Vendredi après-midi, je monte faire un petit tour à la force de mes maigres mollets. Les chutes de neige des derniers jours sont dantesques, le risque d’avalanche est maximum.
Après avoir bien transpiré sur un petit 700 m d+, je fais une pause à l’approche d’un fort sympathique randonneur. Il n’est pas de notre pays, mais il vient du Skiistan voisin pour profiter des conditions de neige. Amusés, nous discutons un instant des règles qui poussent à éviter à mes concitoyens de se rendre au Skiistan pour profiter des stations de ski alors que les transports en commun et les commerces sont bondés, des attestations, des périmètres de sortie, de la différence de vision entre un pays qui fait confiance et responsabilise et un autre qui veut surveiller et punir.
Alors que les nuages montent, il est temps de nous séparer : je dois déjà redescendre pour satisfaire à mes obligations de père. Au moins en Absurdistan les écoles sont toujours ouvertes.
Arrivé à la voiture, ma décision est faite : demain je vais rallier le Skiistan, après tout, les attestations et le petit kilomètre réglementaire ne sont pas (encore) d’actualité. Mais grâce à un dispositif que même les chinois nous envient, il me faudra 20 minutes pour trouver un test et avoir mon papier en règle pour le Skiistan .
J’arrive à 8h30 sur place, et je remarque tout de suite que les locaux ont sortie la grosse artillerie.
Grand soleil, neige (certes moins que chez nous mais tout de même) la journée s’annonce bien. Je mets mon masque en place et ne le quitterai plus. De toute la journée, je ne croiserai que des personnes respectant cette règle devenue simple pour tout le monde.
8h40 la remontée mécanique ouvre et me transporte à toute vitesse vers les sommets. A ce moment, je crois que j’ai presque ressenti un petit peu de honte de ne pas avoir de sueur sur mon front. Je suis presque nostalgique de ma journée d’hier et je pense à tous mes compatriotes qui tels des athlètes partent à la conquête de nos sommets à la force de leurs jambes sur-affûtées.
Coup de chance, il est tombé environ 40 cm de neige fraîche. Jusqu’à 11h, avant l’arrivé de la chaleur des hordes de locaux, les rotations s’enchaînent sans pause. La honte fait place au plaisir. On va pas se mentir, il y a un côté jouissif à savoir que quelques minutes suffiront à remonter pour profiter à nouveau du plaisir décadent de descendre.
Le terrain de jeu du jour est assez sympa, cela manque de dénivelé mais il y a plein de petits couloirs accessibles facilement. Je profite pleinement de la matinée et à 11h je me rends compte que les cuisses travaillent bien, comme au bon vieux temps.
A midi, alléché par les odeurs des restaurants qui vendent à emporté je me pose 10 minutes avec vue sur les remontées fermées de notre Absurdistan tout proche. Je ne comprends toujours pas comment il est possible de s’entasser dans des transports en commun, comment en ce jour des centaines de personnes tripotent les mêmes denrées dans un magasin, mais que se retrouver en plein air masqué et ganté est impossible chez nous.
De ce que j’observe, tout se passe pour le mieux, les gens sont heureux : ils profitent simplement en respectant les gestes barrières . Pourquoi cela est-il impossible chez nous?
Je laisse pour le moment ces pensées de côté et me remets à l’ouvrage. Le soleil et les énervés du coin ayant fait leur office, de cherche des endroits abrités. Je trouve de quoi faire sur un itinéraire sympathique avec une vue magnifique. Ce n’est pas de la grande pente mais je profite simplement du moment et de ce qui est à prendre.
L’après-midi suit son cour dans un écrin bucolique. Souvenir de notre monde, je croise quelques randonneurs qui ont fait le choix de l’effort. 15h, je décide de plier les gaules et reposer mes maigres cuisses d’une journée bien remplie. Je dois passer voir des amis sur le chemin du retour et il ne faudrait pas rentrer trop tard en Absurdistan.
A 18h, il faudra être à la maison...
Ce récit est le récit d’une journée qui devrait être classique. Une journée moyenne d’un skipasseur moyen. Une journée qui de classique devient presque atypique avec les décisions de nos politiques.
Je reste persuadé que des solutions sont possibles pour aussi ouvrir chez nous, en plus des protocoles sanitaires déjà largement en place ( comme limité le nombres de places sur/ dans les remontés, système de réservation pour limité le nombre de skieurs par exemple).
Je reste perplexe sur l’histoire des accidents en montagne : faudrait-il alors interdire la voiture, le vélo, bouger dans sa maison car activités aussi vecteurs d’accidents ?
Je reste perplexe sur le traitement et la vision qui est faite de l’activité en montagne. Pourquoi ne pas responsabiliser les citoyens plutôt que de les infantiliser à coup de kilomètres restrictifs et d’attestations toutes plus dérogatoires les unes que les autres?
Pourquoi priver de culture, de sports, alors que nous pourrions y observer les mêmes règles que dans les commerces?
Pourquoi priver de culture, de sports, alors que nous pourrions y observer les mêmes règles que dans les commerces?
35 Commentaires
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T'es pitoyable !
-France (16/01): 1.09
-Suisse (15/01): 0.94
Les remontées mécaniques responsables de la contamination?
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J'ai adoré m'évader le temps de quelques lignes en skiistan.
Encore merci pour cette lecture, je retourne de ce pas continuer mon entraînement cuisse special saison absurdistan.
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Effectivement sur le côté Suisse des PDS les gens respectent les règles et tout se passe bien.
En France je pense qu'il serait tout à fait possible d'ouvrir et que les contaminations ne viendraient en tout cas pas de l'ouverture des remontées mécaniques.
Malheureusement les 2 cerveaux malades qui décident de la mort des stations sont trop bêtes et arrogants pour faire confiance aux montagnards n'ont toujours pas compris que ça n'est pas sur les pistes de ski ou dans les queues des remontées mécaniques qu'on risque de se contaminer.
Quand à l'argument des accidents de ski Nicolas Rubin, maire de Châtel l'avait démonté après avoir discuté avec les responsables des hôpitaux du coin.
Des imbéciles qui dirigent des pays ça existait déjà, mais là le duo macron-castex repousse les limites à des niveaux jamais atteints.
- les taux d'occupation des hôpitaux du Chablais, et aussi le nombre de lit dispo en traumato ?
La source qui mentionne le retard dans les opérations courantes ?
La source d'ou provient les 6'000 blessés que tu cites ?
La source c'est Nicolas Rubin en personne: 4,4% d'hospitalisations parmi les 140 000 blessés annuels du ski, ça fait un peu plus de 6000: twitter.com
Après la source du retard dans les opérations courantes je m'en souviens plus, j'ai vu que pour la 2ème vague on est descendu à 15% , contre 70% pour la 1ère. Néanmoins le figaro en parle ici: lefigaro.fr
Sur les taux d'occupation j'ai rien mais je suis preneur.
Bref... Tout ça pour dire que ni du côté du gouvernement, ni du côté des élus / stations, je n'ai vu une explication rationnelle sur combien de blessés les hôpitaux peuvent absorber, quelle jauge on met en face en station pour que ça passe... et où on se situe par rapport au seuil de rentabilité des stations... Et ainsi sortir d'une logique binaire tout ouvert / tout fermé. Peut-être que c'est impossible à mettre en place, trop long, que certaines parties prenantes ne veulent pas discuter, que le fond du problème est ailleurs, je sais pas ?
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Etc, etc...
Bref, en Absurdistan y'a plein de gens qui croient que les dirigeants sont des cons incapables de prendre une bonne décision. Dans ce cas-là il n'y a pas de bonne décision, il y a celle qui est acceptable pour l'opinion publique (toi, moi, les gens en fait), et l'opinion publique n'accepte pas de laisser crever les gens pour que l'économie tourne comme si de rien n'était. Et ça, reprends les discours de Macron, que tu sois pour ou contre tu verras qu'il l'a compris et qu'il l'applique.
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En effet, même s'il est normal de prendre des mesures au vu de la situation actuelle.
Il est bon de se rendre compte qu'il y a différentes manière de réagir...
Pour ma part je pense également qu'il y a des incohérences dans toutes ces règles.
Il faut très certainement protéger l'économie, mais comment est ce qu'on en est venu a décider qu'on accepte le risque lié aux ouvertures de centres commerciaux mais qu'on accepte pas celui lié aux ouvertures de remontés mécaniques?
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et j'aime bien ( enfin aimer de façon douce amère) le petit frisson ressenti en voyant l'ombre d'un télésiège.
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