Le gros épisode neigeux annoncé sur tout un tas de massifs a bel et bien épargné les alpes bernoises, et la Suisse assez généralement.
Hier, à cause des précipitations soutenues couplées à une LPN à 2000m, j'ai rongé beaucoup trop d'ongles. Le manteau fut lessivé jusqu'à environ 1800m, ça c'est marde. Puis hier soir, la LPN descend tout doucement. Sur les webcams en allant me coucher, c'est malgré tout encore vert à 1400m... Un petit front doit passer en première partie de nuit, si ça pose bien, il sera peut être possible de partir ski aux pieds... Je laisse tout open.
En ce Dimanche matin, un coup d'oeil à la webcam de Grimmialp, c'est tout blanc. Quelques relevés de station de mesures etc... Allez, je tente le coup. La météo prévoit même un pseudo petit créneau de temps presque sympa en début d'après midi, je saute dans le train.
Je suis le seul skieur sur le quai, dans les gares et dans les trains. Arrivée en gare de Oey, toujours seul, quelle riche idée. Le car postal qui mène à Grimmialp est habituellement bondé... seul. Je rigole avec le chauffeur d'avoir cette immense limousine en solo... Utiliser un bus de 50 places pour un pequenaud qui veut aller faire du ski caillou, au niveau du bilan carbone on est plutôt pas mal...
Bref, le simmental est totalement vert en fond de vallée, les cours d'eau à la limite de déborder pour certains. Dans le Diemtigtal, les premières traces de neige arrivent à 900m. Un saupoudrage discret... Le car me dépose à 1200m, la route est blanche, miam.
Il y a 5cm de neige, c'est suffisant pour chausser et monter vers le Rauflihorn, une classique habituellement surfréquentée. Avec 4 bagnoles sur le parking, y'aura pas foule. J'avance rapidement dans une trace toute faite, environ 5 skieurs/euses me précèdent.
A 1500m, il y a une dizaine de cm, sur fond cailloux. Avec des skis dédiés, ça passera à la descente.
La météo n'est pas si pire, on distingue quelques trouées de ciel bleu, parfois le soleil, ça me motive et je pars à bloc. Dans la forêt, je croise deux gars qui descendent, il ne s'arrêtent pas et leur virage à ma hauteur va racler un magnifique tas de cailloux. On se marre les trois. Une heure après le départ, je sors de la forêt. A 1800m, il y a environ 15cm de poudre selon les expos, avec une petite sous couche. Un canapé très confortable...
Il fait plus frais, mais toujours pas de vent, et toujours une belle visibilité. J'essaie de garder le rythme, mais je suis parti un peu trop fort, et j'ai rien mangé. Qu'importe. Il faut avancer avant que le côté obscur ne se referme sur les sommets. J'avance dans les mamelons Nord de Grimmi, la neige a l'air vraiment bonne, dans les accumulations, y'a de quoi se faire plaisir. Au col de Grimmi, toujours pas de vent. La corniche n'est pas encore formée.
Il reste 300m de d+ sur l'arrête ouest, bien soufflée. Mélange de glace, d'herbe, de croûte, bref, un tas d'immondice. Je rattrape un gars, Denis de son prénom. Il semble galérer et m’explique qu'il a eu des problèmes de neige qui botte. Sur la glace, tout va mieux...
J'arrive au sommet, dépeautage etc et là, le coup du sort. Les nuages arrivent en même temps que Denis. Le grésil avec, et en 5 minutes, je suis un glaçon. C'en est finit de la visibilité.
J'amorce la descente en tentant d'aller chercher de la neige plus potable en tirant un peu sud, c'est vachement pelé, et on voit rien. Les conditions de visibilités me forcent à viser les zones soufflées, qui permettent de voir un peu plus le relief. Et entre la glace, la croûte et le reste, je me dit que c'est une magnifique journée pour se faire un genou.
Descente à tâtons, je suis heureux quand je peux faire un virage. Denis descend sans masque, il est rouge cramoisi (et pourtant mon julbo teinte jaune).
On arrive au col, peut être aurons nous plus de chance en versant nord. La neige est là en quantité plus importante, mais la visi toujours aussi dégueu. Ça skie doucement, c'est frustrant. Mais genoux etc... Bref, du ski pour descendre. Nous rejoignons la forêt et son petit tapis. Ce sera le meilleur ski. Les zones assez correctement enneigées sont vraiment drôles à skier, il faut juste se méfier des plaques de gravier. Denis prendra la gamelle de la journée sur un virage gauche plein de gravier.. .Une Jean Alesi de compète avec déchaussage etc.... J'ai peur qu'il se soit démonté l'épaule, mais le bougre se relève, alles klar.
Ça skie jusqu'au parking sans déchausser, mais ça racle de partout... A l'heure ou j'écris ces lignes, y'a une sacrée sculpture sous les semelles...
Voilà, on est en bas, content d'avoir pris l'air. J'ai raté le bus, Denis est venu en caisse, il me déposera dans une gare de la campagne bernoise. A deux dans une bagnole c'est mieux que seul dans un car postal pour le karma carbone. Merci Denis.
Fin de l'aventure, il est 17h15 et je dévore pain et viande séchée dans un abri de gare qui fleure bon les trucs qui puent.
La morale de cette histoire c'est que l'Oberland bernois a un grand besoin de neige. L'enneigement est presque inexistant sous 1800m, et au dessus, c'est très inégal. Au moindre petit réchauffement, on repartira de 0...
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