17 heures
Valais
Il survit dix-sept heures sous une avalanche
8 février 2010 - DAVID VAQUIN
ÉVOLèNEUn jeune skieur vaudois de 21 ans a été découvert hier matin conscient et en légère hypothermie après avoir passé 17 heures sous une avalanche. Un véritable miracle selon les sauveteurs.
«C'était assez merveilleux, on ne vivra pas souvent un tel événement dans une carrière de sauveteur.» Pierre-Yves Terrettaz, gui-de sauveteur à la Maison du sauvetage, n'en revient toujours pas.
Hier matin, alors qu'il recherchait un jeune skieur porté disparu depuis la veille au soir, dans la région du pas d'Arpilles à Evolène, il a repéré du mouvement dans la neige, sur une coulée: «On survolait la zone en hélicoptère et j'ai soudain vu une trace grise en mouvement, proche de cailloux. Dans un premier temps, je pensais avoir rêvé. Puis les autres personnes dans la machine ont aussi vu bouger.»
La trace grise était en fait le casque du jeune Vaudois de 21 ans qui dépassait de la masse neigeuse.
«Il était conscient»
«On était en vol stationnaire à cinq mètres au-dessus de lui, on a failli ne pas le voir.» Rapidement, le guide accompagné par Pierre-Alain Sierro, responsable de la colonne de secours d'Evolène, se fait hélitreuiller au sol tandis qu'un deuxième hélicoptère médicalisé est appelé en renfort. «Nous avons dégagé la victime qui était bloquée sous50 cm de neige et là, nouvelle surprise, il était conscient et même assez lucide», explique Pierre-Yves Terrettaz. «On lui a parlé pour le tenir éveillé. Selon ses dires, il s'est fait emporter samedi, aux environs de 15 heures», raconte Pierre-Alain Sierro. Le médecin appelé en renfort a ensuite pris en charge l'infortuné qui a été héliporté à l'hôpital de Sion. Selon la police cantonale, ses jours ne sont pas en danger, il souffre simplement d'une légère hypothermie.
«C'est vraiment une belle surprise, on ne s'attendait pas à retrouver quelqu'un de vivant après plus de dix-sept heures sous la neige», détaille Pierre-Alain Sierro qui a participé à toutes les opérations de recherches: «Tout a en fait commencé le samedi aux environs de 18 h 15. Une famille vaudoise est venue nous annoncer la disparition de son fils. Selon eux, il avait l'habitude de faire du hors-piste seul et sans détecteur d'avalanche. Nous avons rapidement retrouvé sa voiture sur le parking. Comme les skis n'étaient pas là et que le jeune ne répondait pas à son téléphone, nous avons immédiatement entamé les opérations de recherches.»
Vingt-deux sauveteurs sont mobilisés. Le recours à un survol en hélicoptère n'est pas possible en raison des mauvaises conditions: «Il y avait peu de lune et des bandes de brouillard, on a donc privilégié la solution terrestre», explique le chef de la colonne de secours.
Où chercher?
Problème de taille, personne ne sait dans quelle direction chercher: «On savait qu'il faisait du hors-piste, on a donc quadrillé tout le secteur. Les équipes sur les hauts du domaine recherchaient des plaques à vent tandis que celles plus bas concentraient leurs efforts sur les arbres, au cas où le skieur aurait fait une mauvaise chute.» Vers 1 h 30, les sauveteurs découvrent une coulée suspecte dans la région du pas d'Arpilles. «En éclairant, nous avons vu une coulée de 150 à 200 mètres de long. Elle était située bien au-delà du domaine skiable, au sud d'un téléski isolé», détaille Pierre-Yves Terrettaz.
Après avoir prospecté dans les alentours, les sauveteurs découvrent une trace d'entrée mais pas de traces de sortie. «A ce moment, on était sûrs que la victime était dessous. Malheureusement, les conditions étaient très dangereuses, avec des pentes instables et de nombreuses plaques à vent. Nous avons interrompu les opérations de recherche vers 2 h 30, après avoir vérifié qu'il n'y avait personne en surface», explique le guide de la Maison du sauvetage. Les sauveteurs dorment trois heures et ils reprennent immédiatement les recherches à l'aube, au moyen cette fois d'un hélicoptère avec le résultat que l'on connaît.
Un vrai miracle
Ce genre de sauvetage arrive-t-il souvent? «C'est extrêmement rare. Je me rappelle d'un gardien de cabane qui avait été emporté et qui avait survécu plusieurs heures, mais dix-sept heures, cela doit être un record», explique le chef de l'information de la police cantonale Jean-Marie Bornet. «Ce jeune a été très très chanceux. C'est presque un miracle, on ne s'attendait pas à retrouver quelqu'un de vivant. La victime nous a expliqué qu'elle avait fait des mouvements de tête après avoir été enfouie; cela a probablement créé une poche d'air», témoigne Pierre-Alain Sierro.
Et comment expliquer la légère hypothermie après avoir passé une nuit entière en altitude et sous la neige? «Ce n'est pas quelque chose qu'on va voir tous les jours. Son habillement était correct, la nuit n'était pas trop froide et la neige isole quand même. De plus, il n'était pas complètement enseveli, il avait donc de l'air et la possibilité de faire des petits mouvements. Comme il n'était pas blessé, il a pu concentrer son énergie sur le réchauffement. Il avait aussi une très grosse volonté de s'en sortir», conclut Marc-André Schlaepfer, le médecin qui l'a secouru.
lenouvelliste.ch
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