PARIS (AFP), le 18-01-2004
Réchauffement du climat et vieillissement de la population: l'horizon se voile pour les stations de sports d'hiver européennes qui représentent les deux tiers du marché du ski mondial avec un chiffre d'affaires de 18 à 20 milliards d'euros annuel.
"La liste des menaces qui pèsent sur le marché des sports d'hiver en France est longue. Les variations climatiques, le vieillissement de la population, l'ouverture des marchés en sont trois parmi les plus importants", explique Eric Guilpart directeur marketing de la Compagnie des Alpes qui a mené une réflexion sur les perspectives économiques des stations.
Depuis une dizaine d'années la fonte des neiges préoccupe les exploitants de stations de skis. Selon l'Association suisse des stations de sports d'hiver, la durée de la saison dans les massifs suisses a perdu 12 jours en 20 ans avec la hausse des températures.
Quant au Centre d'études de la neige de Grenoble, il a calculé qu'en France, avec une hausse de 1,8 degré, la durée d'enneigement à 1.500 mètres dans les Alpes du Nord passerait en moyenne de 170 jours à 135j (-20%), dans les Alpes du sud de 120 jours à 90j (-25%) et dans les Pyrénées de 130 jours à 70j (-45%).
"Les stations doivent donc se préparer à quelques changements radicaux dans les 30 à 40 ans à venir. Faute de pouvoir "transporter" les villages en altitude, il faudra qu'elles acheminent les clients là où il y a de la neige, en reliant les stations basses aux domaines d'altitude, par des appareils à gros débit", explique M. Guilpart.
Autre souci pour les grandes stations, le vieillissement de la population car avec l'âge le taux des skieurs décroît: maximum vers 20 ans (17% des Français de cet âge partent aux sports d'hiver), il atteint à peine 1% à 60 ans. En moyenne 9 à 10% des français pratiquent un sport d'hiver.
Les exploitants des stations mais aussi les fabricants de matériels de skis doivent adapter les produits: niveler les pistes, y planter du gazon afin que l'hiver venu, elles soient praticables avec 20 centimètres de poudreuse au lieu des 0,70 à 1 mètre nécessaire actuellement.
L'effet "génération" va néanmoins favoriser la fréquentation des stations. Alors qu'en 1975, les 40-49 ans, qui avaient appris à skier à plus de 20 ans, représentaient 4,8% des skieurs, dans une dizaine d'années ils seront 14%. "Et en 2015 le taux des plus de 50 ans devrait même atteindre les 20%", affirme M. Guilpart.
Par ailleurs les stations françaises, suisses, autrichiennes et italiennes --trois quarts du ski en Europe-- ne manquent pas d'atouts pour séduire les amoureux de la neige, recrutés chaque année plus nombreux dans les pays sans montagnes (Bénélux, Grande-Bretagne) mais aussi dans les pays de l'est de l'Europe (Ukraine, Pays baltes).
Avec le développement des trains rapides, les 35 à 40 millions des skieurs, soit plus d'un européen sur dix sont en quelques heures au pied des pistes. Autres atouts, l'amélioration du niveau de vie dans les pays émergents et l'augmentation du temps des loisirs.
"Enfin le secteur économique du ski est un des rares où il n'y a pas de nouvel entrant. A l'exception de la Chine, il ne se crée plus de nouvelles stations dans le monde. Or actuellement peu de secteurs bénéficient de tels avantages", constate M. Guilpart.
Le marché américain des sports d'hiver est stable depuis plus de 15 ans et le japonais --qui représentait près du quart du ski mondial-- s'est effondré avec la crise des pays asiatiques", conclu le spécialiste.
Source : Agence France Presse
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Ouais et bien j'aime pas les mots "niveler les pistes" !
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