Ca y est, je l’ai fait. J’ai fini la Transju !
Comme tant de choses se bousculent dans ma tête, je ne sais pas trop par où commencer. Alors reprenons tout depuis le début, ok ?
Le trajet depuis Paris s’est très bien passé. Je suis arrivé à mon hôtel dans la nuit de jeudi au vendredi, vers 2h du matin après 5h de route.
J’ai profité du vent qui soufflait le vendredi matin pour aller retirer mon dossard, trouver à qui j’allais confier le fartage de mes skis (importantissime en ski de fond) et dévaliser la boulangerie de ses tartes aux fruits. Ca m’aura pris quasiment toute la journée. Je n’ai pu skier qu’une heure en fin d’après-midi, et franchement, ça a été une reprise bien galère à cause du vent. J’ai parcouru à peine 10km en une heure et me suis un peu demandé ce que je foutais là…
Heureusement, j’ai eu la bonne surprise samedi matin de me réveiller avec une météo idéale pour skier : un temps froid (-12°
mais sec et aucune bise. Sans hésitation, me voilà parti pour faire une longue sortie avec une paire de skis prêtée par le magasin qui s’occupe de farter les miens (ça prend du temps d’appliquer les 3 couches de fartage, je les récupérerai seulement le samedi en fin de journé
. J’avais prévu de skier deux heures, mais à chaque carrefour qui devait me ramener à mon point de départ, j’ai rallongé ma sortie tellement j’y prenais du plaisir. Au final, j’ai skié 42km en seulement 3h36 (+30 minutes cumulées pour trouver mon chemin) et sans ravitaillement (seulement une barre de céréales et 0,5L de boisson). Je suis rassuré sur mon niveau physique car j’aurai clairement pu faire 50km (oui, vous avez bien lu!!!) de plus sans la moindre difficulté.
J’anticipe la question, « mais pourquoi as-tu fait une sortie aussi longue à la veille de devoir faire 68km »? Piochez parmi les raisons suivantes :
1. Je suis avant tout venu ici pour me faire plaisir et me suis éclaté comme rarement aujourd’hui ! Le séjour est déjà réussi !
2. Pour retrouver des sensations de glisse.
3. Parce que j’ai les jambes et le cardio pour faire deux Transju en 2 jours si le temps est comme aujourd’hui. Mon niveau de forme me surprend moi-même.
4. Pour pouvoir dévaliser de nouveau la boulangerie cet après-midi sans le moindre remord…
Malheureusement, la suite du week-end s’annonçait plus compliquée. Car pour dimanche, la bise devait faire son retour et souffler de face sur l’ensemble du parcours. Autant dire que nous allions vivre un ENFER.
Je sais que j’ai la caisse pour finir une Transju’, mais avec des conditions si extrêmes, j’avais franchement un gros doute. J’espèrais pouvoir m’abriter un peu derrière d’autres participants (le fameux "drafting"
et que les nombreux Jurassiens au bord du parcours auraient encore un peu de voix quand je passerai devant eux pour me porter.
Pour avoir le temps de prendre une collation (gâteau d'effort + crème riche en glucide de chez Décat'
, j'ai mis mon réveil à 6h. Evidemment, je me suis réveillé bien avant. Dès 4h, impossible de dormir. Je suis excité comme une puce. Mais plutôt que de faire les cent pas dans ma chambre, j’ai attendu sagement que le réveil sonne en position allongée pour me détendre encore un peu. J’ai pris ma collation, me suis habillé, jeté un œil par la fenêtre pour constater que le vent soufflait déjà un peu, et suis parti en direction du Lac de Lamoura le lieu de départ. Habituellement, il ne faut que 5 minutes pour s’y rendre depuis l’hôtel, mais les routes bloquées et une chaine qui pète m’ont pas mal retardé. Pour finir, j’ai du me garer à un bon kilomètre du lac, et terminé en courant pour ne pas rater le départ. Ce n’est vraiment pas pratique de courir avec des chaussures de ski de fond au pied, un énorme sac à dos (pour le vestiaire) et les paires de ski et de bâtons au bras, mais au moins, ça m’aura fait un bon échauffement pour la course.
J’ai à peine le temps de déposer mon sac de vestiaire au camion (qui le transportera jusqu’à l’arrivée), d’enfiler mon bonnet, mes gants, mes lunettes, de chausser mes skis et d’ajuster les sangles de mes bâtons que le départ est donné. Il est 8h45 et c’est parti pour 68km !
Très vite, je suis rassuré par mon état physique et le fait que je suis entouré de personnes en moins bonne forme que moi. Si tous ces skieurs finissent dans les délais et que je gère bien mon effort, ça ne posera aucun problème pour voir Mouthe avant la nuit ! Tous les fondeurs avec qui j’avais discuté m’avaient conseillé de skier relâché et de me concentrer sur ma technique. Le problème, c’est que je n’en ai pas, alors je me contente de faire ce que je sais faire, je coupe du bois…
Je pars prudemment malgré tout. La sortie de la veille a forcément laissé des traces et je crains de le payer à un moment ou un autre de la course. Je skie donc en m’économisant mais double quand même un paquet de concurrents. Je m’arrête rapidement à chaque ravitaillement pour faire le plein de pâtes de fruits et de carrés de chocolat. Je me les enfile par poignée. Comme je n’aime pas le thé et qu’ils ne servent que ça au ravitaillement, j’ai emmené une gourde remplie avec la boisson d’effort que j’utilise à vélo. Les kilomètres défilent et tout va pour le mieux.
On passe la fameuse montée de l’opticien aux Rousses poussées par des supporters très sympas, qui crient nos prénoms écrits sur les dossards. Puis vient une longue portion de plat jusqu’à Bois d’Amont avec un fort vent de face qui freine tout le monde. Comme je n’ai rien compris au principe du "drafting", je remonte les files sur le côté en poussant sur les cuisses, tout seul, comme un grand. Puis vient la montée des Ministres que j’attaque avec de très bonnes jambes, elles ne me quitteront plus jusqu’à Mouthe. On descend ensuite à travers la forêt vers Bellefontaine où commence une portion plus exposée au vent. Il reste à ce moment 26km et franchement, je ne prend pas un plaisir fou tant le parcours est monotone entre ce point et l’arrivée. Je me contente de faire le job et relance l’allure dès que je vois un trou dans lequel m’engouffrer entre deux concurrents. Autour de moi, ils sont nombreux à souffrir des conditions, mais grâce aux heures passées à vélo sur home trainer, je n’ai pas de mal à finir.
Je skie les derniers kilomètres tranquillement mais suis un peu ralenti par une bonne gamelle, juste au moment où je me disais justement que je n’étais pas tombé de la journée. Bien vu l’aveugle ! Je profite des derniers kilomètres pour réaliser ce que je viens d’accomplir et lève enfin les bras après 6h02 d’effort.
On nous avait prédit l’enfer avec cette forte bise, mais très franchement, j’ai trouvé le temps plutôt agréable pour skier. Quelques habitués avec qui j’ai discuté après la course m’ont dit qu’ils avaient souffert et que leur temps étaient moins bons que d’habitude. Alors j’ai hâte de me refaire une Transju dans des conditions encore meilleures, car moi, je me suis régalé aujourd’hui !
J’étais venu prendre du plaisir dans le Jura, j’en repars avec des souvenirs plein la tête et une énorme satisfaction personnelle. Et une chose est sûre, je serai au départ l’an prochain !
PS : J’espère que mon expérience suscitera des envies de Transju chez beaucoup d’entre vous. C’est une expérience inoubliable dont vous seriez fous de vous passer. La vie c’est courte, alors croquez là à pleines dents !
inscrit le 14/01/15
10 messages