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GAP (AFP), le 29-11-2003
Le procès de l'accident du téléphérique du Pic de Bure (Hautes-Alpes), qui a fait 20 morts le 1er juillet 1999, s'est achevé vendredi après 13 jours de débats souvent techniques, qui ont mis en lumière d'importantes "défaillances" dans le fonctionnement et l'entretien de l'appareil.
Le jugement sera rendu le 26 février.
Dans son réquisitoire, c'est contre Aldo Oberti, 72 ans, responsable de la maintenance du téléphérique du Pic de Bure (Hautes-Alpes) de 1984 à 1991, que le procureur de la République a réclamé la peine la plus forte, 3 ans de prison dont 6 mois ferme et 20.000 euros d'amende.
Pour le parquet, M. Oberti a retiré en 1985 ou 1986 le frein de chariot qui aurait immobilisé la cabine et agi comme un "ultime parachute" lorsque l'attache (chapeau de gendarme) assurant la liaison entre le chariot supportant la cabine et le câble tracteur avait lâché. Son avocat a plaidé la relaxe comme l'ont fait également les conseils des huit autres personnes morales et physiques mises en examen.
Le jour de la catastrophe, l'attache assurant la liaison entre le chariot supportant la cabine du téléphérique et le câble tracteur avait lâché. En l'absence de frein, enlevé dans des conditions qui sont restées mal définies, la cabine avait glissé en arrière, pris de la vitesse, s'était décrochée du câble porteur et était tombée dans le vide, tuant ses 20 passagers.
La charge maximum prévue par le constructeur Pomagalski pour le téléphérique avait été fixée à 5 tonnes, avec possibilité "exceptionnelle" de dépasser cette charge. En mai-juin 1999, alors que l'observatoire situé à 2.700 m d'altitude était agrandi, et qu'on avait besoin de matériaux de construction, la charge moyenne pour 162 voyages a été évaluée à 7,12 tonnes, endommageant le chapeau de gendarme.
Un chapeau de gendarme, comme l'original avec des garnitures intérieures usées, a été reconstruit en laboratoire et les experts se sont aperçus que l'attache résistait quand même à une charge de 9 tonnes, bien supérieure à celle du 1er juillet 99.
La veille de l'accident, les ouvriers du téléphérique avaient enduit le câble tracteur d'un vernis anti-rouille qui a une durée de vie de deux ans maximum. Or, ce vernis datait de 1992. Les solvants qui permettent de réaliser une couche fine avaient disparu, et les employés ont enduit le câble d'un produit épais, qui a agi comme une graisse, ce qui peut expliquer la catastrophe.
Les personnes mises en examen étaient donc accusées pour des motifs remontant parfois à plus de 15 ans.
L'avocat d'Aldo Oberti a ainsi fait remarquer qu'on reprochait à son client d'avoir enlevé un frein "13 ans avant la catastrophe" et que la cabine "a effectué pendant ce temps 19.000 voyages sans accident". On a aussi reproché à Oberti d'avoir embauché du personnel non-qualifié alors qu'il n'y a pas eu d'accident lorsqu'il était en fonction au téléphérique.
Les débats ont permis de montrer certaines négligences de l'Institut de radioastronomie millimétrique (IRAM), qui exploitait le téléphérique et avait laissé l'équipe de maintenance agir sans contrôle, et de l'APAVE, un organisme de contrôle.
En revanche, la responsabilité du CNRS (propriétaire du téléphérique mais qui avait confié sa gestion à l'IRAM) et la Caisse régionale d'assurance maladie du Sud-Est (CRAM), personne morale poursuivie comme deux de ses cadres pour "homicides involontaires" pour avoir failli à leur mission de prévention des accidents, n'est pas apparue au cours des débats.
vala vala !
inscrit le 30/09/03
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