Cette fois, la suite me semblait nettement plus logique ! Alors j'ai continué la montée mais avec les couteaux sous les skis ... car le temps passant, ça commençait à bien regeler bien plus fort !
La suite de la montée s'est faite tranquillement, cette fois en faisant confiance uniquement à mon propre feeling sur l'itinéraire. Mais durant cette petite heure de grimpette, je n'ai pas arrêté de me remémorer ces quelques mètres qui aurait pu me mettre dans la merde ..
Bref, je me suis posé tous le tas de question que tu te poses quand tu sens que t'as fait une connerie et que tu te dis " bordel j'aurais pu faire mieux que ça"
Quelques réflexions plus tard, mon processeur arrête de tourner et de calculer... Puis "concentration" sur le paysage.. la grande Moucherolle est en vue !!
Les couteaux encore sous les skis, la montée se finira sur une pointe, au pied de la Grande Moucherolle. Contemplation du paysage.. C'est hypnotique, j'en quitte mes pompes pour me sentir comme à la maison! La température n'est pas si froide, très peu de vent, les oiseaux qui tournent autour, c'est vraiment féérique !!
Petite pensée quant à cette montée, et conclusion : j'ai pris une bonne leçon! Quand il y a écrit "ne pas suivre les traces sans savoir où elles mènent", ça veut bien dire ce que cela veut dire!
Malheureusement, vous ne verrez pas d'images de belles traces sur la pente, car c'était tellement glacé que mon passage est resté invisible. Vous l'aurez compris, la descente était loin d’être excellente, CHRIIIIIIIII dans un sens, CHRRIIIIIIII dans l'autre .. c'était béton quoi!
Du coup j'ai rejoins le Lac de Moucherolle pour récupérer les pistes et faire du ski un peu moins crispé ...
Qu'importe, que la neige soit béton, ou pas, cette aventure en montagne m’a permis de déconnecter, de faire une belle découverte, d'en prendre plein les mirettes et surtout de prendre une belle leçon sans dégâts! Il parait que c'est celles que l'on retient le mieux ! en tout cas je ne suis pas prêt de l'oublier celle ci !
Bonne aventure à tous !
PS: Si vous avez l'occaz, goutez absolument à la "Bournette Fleurie" !!
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Bonne journée à toi,
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