J'ai trouvé un article relatant assez bien les mécanismes politiques qui ont agit sur l'affaire de Val Chavière. Trouvé dans les archives (payantes !) du Monde (quotidien Français).
En tous cas ça prouve bien que cette affaire, si elle est enterrée, a périclitée il y a peu de temps (1989).
LE MONDE
FAUT-IL ÉQUIPER LE GLACIER DE CHAVIÈRE ? La Vanoise en alerte •
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 21 Mai 1989
LE parc de la Vanoise est à nouveau placé en état d'alerte. Georges Cumin (div. dr.), le maire de la commune de Saint-Martin-de-Belleville (Savoie), qui borde le " grand jardin des Français ", s'apprête à défendre le 14 juin devant la commission des unités touristiques nouvelles pour les Alpes du Nord siégeant à Lyon un projet d'aménagement à l'intérieur des limites du parc. Celles-ci sont demeurées, à quelques exceptions près, inviolées depuis sa création le 6 juillet 1963.
Le maire, qui possède sur le territoire de sa commune deux " villes " d'altitude, les Menuires _ 22 000 lits _ et Val-Thorens _ 15 000 lits, _ observe avec inquiétude la façon dont inexorablement semble se rétrécir l'unique glacier voué l'été dans sa commune à la pratique du ski.
La très forte fréquentation du glacier du Péclet et l'usure qu'elle entraine, associée à des conditions météorologiques peu favorables à son alimentation naturelle, ont conduit les responsables de la commune de Saint-Martin-de-Belleville à tourner leur regard vers l'une des étendues éternellement blanches situées à proximité de la vallée, le glacier de Chavière, dont l'altitude moyenne est de 3 100 mètres.
En juin 1971, à l'issue d'une rude bataille opposant les protecteurs du parc aux aménageurs de la montagne qui souhaitaient édifier une station dans la zone centrale de la Vanoise, le maire de Saint-Martin-de-Belleville, alors président du conseil général de la Savoie, Joseph Fontanet, avait obtenu du conseil d'administration du parc comme " dédommagement " aux renonciations à construire le village d'altitude de Val-Chavière l'autorisation d'entreprendre " l'équipement modéré en remontées du glacier ".
Cette intrusion mécanisée à l'intérieur d'un parc national n'était pas à l'époque une " première ". Une entorse du même ordre avait été faite en 1967, cette fois au profit de la station de Tignes (Savoie), sur le glacier de la Grande-Motte et pour les mêmes raisons : la pratique du ski d'été.
L'engrenage
En possession de ces documents officiels, la commune de Saint-Martin-de-Belleville, qui n'avait jusqu'alors installé que deux appareils sur le glacier, estime être aujourd'hui en droit de procéder à un aménagement beaucoup plus intensif de cet espace (trois télésièges et deux téléskis) toujours placé sous la haute protection et la surveillance du parc. " Il est absolument vital, et c'est une question de vie ou de mort pour la saison d'été à Val-Thorens, de pouvoir offrir du ski sur le glacier de Chavière, plus vaste, plus facile, aux pentes plus douces et à l'enneigement plus régulier qu'ailleurs ", affirme Georges Cumin. Fort de l'appui de l'association des communes du parc national de la Vanoise, de sa zone périphérique _ vingt-cinq maires sur vingt-six _ qui exigent à propos de l'aménagement de Chavière " le respect de la parole donnée ", le maire de Saint-Martin-de-Belleville se déclare prêt à " trancher au plus vite le noeud gordien " et à " épuiser s'il le faut toutes les ressources judiciaires ".
Les protecteurs de l'environnement alpin et les défenseurs des parcs nationaux ont manifesté, le 24 avril, à l'appel de l'association Mountain Wilderness, sur le glacier pour dénoncer l'" agression " que voudraient y perpétrer les aménageurs forcenés des cimes. Leur propos fut relayé quelques jours plus tard par le secrétaire d'Etat à l'environnement, Brice Lalonde, qui s'est prononcé contre le projet de Chavière. " Qu'on ne compte pas sur moi pour tricher avec la loi ", a-t-il déclaré lors d'une visite en Savoie.
Dix-huit ans après la " bataille de la Vanoise ", l'affaire du glacier de Chavière s'est hissée au niveau d'un symbole pour les protecteurs des parcs. Beaucoup redoutent que l'équipement supplémentaire effectué sur ce glacier ne donne le signal d'autres initiatives. " Il y a de nombreuses communes dans la zone périphérique du parc qui attendent pour réclamer la même chose. Nous redoutons l'engrenage ", explique François Labande, secrétaire général de Mountain Wilderness. Paradoxalement, la préparation des Jeux olympiques de 1992, qui génère en ce moment un développement immobilier et une infrastructure routière sans précédent dans la vallée olympique, devrait servir de frein aux initiatives des communes de montagne savoyardes.
L'image des Jeux ne sortirait pas grandie si la célèbre manifestation sportive contribuait à dégrader l'un des plus prestigieux parcs nationaux européens. La Vanoise restée intacte permettrait aussi de faire " oublier " que sa zone périphérique a été irrémédiablement bouleversée par l'explosion immobilière survenue au cours des vingt-cinq dernières années et par ses innombrables excroissances mécaniques que sont les téléskis, télécabines et téléphériques.
inscrit le 03/12/01
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